On s’est un peu habitué aux punchlines du boss de la branche jeu vidéo de Microsoft. Tout le monde était resté un peu interloqué quand il avait déclaré, il y a déjà trois ans, qu’il ne se préoccupait pas tant que ça du nombre de consoles vendues. Nous n’en avions pas encore conscience, mais il avait déjà le Game Pass en tête. Aujourd’hui, alors que les derniers bilans montrent la chute des ventes de Xbox, et que la sortie de Redfall ne se passe pas exactement comme prévu, Phil Spencer tente de rassurer les joueurs de l’équipe verte, et peut-être aussi un peu lui-même…
« Nous ne sommes pas dans ce business pour vendre plus de consoles que Sony ou Nintendo. Il n’y a pas vraiment de solution idéale ou de victoire pour nous », a ainsi déclaré Spencer au podcast Kinda Funny Xcast, repris par GamesIndustry. Pour Spencer, sur le terrain de qui en vendra le plus, la guerre est déjà finie, et il l’a perdue – si toutefois Xbox n’a jamais tenté de concourir.
« Nous avons perdu au pire moment en perdant avec la génération Xbox One, alors que chacun se construisait sa bibliothèque numérique de jeux. Cette idée que si nous nous concentrons plus sur le fait de faire de très bons jeux pour nos consoles, alors, nous finirions par gagner la course des consoles, je ne crois pas que cela corresponde à la réalité de la plupart des joueurs. C’est la première génération de machines où les gros jeux sont des titres qui étaient déjà disponibles sur la génération précédente, si l’on pense à Fortnite, Roblox et Minecraft. Je vois beaucoup d’experts qui voudraient retourner en arrière, quand on avait des cartouches et des disques, et que chaque génération repartait de zéro et qu’on pouvait basculer d’une console à l’autre. Ce n’est plus le monde dans lequel nous sommes aujourd’hui. Il n’y a pas de monde parallèle où Starfield serait noté 11/10, et qui ferait que les gens revendraient leur PS5. Ça n’arrivera pas. » – Phil Spencer au podcast Kinda Funny Xcast, cité par GamesIndustry.biz et traduit par la rédaction.
Un point de vue intéressant, qui prétend donc que nos acquisitions numériques nous enferment dans un écosystème. C’est évidemment en grande partie vrai. Cependant, si je possède une PS4 avec toute une collection de jeux dématérialisés, passer sur Xbox Series pour la génération suivante n’effacera pas tous ces jeux de ma PS4… La librairie n’explique donc pas tout. D’autant que deux des jeux cités par Phil Spencer sont publiés par des éditeurs tiers, et qu’il est tout à fait possible de basculer d’un constructeur à l’autre en récupérant tout son contenu sur la nouvelle machine.
Néanmoins, ce qu’il faut aussi comprendre – et c’est peut-être en même temps un message envoyé aux investisseurs – c’est que pour le constructeur américain, la période trouble que semble traverser Xbox ne serait « pas si grave », une sorte de phénomène naturel sur le chemin qu’emprunte la compagnie, et que, finalement, ce serait nous qui ne regarderions pas les bons indicateurs. Et il est vrai que Spencer n’a de cesse d’essayer de convaincre qu’il ne fait pas (plus) exactement le même métier que Sony et Nintendo ; quand les deux leaders sont concentrés sur les ventes de machines et de jeux, Xbox essaie lui de vendre du service : des abonnements et du cloud gaming. Autrement dit, Sony et Nintendo seraient le cinéma, quand Xbox serait Netflix…
Pas d’explications alambiquées par contre pour expliquer la sortie compliquée de Redfall. Mais Phil Spencer a l’élégance de prendre sur lui ce qui est déjà un échec, sans accabler les équipes d’Arkane. Il fustige ainsi la communication autour du jeu, pas assez transparente, notamment sur l’affaire des versions consoles bloquées à 30fps. Il prend aussi la responsabilité de ne pas avoir assez accompagné Arkane, pour aider les équipes à « comprendre ce que cela signifie d’être un studio Xbox first-party, et à utiliser les ressources internes [de Microsoft] ».
Une chose est certaine : quel que soit le terrain qu’Xbox cherche à conquérir – vente de consoles, implantation du Game Pass ou du cloud gaming… –, cela ne se fera pas sans titres solides. Et même si personne ne revendra effectivement sa PS5 pour jouer à Starfield, le jeu a plutôt intérêt à être bon, voire très bon…
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