Depuis quelques jours, le jeu à succès Genshin Impact traverse une tempête de taille. À l’origine de cette actualité, une vague de mécontentement de joueurs indignés des récompenses de son premier anniversaire, mais surtout de son système payant (gacha) jugé abusif sur bien des aspects. Ainsi, en plus d’une pluie de mauvais commentaires sur les réseaux sociaux, les joueurs ont mené une campagne dite de review bombing, sorte de croisade dont le but premier est de faire passer un message à l’éditeur ou développeur. Mais que cache exactement cet anglicisme ?
Le review bombing est une pratique de plus en plus courante et cristallise le mécontentement des joueurs. Concrètement, c’est quand toute une communauté s’organise pour noter de manière négative un jeu sur les sites de référence (Steam, Metacritic, IMDb, ou encore Amazon). Cette vague de mauvaises notes va ainsi ternir l’image globale du titre, ce qui risque, à terme, de décourager d’autres utilisateurs d’y jouer. Car au-delà des chiffres, le review bombing est surtout un bad buzz conséquent, qui a de fortes chances d’influencer les résultats financiers de la société responsable. Il peut ainsi devenir un moyen de pression considérable, obligeant certains responsables à revenir sur leurs décisions stratégiques.
Spore est reconnu comme le premier cas officiel de review bombing causé principalement par le (désastreux) système de droits numériques d’EA. Celle-ci s’est organisée sur Amazon, mais l’émergence de site agrégateur a amplifié le phénomène. On en dénombre ainsi un nombre croissant sur ces dernières années. On vous présente d’ailleurs une petite sélection qui en dit long :
- The Elders Scroll V: Skyrim – L’ajout des mods payants par Valve en 2015 a provoqué la colère des joueurs, obligeant l’éditeur américain à revenir sur la gratuité de cette fonctionnalité.
- Grand Theft Auto V – Similaire à l’affaire Skyrim, GTA V a connu la tempête quand son éditeur Take Two a essayé de monétiser les mods.
- Nier Automata – Le jeu s’est pris le courroux des joueurs chinois à cause de l’absence de traduction dans leur langue.
- The Last of Us Part II – Très médiatisé, le review bombing de The Last of Us Part II est devenu l’exemple parfait de la mauvaise foi des joueurs. En effet, le titre de Naughty Dog, pourtant acclamé par toute la critique spécialisée, s’est vu diminué par toute une communauté pointant du doigt le twist du début de jeu (que nous ne dévoilerons pas pour des raisons évidentes). Pire encore, certains joueurs dénonçaient le parti pris du studio quant aux minorités avec notamment l’orientation sexuelle de l’héroïne principale. Déplorable comportement.
Bien sûr, nous ne sommes pas là pour juger de la justesse de telle ou telle campagne, mais certains cas laissent assez perplexe quant à leur pertinence et intérêt. Toujours est-il que nous ne sommes qu’au balbutiement d’un effet de meute 2.0 avec ses avantages (correction d’injustice et d’abus de la part des professionnels) et ses inconvénients (mauvaise foi et diktat des joueurs). Il faut donc s’en remettre à la bien-pensance de la communauté. Autant dire que nous sommes très inquiets pour la suite…
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Le review bombing existe oui, mais son antagoniste aussi. Alors je ne sais pas comment il se nomme, mais il est prouvé que la toxicité positive existe. Bien que le genre humain a du mal a reconnaître que quelque chose de positif puisse lui nuire et là se trouve tout l’art du sophisme. On a tendance à cracher sur tout ce qui est dit « Toxique » en oubliant que son penchant positif existe. En vérité je dirais que tous les extrêmes sont mauvais, qu’ils soient positifs ou négatifs. Le mieux est le mal du bien comme citation exemplaire. Ainsi si le review bombing existe, le fait de porter à nu et ce de manière massive un jeu est tout aussi trompeur et inadéquate.
C’est juste, et c’est ce que dit Socrate, le prince des sophistes, dans le Criton sur le danger de suivre les passions de la foule (le gymnaste doit-il suivre les conseils de ses pairs ou de la multitude ?), et d’ailleurs beaucoup de youtubers/influenceurs s’en jouent car le principe de leur média est justement l’impact émotionnel et visuel, mais l’essentiel est d’être en mesure de comprendre précisément que des causes déterminées nourrissent nos émotions, et, in fine, forment nos décisions ; et alors de décider en connaissance de cause ce qui est bien pour soi/en soi. Ceci étant dit, le review bombing doit se voir comme un mouvement de foule virtuel qui culmine rapidement puis se dissipe, comme le feraient IRL des gens guidés par leurs passions, et dont les raisons déterminant la formation de ce mouvement collectif sont parfois légitimes, lequel forme alors une alerte bienvenue (quand il s’agit de jeux abandonnés ou rongés par l’avarice du studio, comme TW:Three Kingdoms ou Bloodbowl) ou bien parfois militantes et à la légitimité controversée, comme les réactions sexistes à certains jeux (TLOU, Rome II etc). Quoi qu’il en soit, c’est à chacun d’essayer d’identifier la chaîne de causalité(s) et le dessein des acteurs derrière ces avis et de prendre souverainement une décision quant à savoir s’il ou elle se reconnaît derrière les causes spécifiques qui ont mené au review bombing/praising.
Et il ne vous vient pas à l’idée que les gens n’en peuvent plus de ce progressisme entré au forceps dans leurs émissions de tv, leurs films, séries… et maintenant leurs jeux ! Les minorités en questions ne représentent, comme leur nom l’indique, qu’une petite fraction de la population, et la majorité est sommée, au nom du bien et bon, de s’effacer et avec le sourire s’il vous plait… Non, ce monde marche sur la tête.
Votre commentaire tape un peu à côté. Où Genshin Impact ou GTA V sont-ils trop progressistes ? Ou même progressistes tout court, d’ailleurs ?
Quant à TLOU Part II, qui semble être la cible de votre courroux, le souci pointé ici est que le jeux est jugé « mauvais » non pas du fait de ses qualités intrinsèques, mais parce qu’une petite fraction de la population s’organise pour en dire du mal, du simple fait que le discours de l’œuvre ne correspond pas à leur propres idées ( et la majorité qui apprécie le jeu est sommée, au nom du bien et bon, de s’effacer et avec le sourire s’il vous plait). C’est un détournement des outils critiques à vue politique, de la manipulation, teintée d’un poil de terrorisme : on dit aux studios « attention, si vous ne rentrez pas dans le rang avec un discours plus réactionnaire, nous avons le pouvoir de flinguer votre Metacritic… ».