En 2020, la société britannique Blaze Entertainment fait le pari de lancer Evercade, une console portable dédiée au rétro qui, contrairement aux modèles qui inondent déjà le marché, ne se repose pas sur le principe légalement très limite de l’émulation, mais sur une gamme de cartouches éditorialisées, des compilations dédiées à des studios, des éditeurs ou des licences.
Le format plait suffisamment pour que deux ans plus tard, la console connaissent une déclinaison format console de salon, toujours compatible avec les même cartouches, dont la gamme s’agrandit. Aujourd’hui, on compte pas moins de quatre déclinaisons de la console Evercade, auxquelles s’ajoute la petite dernière, la Super Pocket, et 75 cartouches ont été publiées pour un total de plus de 600 jeux !
(Test de la Super Pocket via une console en version Date East mise à disposition par l’éditeur)
La console vraiment portable
Avec la Super Pocket, Blaze Entertainment veut proposer une version super accessible de son système Evercade. Accessible par le prix, d’abord, puisque la console est vendue moins de 60€ avec une collection de jeux intégrée quand l’Evercade EXP-R est affichée nue à 120€. Accessible aussi dans toutes les occasions avec un format qui permet de l’emmener partout et de la sortir sous n’importe quel prétexte (transports en commun, salle d’attente, pause pipi…).
La console reprend ainsi les codes du Game Boy, avec un format proche du Game Boy Color. La Super Pocket mesure 12,5cm de haut pour 7,8cm de large et 2,5cm d’épaisseur quand le Game Boy Color mesure lui 13,3cm de haut pour 7,5cm de large, et 2,5cm d’épaisseur. Les formats sont donc très proches. Cependant, la Super Pocket marque la différence avec son écran de 2,8” (7,1 cm) quand le Game Boy Color ne proposait qu’un écran de 2,3” (5,8cm).
Les différences ne s’arrêtent pas là, puisque la Super Pocket dispose également de 4 boutons en façade (A,B, X, Y) et de 4 boutons façon « palettes » au dos pour assumer le rôles des habituelles gâchettes R1, R2, L1 et L2. La console ne dispose évidemment pas de bloc de piles (enfin, pas si évident que ça diront les possesseurs de manettes Xbox…) mais d’une batterie rechargeable via USB-C (le connecteur est intelligemment placé sur le bas de la console) qui promet 4h de jeu, une promesse que notre test peut révéler comme tenue !
Le fond et la forme
Le packaging est au service minimum, avec un morceau de carton découpé approximativement en guise de protection aux chocs, et fera lever un sourcil au joueur qui déballera pour la première fois la petite console. Cependant, une fois la machine en main, on peut être rassuré : les plastiques donnent une impression de densité et de solidité qui va de paire avec la fonction nomade de la console.
Le design dépendra du modèle choisi. La console est déclinée en 6 couleurs, qui correspondent aux 6 éditeurs auxquels les compilations intégrées aux consoles sont dédiées. Nous avons testé l’édition Data East, incluant des jeux comme le classique Joe & Mac, mais aussi de véritables antiquités du média comme Burnin Rubber ou Burger Time, datant tout deux de 1982. C’est aussi l’un des grands intérêts des mini-consoles et mini-bornes d’arcades qui sortent depuis quelques années : conserver des monuments du jeu vidéo dans des formats prêts à jouer, indépendants des futures évolutions logicielles et matérielles.
Il faut noter que certaines collections de jeux ne sont disponibles que via les Super Pocket, et ne sont pas proposées en cartouche, comme c’est le cas pour la compilation Capcom.
Notre console affiche un coloris bleu et orange qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais qui affirme son côté rétro et pop. Le modèle le plus élégant est probablement celui dédié à la Neo-Geo, noir et doré, rappelant que cette console en particulier, à son époque, était un équipement de luxe. On aime aussi beaucoup le bleu et blanc de l’édition Technos (Double Dragon…), et les couleurs totem de Capcom (qui rappelleront peut-être plus à certains un distributeur de meubles en kits…).
On note enfin que la cartouche présente n’est qu’un cache en plastique, les jeux étant préinstallés dans la console. Le port cartouche n’est néanmoins pas là pour la décoration : la Super Pocket est bien entendu compatible avec l’ensemble de la ludothèque Evercade.
Casual gaming
En jeu, c’est quand même là le plus important, la machine démarre rapidement, l’écran est brillant, coloré, et rend justice aux jeux de la génération 16 bits dont les sprites sont souvent de bonne taille. Le menu est clair et reprend les illustrations d’époque pour présenter ses jeux. Deux filtres CRT (un léger, un plus marqué) peuvent être superposés à l’image pour un rendu encore plus rétro (ici, on s’en passe…). Le ratio peut aussi être modifié pour, au choix, coller à l’échelle d’origine du titre ou jouer en plein écran au prix de la déformation de l’image. La console offre enfin la possibilité de sauvegarder à la volée afin de venir -enfin !- à bout de certains jeux qui nous résistaient à l’époque !
La Super Pocket atteint toutefois certaines limites sur les jeux conçus pour des bornes d’arcade les plus anciennes, à affichage vertical. L’écran se voit affublé de deux larges bandes noires latérales, ne laissant plus à l’affichage qu’une surface réduite. Dans ces conditions, le jeu devient relativement inconfortable. C’est d’autant plus dommageable qu’un jeu comme Burger Time, présent sur la compilation Data East préinstallée sur notre modèle, se montre, comme un Pac-Man par exemple, encore assez fun aujourd’hui malgré son caractère préhistorique. Et sa présence sur la compilation pourrait aussi permettre de le faire (re)découvrir. Mais en affichage vertical sur la Super Pocket, les conditions ne sont pas idéales.
De même que le format de la machine ne se prête pas à de longues sessions de jeux. D’un autre côté, le catalogue n’est peut-être pas fait pour cela non plus. Quand on est habitué à l’ergonomie des manettes contemporaines, retrouver les sensation d’un Game Boy n’est pas de plus confortable. Si l’on a bien la console en main, les touches tombant parfaitement sous les doigts (une assertion à vérifier avec quelqu’un qui aurait de très grandes mains…), une certaine fatigue quant à la prise en main apparait après plusieurs dizaines de minutes en jeu. Certains y verront une forme d’authenticité quant à l’expérience rétro !
La console Super Pocket n’est pas exempte de défauts. Le packaging cheap peut rebuter, l’écran peut se révéler trop petit pour certains titres affichés verticalement, et la prise en main n’est pas adaptée à de longues soirées de jeu. Néanmoins, elle possède aussi son lot de qualités : un packaging certes cheap, mais écolo, un look pop, un écran appréciable pour les jeux les moins dénués graphiquement, mais aussi et surtout la riche ludothèque sous licence officielle d’Evercade ainsi qu’un prix mini comparé à ce qu’on trouve sur le marché.
C’est la console idéale pour faire découvrir le passé du jeu vidéo à des enfants (d’autant qu’elle semble suffisamment solide pour résister à un public qui ne serait pas des plus soigneux), ou pour redécouvrir soi-même certains titres inconnus ou oubliés. Sur notre édition Data East, on a ainsi pu faire la rencontre de l’étonnant jeu d’arcade Edward Randy ! C’est aussi la console parfaite pour être dégainée rapidement entre deux stations de métro…

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