Meet your Maker est un véritable OVNI annoncé il y a un peu moins d’un an par le studio Behaviour Interactive, à qui l’on doit notamment Dead by Daylight. Le jeu est, tout comme son aîné, orienté vers un gameplay asymétrique, signature des créations originales du studio qui n’a cessé de croître avec le succès de Dead by Daylight (un film vient même d’être annoncé le mois dernier). On ne peut qu’être appréciateur des risques pris, qui aura su dépasser les simples réponses à des commandes de jeu pour nous proposer des œuvres à l’ambiance unique, et aux mécaniques abouties, et qui tente de développer ses idées sur différents médias.
C’est donc en août dernier, durant l’été de tous les showcases, que le studio nous a livré les premières images – inspirées – d’un jeu quelque part entre Doom, Red Steel et Mario Maker. Qu’on se le dise, Meet your Maker est bien un alien, et il possède la caractéristique essentielle du symbiote : si vous arrivez à l’accepter, il saura vous le rendre comme il se doit.
(Test de Meet your Maker sur PS5 réalisée à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Chimera Connor ?
Il ne faudra absolument pas chercher de scénario dans Meet your Maker, et c’est probablement pour le mieux. Le largage dans cet univers post-apocalyptique se limite à ce que vous pourrez voir dans les différents trailers. Dans un futur plus ou moins proche, une chimère bien étrange vous demande de piller des bases à la recherche de MatGen, un matériel génétique pour sauver l’humanité. Pendant une brève milliseconde, notre cerveau et tous nos sens nous ont intimé que rien de ce qui nous était demandé ne faisait sens, et encore moins l’entité qui nous exprimait cette demande… et puis, nous nous sommes laissés aller.
Après une brève introduction à ses mécaniques parfaitement huilées, le jeu se divisera en deux grandes parties : vous pourrez soit effecteur des raids pour piller les bases d’autres joueurs, soit prendre le temps d’en créer une vous-même et tenter de vous enrichir en provoquant la mort d’un maximum de pillards. Les revenus de ces deux types de jeu vous serviront ensuite à améliorer au choix votre personnage, ou les caractéristiques des bases (taille, ennemis, pièges) que vous pourrez construire par la suite. Et il faut admettre que dans les deux cas, l’évolution est bien dosée et appréciable.
Les bons gestes à avoir en tant que pilleur viennent rapidement : surveiller ses angles morts, accepter la vitesse de ses réflexes et savoir quand ralentir ses déplacements, toujours rester aux aguets, et surtout apprendre de sa ses morts. Car Meet your Maker est avant tout un jeu conçu pour vous éprouver, mais aussi vous satisfaire une fois l’épreuve surmontée. Les contrôles répondent parfaitement à la manette, et le jeu est nerveux juste ce qu’il faut pour vous stimuler sans vous fatiguer.
Du côté construction, le constat est similaire : les mécaniques sont bien pensées, et l’ensemble s’est avéré très fluide alors même que nous jouions à la manette et sur console (la chose doit toutefois être encore plus agréable au combo clavier-souris). Le déplacement dans l’espace pour disposer blocs, pièges et ennemis se fait instinctivement, et il ne reste plus qu’à prendre le temps nécessaire pour créer une base digne de ce nom. C’est simple, la richesse du moteur de construction est retranscrite dans la variété et l’ingéniosité des niveaux que vous parcourez, tous créés par d’autres joueurs, dont certains nous ont laissés pantois.
Mais ce n’est pas son fonctionnement irréprochable qui porte préjudice à Meet your Maker. Non, ce qui lui manque, pour le moment, c’est une variété de façons d’y jouer pour donner l’envie d’y revenir.
Symbiose aseptisée
Si nous n’avons rien à redire au rythme de progression du jeu ou à la gestion de sa difficulté, on ne peut s’empêcher de trouver qu’il manque de variété dans sa finalité pour devenir véritablement amusant. Que l’on s’entende, il y a plein de façons d’effectuer un raid, ou de penser la construction d’une base, mais l’objectif sera toujours le même pour le pilleur : obtenir le morceau de MatGen caché au fond de la base qu’il traverse.
L’originalité des joueurs masque efficacement ce défaut du jeu, tant chaque base que nous avons pu traverser était différente. Mais il aurait été tellement simple d’ajouter, par exemple, une contrainte temporelle à un niveau, ou de limiter le nombre de morts autorisées, imposant de la sorte une façon différente de concevoir ou de traverser. Ou, pourquoi pas, proposer des niveaux sans ennemis, mais sous forme de labyrinthe.
En l’état, le joueur est formaté à faire une seule chose : éviter de mourir, là où le jeu pourrait proposer tellement plus tant sa puissance de création est grande. Et nous sommes les premiers à trouver cela dommage, car Meet your Maker transpire la passion et le sens du détail dans ses mécaniques.
Il n’y a rien à retirer à Meet Your Maker : son ambiance est réussie, son originalité indéniable, et pourrait nous donner incontestablement envie d’y revenir. Dommage qu’il n’ait pas, pour le moment, la variété nécessaire pour que ce sentiment puisse durer dans le temps, et lui amener la dose de fun qui aurait su l’élever au statut de complète réussite venue d’ailleurs.
Encore une fois, Behaviour Interactive nous éblouit avec Meet your Maker en parvenant à créer tout un univers au gameplay asynchrone original, et parfaitement huilé. On ne peut qu’être admiratif de la puissance créative que le jeu procure, que ce soit dans la construction ou la traversée des bases, qui sont au cœur de l’expérience. Les mécaniques, parfaites, n’auront cependant pas su nous éviter une certaine lassitude dans l’absence de variété que le titre nous proposera dans nos objectifs.
Un bémol qui ne devrait toutefois en rien ternir le tableau général : il s’agit d’un jeu prenant, complet et réussi, dans lequel vous saurez apprécier votre progression, au milieu de toutes vos morts.