« Un lore aussi riche », c’est un article sponsorisé, se dira le lecteur. Ou tout du moins celui qui ne joue pas à Fortnite. Car oui, derrière ses airs de Battle Royale pour cours de récréation, Fortnite s’est créé un véritable lore, qui devient même meilleur avec le temps, comme l’a encore prouvé la fin du chapitre 2 et le début du chapitre 3. À l’origine, il y a un jeu du type tower defense, qui peinait à décoller. Epic Games décide alors d’y implanter un mode free-to-play qui devait permettre d’attirer les joueurs, pour les convaincre ensuite d’acheter le jeu complet connu depuis sous le titre de « Sauver le monde ». Sauf que rien ne s’est passé comme prévu.
La version gratuite est un mode de jeu très largement inspiré du succès de l’époque, PUBG, plus ou moins l’inventeur du jeu de type Battle Royale. Et ce mode de jeu intéressera infiniment plus les joueurs que le mode original (qui plus est payant). Epic prend acte de cette réalité des faits, et réorganise son jeu. Un mois après la sortie du mode Battle Royale, les Casiers ouvrent, les micro-transactions (pas toujours micro, d’ailleurs) se mettent en place, la machine Fortnite telle qu’on la connaît aujourd’hui est lancée.
Le succès est foudroyant, Epic ne sait plus quoi faire de son argent, mais s’assure d’une chose : de garder l’intérêt des joueurs pour le jeu. C’est pour ce faire qu’une véritable mythologie s’installe dans Fortnite, qui, jusqu’alors, ne possédait aucun scénario. Des mises à jour successives viennent modifier un peu la carte, de façon à alimenter la curiosité des joueurs, et l’apparition de certains éléments graphiques feront le bonheur des réseaux sociaux. D’abord, une mystérieuse comète dans la Saison 3, puis Le Visiteur dans la Saison 4, Kevin le Cube…
Les joueurs s’en donnent alors à cœur joie pour élaborer toutes sortes de théories autour de ces nouveaux éléments. C’est d’ailleurs un subreddit qui baptisa le Cube « Kévin » ! Les plus anciens se retrouvent alors un peu à l’époque de Lost, la série télé, que l’on suivait autant à la télé que sur les forums (c’était avant l’avènement des réseaux sociaux), où naissaient les théories les plus folles comme les plus solides.
Quoi de plus naturel, comme comparaison, quand on y réfléchit ? Après tout, Lost, comme Fortnite, se passe sur une île mystérieuse, située au milieu de nulle part. On apprendra d’ailleurs rapidement que comme dans Lost, l’île de Fortnite possède son lot de trappes secrètes et de complexes souterrains, et qu’elle aussi se joue du temps. Et comme dans Lost, on imagine très bien que le scénario est écrit au fur et à mesure, sans avoir d’idée très arrêtée sur là où l’on va ! D’ailleurs, le jeu n’a absolument pas été conçu autour d’un scénario.
La saison 10 fut un point culminant dans la mythologie du jeu, et l’occasion d’un nouveau coup de génie d’Epic Games. « La fin de Fortnite » – c’était le titre de l’event – fut un événement marquant dans la méta du Battle Royale. Toute la carte fut avalée par un trou noir, et le jeu est resté inaccessible pendant des dizaines d’heures… pour revenir avec une nouvelle carte, et de nouvelles ambitions.
Le Chapitre 2 ouvrit en effet le bal ininterrompu des collaborations. D’abord avec les héros Marvel, qui sont venus s’inviter dans le Battle Royale, puis c’était Aquaman, ce qui permit de manière assez exceptionnelle de croiser des personnages DC et Marvel au même endroit, avant que Kratos (God of War) ou le Master Chief (Halo) ne les rejoignent aux côtés du Mandalorien… Continuant à construire ses arcs scénaristiques, Fortnite nous a aussi donné à voir un aperçu de ce qu’on appelle en ce moment le Métavers.
S’il accueille aujourd’hui toute la pop culture, des super-héros légendaires (Batman, Superman, bientôt Spider-Man…) aux idoles de la pop musique (Travis Scott, Ariana Grande ou les chorégraphies de Doja Cat) en passant par les stars de la FIFA (Neymar Jr.) et les personnages mythiques du jeu vidéo (Lara Croft, Ryu et Chun Li…), Fortnite a surtout construit un lore à part entière, complexe et passionnant, mettant en scène ses propres personnages (Midas, l’Agent Jones…) et sa propre mythologie avec, à l’origine de cette dernière, l’Institut Onirique, ou IO, qui a coincé les joueurs dans une boucle temporelle, les condamnant à revivre leur combat seuls contre tous encore et encore (car oui, même le concept de Battle Royale commence à avoir une explication).
La saison 3 a débuté très fort en révélant aux joueurs que le mystérieux personnage connu sous le nom de La Fondation était interprété par Dwayne « The Rock » Johnson (excusez du peu !), et que ce dernier, après avoir littéralement retourné l’île (comme celle de Lost avait pu voyager dans le temps à la fin de la saison 4), va chercher à mettre fin à la boucle temporelle qui emprisonne les joueurs et les personnages. On imagine aisément qu’il échouera – le jeu doit continuer ! – mais on se demande comment les scénaristes vont réussir à s’opposer à The Rock, et surtout, qui ils vont lui opposer !
En attendant, on ne peut être qu’admiratif devant la façon dont les auteurs ont fait d’un mode gadget pour un jeu aux ambitions réduites le plus grand jeu vidéo du monde (ou presque), fort d’une véritable mythologie qui s’est installée avec le temps. Et pour rattraper votre retard quant au lore de Fortnite, et comprendre un peu mieux de quoi il retourne (à part l’île… !), nous pouvons vous conseiller la bande dessinée Batman X Fortnite, qui est une excellente introduction au scénario du Battle Royale.
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