PlayDate, c’est cette drôle de petite machine à la fois rétro et complètement originale qui nous avait tapé dans l’œil lors de son annonce, pour sa proposition totalement alternative, mais aussi son design impeccable. Un travail quasiment artisanal qui a mené à une production très limitée en nombre de machines : seules deux séries de 10 000 unités seront produites pour l’année 2022.
Pas de privilège parfois réservé à la presse ici, nous avons dû nous bagarrer avec la touche F5 comme tout le monde pour réussir à précommander notre PlayDate, le 29 juillet 2021. De justesse, nous avons réussi à sécuriser la 15 888e machine sur 20 000. Plus d’un an après, la petite console est enfin entre nos mains depuis une semaine. L’attente en valait-elle la chandelle manivelle ?
(Test de la console PlayDate réalisée via une version commerciale de la machine)
Qu’est-ce qui est jaune et qu’on attend ?
La PlayDate, c’est donc cette petite machine jaune à la fois très moderne (on y importe ses jeux en WiFi, chacun est invité à développer ses propres homebrews, une solution de streaming est fournie avec la console…), complètement rétro (écran noir et blanc en 400 x 240, une croix directionnelle et deux boutons, pas de stick analogique, ni de gachette…), et follement originale, puisqu’elle inclut une manivelle !
Drôle de commande qui se veut aussi moteur de créativité : les développeurs qui prendront en compte ce contrôleur inédit pourront arriver avec des idées nouvelles pour leurs jeux.
C’est Panic, le studio derrière FireWatch et Untitled Goose Game, qui est à l’origine de la console, avec l’idée de livrer des jeux comme autant de surprises et de découvertes. D’où aussi le nom de la machine : PlayDate, c’est un rendez-vous (Date) avec le jeu (Play). D’ailleurs, ne devrait-on pas dire LE PlayDate, « rendez-vous » étant masculin (un combat probablement perdu d’avance, certains continuant à parler de LA GameBoy et de LA GameCube malgré l’évidence du masculin de « Boy » et de « Cube »…) ?
Moi Jeu
Dans cet esprit, la « Saison 1 » des jeux PlayDate est comprise avec l’achat de la machine, et est livrée de façon hebdomadaire : deux jeux téléchargeables chaque semaine. Votre saison 1 démarre quand vous activez la console pour la première fois, et dure 12 semaines, soit 24 jeux téléchargeables.
« Certains sont courts, certains sont longs. Est-ce que vous allez tous les aimer ? Probablement pas. Est-ce que vous allez vous amuser à les essayer ? Absolument. » – Panic, sur le site Play.Date
À côté des sorties « officielles » de la saison 1, Panic a rendu disponibles gratuitement deux outils de développement : le PlayDate SDK, pour coder des jeux, qui s’adresse aux développeurs ayant déjà des notions, ainsi que Pulp, un soft de développement de jeux pour PlayDate accessible à tous, qui s’utilise simplement online via un navigateur internet. En résultent déjà pas mal de « homebrews » (des jeux bricolés à la maison), souvent d’excellente qualité, vendus entre 1 et 10$ sur itch.io
Simple crush ou relation sur le long terme ?
La machine attise la curiosité, est extrêmement séduisante, et conserve cette magie lorsqu’on la prend en main la première fois. La démo lors du démarrage confirme tout le bien qu’on pense de la console avant son déballage : c’est rigolo, c’est mignon, c’est original.
Reste à découvrir si elle finira dans le fond d’un tiroir aux côtés du Game & Watch Zelda (allez, qui y joue vraiment ?), ou si elle nous accompagnera un peu plus longtemps, comme une « vraie » console. Après une petite semaine d’utilisation, on s’imagine bien la garder comme compagnon « casual ».
Idéale pour jouer dans les transports, en regardant un truc d’un œil (une émission de télé, une vidéo YouTube…) ou en écoutant un podcast, elle démarre immédiatement, les jeux qu’on a pu tester sont compatibles avec des sessions très courtes, et son magnifique écran, bien qu’il ne soit pas rétro-éclairé, reste lisible dans une large variété de conditions.
On a pu jouer aux deux premiers jeux de la saison, soit Whitewater Wipeout, un jeu de surf dans la plus pure tradition de l’arcade (ou du CPC 464, on pensera à California Games), assez punitif, où l’objectif se limite au scoring, et qui tire pleinement profit de la manivelle : c’est le seul mode de contrôle.
Et Casual Birder, un RPG pleinement rétro, plein de références (l’oie ci-dessus, c’était dans Casual Birder !), qui devrait parler aux fans d’un certain Mother (Earthbound). On y joue un photographe amateur venu participer à un concours de photos ornithologiques. On partira alors à la recherche d’un oiseau légendaire, on luttera contre un gang de « birders » (des photographes concurrents) particulièrement inamical, et on aidera son prochain au gré des rencontres. Là encore, la manivelle est bien exploitée, permettant de faire le point lors des prises de vue. Le jeu est très bon, bien écrit, et dure environ trois heures.
Nous avons également téléchargé deux jeux indés, un indispensable solitaire, Smolitaire, qui contient plusieurs jeux de cartes, et Skwish, puzzle game cousin de Sokoban vraiment sympa, qui est aussi le titre sur lequel on aura passé le plus de temps ! Quatre titres qui montrent les capacités de la console, qui se révèle ainsi capable de transformer des expériences diverses et solides en « vrais » jeux vidéo.
En conclusion, on a trouvé dans le carton de notre PlayDate exactement ce qu’on attendait : une machine mignonne et originale, un gadget qu’on est heureux de posséder. Les premiers jours en compagnie de la console se sont montrés pleinement satisfaisants dans le cadre d’un usage casual. La valeur de la machine sur le long terme dépendra maintenant de l’intérêt des titres à venir, et du dynamisme de la scène indé.
Reste que le prix – s’il est sûrement entièrement justifié – est peut-être un peu prohibitif, surtout avec les frais d’envoi et de douane (un peu plus de 70$ au total !), qui font monter la facture à 250$, soit bien plus cher qu’une Switch Lite. Une sorte de gadget low-tech de luxe… Si vous pensez néanmoins que quand on aime, on ne compte pas, les commandes sont toujours ouvertes à cette adresse pour une livraison en 2023.