Sorti sur PSP il y a déjà quinze longues années, il était grand temps que le très apprécié Crisis Core: Final Fantasy VII revienne sur le devant de la scène. Préquel du fabuleux Final Fantasy VII, le jeu nous plaçait aux commandes de Zack, SOLDAT émérite devant se frayer un chemin entre ses rêves et la réalité du monde qui l’entoure.
Et c’est en ce mois de décembre 2022 que Crisis Core: Final Fantasy VII Reunion débarque sur à peu près toutes les machines possibles afin de nous faire visiter cette relecture de la petite histoire qui précède la grande. Graphismes retravaillés, musiques réarrangées, invocations lustrées : est-ce que tout ce travail paie ou n’est-il qu’un coup de Buster Sword dans l’eau ?
(Test de Crisis Core: Final Fantasy VII Reunion réalisée sur PS5 à l’aide d’une copie fournie par l’éditeur)
Visuellement, deux Final Fantasy différents
Parlons du point central dès maintenant : oui, le travail sur les graphismes se ressent énormément. Certes, le titre ne jouit pas de la qualité des standards de la PS5, mais on ne peut que remarquer la différence flagrante avec le jeu d’origine. Au-delà d’un simple lifting, ce sont les modèles, les décors, les textures et certaines animations qui auront été retravaillées pour offrir à Crisis Core: Final Fantasy VII Reunion une toute nouvelle apparence.
Cela nous aide à nous immerger dans cette aventure en compagnie de Zack, tout en respectant ce que nous avions connu à l’époque sur la console portable de Sony. La musique également, bien que déjà marquante à l’origine, profite de ce remaster pour nous donner le bon tempo au bon moment, les bonnes notes sur la bonne scène. Un véritable travail de passion, par des personnes désireuses de rendre son éclat au titre d’origine sans pour autant le dénaturer.
Cependant, il y a bien un couac : les cinématiques en CGI (images de synthèse) n’ont pas aussi bien résisté au poids des années, si bien que l’on se prend à trouver le jeu plus beau dans ses dialogues classiques que dans ces scènes pourtant destinées à en mettre plein les yeux. Il aurait sans doute été préférable de retravailler ces dernières afin de les rendre plus cohérentes avec le reste du titre, surtout quand on voit que certains personnages n’ont pas du tout le même chara-design entre ces cinématiques et le reste de l’aventure.
Pour le reste, c’est un véritable sans-faute, si on parle de technique pure. Le titre tourne en soixante images par seconde, sans aucune chute ni aucun ralentissement. Les séquences d’invocations, qui ont été entièrement retravaillées, sont magnifiques et laissent transparaître la puissance de Bahamut, Ifrit ou Odin, rendant les affrontements où ces créatures viennent nous prêter main-forte plus épiques que jamais.
Le chemin est tout tracé
Certes, le travail effectué sur la partie technique se fait grandement ressentir, mais le jeu écope encore des mêmes défauts que le Crisis Core d’origine, se les trimbalant comme un boulet à la cheville. Le titre est linéaire au possible, avec de très rares moments où vous pourrez réellement explorer, et certaines phases de jeu viennent casser le rythme de l’aventure.
Suivre l’histoire de Zack est un réel plaisir, mais elle aurait gagné à être moins dirigiste et, surtout, à être accompagnée de mécaniques de jeu plus claires. En somme, le titre repose sur un système appelé OCN : une roue tourne pendant les combats, affichant aléatoirement trois personnages et numéros. Si vous avez de la chance, vous obtiendrez des bonus ou pourrez utiliser une attaque spéciale ou une invocation.
Ce système, basé sur l’aléatoire (sur lequel il est quand même possible d’influer grâce aux matérias), rend le tout assez frustrant, mais ajoute au plaisir de pouvoir enfin invoquer Ifrit. De même, il faudra faire un 7-7-7 pour gagner un niveau, même s’il s’agit en réalité d’une jauge d’XP cachée qui se remplit en tuant des ennemis, pour finalement déclencher le fameux score parfait.
Pour ce qui est des combats, on reste sur le principe du jeu d’origine : différentes compétences, utilisables grâce à des sets de matérias que vous pourrez fusionner entre elles pour en créer de nouvelles ou améliorer leurs statistiques, ainsi que des accessoires modifiant vos statistiques ou vos résistances. Sur le gameplay pur, le titre brille donc moins fort, et demeure parfois assez redondant dans ces mécaniques qu’il impose au joueur.
Zack, le farmer invétéré
Une grande portion du titre sera composée de missions à accomplir. Ces dernières, affublées d’une à dix étoiles selon leur difficulté, sont plus ou moins longues et plus ou moins retorses au fur et à mesure de votre avancée dans le titre. De plus, leurs récompenses sont souvent indispensables pour vous composer un build puissant capable de venir à bout des ennemis les plus puissants du jeu.
Bien qu’elles soient souvent courtes, leur nombre conséquent aura tôt fait de calmer les ardeurs des joueurs les moins repus à l’exercice du faming. Divisées en plusieurs sections, les missions se comptent en centaines, dont certaines disposant de récompenses intéressantes ne se débloquent qu’après en avoir accompli d’autres ou plus tard dans l’aventure.
C’est, avec la linéarité, dans cet élément que l’on ressent le plus l’origine portable de Crisis Core: Final Fantasy VII Reunion. Il fallait des sessions de jeu courtes pour pouvoir justifier d’allumer sa PSP dans le train ou le bus et permettre au joueur d’avancer petit à petit dans sa quête de puissance. Cependant, cela fonctionne beaucoup moins bien manette en main, assis sur son canapé.
On se retrouve à enchaîner les missions jusqu’à ce que l’une d’entre elles nous dise STOP, soit par manque d’envie de continuer, soit par un ennemi un petit peu trop retors pour nous. Il aurait fallu mettre les mains dans ce système, quitte à fusionner quelques missions entre elles pour en allonger la durée et en réduire le nombre.
Crisis Core: Final Fantasy VII Reunion tient toujours la route, même quinze ans après. Certes, le cœur même du titre reste perfectible et certains des défauts de la version PSP n’ont pas été gommés, mais le plaisir de retrouver les aventures de Zack dans leurs plus beaux habits de pixels a de quoi réjouir.
On regrettera tout de même l’absence de nouveau contenu, et un système de missions pensé pour le jeu portable qui ne fonctionne absolument pas sur une version console de salon du titre. L’histoire reste belle à vivre, et le fait de la ressortir sous cette forme permettra sans doute à ceux ayant découvert Final Fantasy VII avec le remake d’approfondir leurs connaissances avant la sortie de sa suite.
Ce remaster – car ne n’est pas un remake – a le mérite de se placer dans le haut du panier de ce qui se fait en la matière : respectueux de l’œuvre d’origine, sans pour autant minimiser le travail apporté sur la partie technique, le titre noue de nouveaux liens avec de nouveaux joueurs sans les ménager en leur simplifiant la tâche. Le jeu reste ce qu’il était, et c’est tant mieux.