Des visuels rétro intrigants, une inspiration tout droit venue des séries Z des années 50 (It Came From the Desert…), une D.A. quasi monochrome tout en gros pixels, et une créature issue d’une légende urbaine très populaire à la fin des années 60 : Mothmen 1966 s’inscrit clairement comme un titre ultra-référencé.
Mais a-t-il autre chose à proposer qu’un joli emballage et de sympathiques promesses ?
(Test de Mothmen 1966 réalisée sur PC via une copie commerciale du jeu)
Pulp fiction
Dans les années 50, aux États-Unis, on publiait des BD racontant des histoires d’horreur courtes, un peu l’équivalent comic-book des revues comme Weird Tales (qui a révélé Clark Ashton Smith, H.P. Lovecraft ou Robert E. Howard). C’était la spécialité de la maison E.C. (pour Entertainment Comics), restée célèbre notamment pour ses Tales from the Crypt (mais aussi, en dehors de l’horreur, MAD, qui existe encore aujourd’hui).
C’est de ces publications que s’inspire Mothmen 1966, nous proposant une courte histoire fantastique. Le clin d’œil est appuyé, et dès l’écran de démarrage, on découvre une illustration affichant la mise en page classique d’un comic-book américain, avec le logo de l’éditeur en haut à gauche… Mothmen 1966 est d’ailleurs le premier titre d’une série en devenir qui porte le label Pixels Pulps, et reste dans cette thématique des histoires populaires du milieu du XXe siècle.
L’Écran Fantastique
Rétro, Mothmen 1966 l’est sur tous les plans. Dans ses inspirations, donc, mais aussi dans son esthétique. Avec ses gros pixels et ses huit couleurs affichées, graphiquement, le jeu lorgne du côté du ZX Spectrum (1982), et des aventures textuelles. Intéressant, le jeu affiche clairement la filiation qui existe entre les visual novels d’aujourd’hui, et les premiers jeux d’aventures graphiques des années 70 !
Mothmen 1966 est en effet un jeu narratif, où le gameplay sera, comme souvent, réduit à sa portion congrue. Quelques rares écrans proposeront un grossier jeu de stratégie. On pourra parfois choisir quelques lignes de dialogues sans conséquence sur le reste de l’aventure, mais la plupart du temps, on appuie sur Entrée pour tourner les pages.
Un mini-jeu se glisse néanmoins dans l’aventure : le « solitaire impossible », une variation du célèbre jeu de cartes intégré à Windows depuis Windows 3.0. L’occasion de réaliser à quel point le genre Solitaire est à la mode en ce moment chez les indés. Mike Bithell (Thomas Was Alone, Volume…) a publié une variation du jeu en forme de jeu d’aventure, The Solitaire Conspiracy, et le dernier jeu de Zachtronics, Last Call BBS, contient également deux jeux de ce type. Le solitaire impossible de Mothmen 1966 sera accessible en tant que mini-jeu depuis le menu principal une fois l’aventure complétée.
X-Files
De l’histoire, on ne dira presque rien, puisque c’est le cœur du jeu. Rétro elle aussi, elle se déroule dans les 60s, comme le titre l’indique. On se contentera d’évoquer le fait qu’il s’agit d’un conte fantastique dans la veine de ce qu’on pouvait lire dans les revues évoquées ci-dessus.
Très court, le jeu se boucle en une petite heure (pour le peu que vous ne passiez pas trop de temps sur le jeu de cartes), et on n’a jamais assez de jeux courts !
Un deuxième titre est teasé, avec les premières minutes jouables, et devrait arriver sous peu. On découvre qu’il s’agira d’une histoire un peu Stephen-Kingienne d’un groupe d’enfants qui découvre un vampire… Et un nouveau jeu de solitaire – déjà jouable – y sera intégré !
Réalisé par une toute petite équipe probablement passionnée de la chose fantastique, Mothmen 1966 est fidèle à ses promesses : un pixel art rétro superbe, un gameplay minimaliste mais finalement fun dans ses courtes propositions, et qui sait ne pas être répétitif, et surtout une histoire fantastique qui s’amuse des clichés et plaira particulièrement aux fans de la Quatrième Dimension ou des X-Files et de ses « monster of the week ».
Le deuxième jeu, Varney Lake, est déjà programmé pour l’automne. On imagine que ces deux titres et les éventuels suivants seront par la suite réunis dans une même compilation qui pourrait faire baisser la facture. Parce qu’à 8€ le volume, pour, en gros, une heure de jeu, on pourrait comprendre certaines réticences. Ce sera peut-être le seul vrai défaut du titre…