La ruée vers le dernier appareil hi-tech en date, ça commence à être un marronnier. Comprendre, un sujet bateau pour les journalistes, qui revient régulièrement et de façon identique (la rentrée scolaire, le plus jeune bachelier de France, les bouchons sur la route des vacances, etc.). Cette année, la pandémie nous a empêché d’avoir des images de pigeons clients pressés contre les rideaux de fer, attendant impatiemment l’ouverture des magasins pour se procurer leur Précieux. Cependant, on a eu de jolies files d’attente sur les sites marchands, quand ceux-ci n’étaient pas purement et simplement tombés sous la masse de tentatives de connexion de joueurs tentant de se procurer une PS5.
Véritable impossibilité industrielle de produire assez pour satisfaire la demande, ou coup marketing bien orchestré (ça fait quand même un long moment qu’on nous prépare psychologiquement à cette pénurie…), on ne le saura sans doute vraiment jamais. Par contre, on peut peut-être consoler – sans jeu de mots – ceux qui ont lutté avec leur touche F5 pendant les dernières 48 heures en espérant tomber sur un restock. En effet, on en est à sincèrement se demander si cette génération, dans l’état actuel des choses, vaut vraiment le coup.
Pas de PS5 ? Et qu’est-ce qu’on rate ? Rien. Toutes les sorties notables sont sur PC et PS4… Et c’est valable également pour les Xbox Series, hein ! Revenons un peu en arrière. Quand les kids des années 80 (présent !) passèrent de l’Atari 2600 à la SEGA Master System ou à la NES, l’évolution graphique et sonore était franche. On passait de rectangles que seule l’imagination pouvait interpréter comme étant des personnages ou des véhicules, accompagnés de « blip-blop » sommaires, à de « vrais » graphismes animés et colorés, rythmés par de véritables B.O. multipistes.
Basketball sur Atari 2600 – Nightmare Basketball sur SEGA Master System. La claque !
Même chose quand on est passé de la génération 8 bits aux machines 16 bits (SNES et Mega Drive, essentiellement). Finesse des graphismes et des effets visuels (fausse 3D, parallaxe ou scrolling différencié, comme on disait à l’époque), qualité de l’audio… Encore une fois, on passait du tout au tout. Et que dire du passage à l’ère 32 bits (première PlayStation, Saturn, N64, Atari Jaguar…) qui apportait le jeu en polygones et la 3D !
La génération suivante nous a donné le deuxième stick analogique et la possibilité de contrôler la caméra. Une fonctionnalité synonyme de liberté de mouvements dont on ne saurait plus se passer aujourd’hui. Puis avec les PS3 et Xbox 360, c’est à nouveau un gap graphique qui est franchi, de l’ordre de celui du passage de 8 à 16 bits, avec l’arrivée de la HD (et des remakes du même nom). Enfin, la 8ème génération, celle que nous sommes sur le point de progressivement abandonner, amenait la généralisation du jeu en ligne (et la lente, mais inévitable dématérialisation du jeu vidéo).
Une autre nouveauté que nous a amené cette 8ème génération, c’est l’upgrade à mi-parcours : PS4 Pro ou Xbox One X, offrant d’ajouter la 4K à nos consoles en cours de route. Deux modèles de machines coexistent ainsi, faisant tourner les mêmes galettes avec plus ou moins de pixels à l’écran selon le modèle de la console. On se rapproche un peu de l’écosystème PC, avec des machines toutes différentes, qui feront tourner les mêmes jeux avec des qualités et des niveaux de détails qui s’adapteront au matériel…
La PS4 Pro n’est-elle pas déjà une PS5 Slim ?
La 4K justement, parlons-en. Dans un accès de franchise, Dino Patti, fondateur de Playdead (Limbo, Inside), déclarait qu’une telle définition ne servait à rien, si ce n’est à forcer les joueurs à renouveler leur matériel. Et en effet, le bénéfice visible du passage de 2560×1440 (2k) à 4096×2160 (4k) reste minime.
Les constructeurs eux-mêmes le reconnaissent à demi-mot, en réduisant la distance à l’écran conseillée pour les écrans 4k, histoire que, plus près de l’écran, vous aperceviez la différence. Parce qu’en restant à distance « normale », le gain est imperceptible. Et on ne parle même pas de l’énergie supplémentaire réclamée pour faire tourner la 4k, alors que l’air du temps est plutôt à la réduction du bilan carbone.
À part généraliser une 4k inutile, donc, quel changement nous livrent donc ces nouvelles machines, PS5 et Xbox Series, qui ont déjà réussi à casser l’internet ? Une manette aux vibrations HD, déjà promises sur Switch, et quasiment instantanément oubliées ? Un Quick Resume pratique et impressionnant, mais loin d’être « game changer » ? Ce sont là les nouveautés qui vont tenir toute la génération ?
Alors qu’on s’émerveillait de découvrir la 3D folle de WipeOut en passant de la Mega Drive à la PlayStation, cette nouvelle génération nous oblige à aller lire des benchmarks mentionnant le nombre d’opérations par seconde de la PS5, ou à regarder la Xbox Series X filmée à la caméra thermique pour se rendre compte (ou pas) de ses performances. On en est là, vraiment ?
Devant l’impossibilité de réellement nous enchanter, le dernier ressort des fabricants pour susciter l’envie, c’est le marketing. D’où peut-être l’impossibilité d’obtenir une console lors de son lancement. C’est bien connu : tout ce qui est rare est précieux, et donc désirable… Ce n’est pas parce que vous vouliez la console que vous êtes déçu de ne pas l’avoir eue. C’est parce que vous ne l’avez pas eue que vous la voulez !
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Team NG+