L’obligation (puis finalement non) ajoutée a posteriori d’avoir un compte PSN pour jouer à Helldivers II sur PC a remis en lumière le fait que la distribution de jeux dématérialisés est une sorte de jungle où chacun fait un peu ce qu’il veut… sauf le consommateur. Entre les titres délistés, les serveurs qui se coupent, rendant l’utilisation de certains jeux impossible, ou simplement le fait qu’on nous vende des licences d’utilisation et pas réellement des jeux (ce qui signifie que la transaction ressemble plus à de la location à durée indéterminée qu’à de la vente), quand bien même on paie le prix fort pour s’offrir un jeu vidéo, on se rend compte que ce dernier ne nous appartient jamais vraiment.
« Pas chez nous », répondra GoG, la boutique qui propose des jeux sans DRM. Ce qui est en fait une partie du problème : les conditions d’utilisation des différentes plateformes et « d’acquisition » des jeux dématérialisés ne répondent qu’à leurs règles propres, frôlant parfois l’illégalité, voire l’embrassant totalement en ce qui concerne les marchés dits « gris » de clés.
Alors, n’est-il pas temps que le législateur, au niveau national ou européen, se penche sur la question et édicte des règles claires quant aux conditions de vente de ces produits numériques ? L’association 65 Millions de Consommateurs, en France, bataille déjà pour faire reconnaître le droit de revendre ses jeux dématérialisés (enfin, ses licences d’utilisation, plutôt…). Au Royaume-Uni, une initiative baptisée Stop Killing Games a réuni plus de 23 000 signatures sur une pétition militant pour la préservation du patrimoine vidéoludique, et s’opposant à la fermeture de boutiques et de serveurs conduisant à la disparition pure et simple de jeux.
« De plus en plus de jeux sont vendus comme des produits, mais conçus de manière à devenir totalement injouables après la fin du support de l’éditeur. La légalité de cette démarche n’a jamais été tranchée, et beaucoup de gouvernements n’ont pas de lois claires sur ces pratiques. Notre but est de faire en sorte que les autorités examinent ces pratiques et, on l’espère, qu’elles y mettent fin, car il s’agit d’une atteinte aux droits des consommateurs et empêche la préservation des jeux. […] Le jeu vidéo “The Crew” édité par Ubisoft a récemment été détruit pour tous les utilisateurs, alors même qu’il avait une base d’au moins 12 millions de joueurs. En raison de l’envergure du jeu et de l’importance des lois de protection des consommateurs en France, cela représente l’une des meilleures opportunités à ce jour de tenir un éditeur pour responsable de son action. Si nous réussissons à faire pression sur Ubisoft, cela peut faire l’effet d’une vague sur l’industrie du jeu vidéo qui empêchera les éditeurs de détruire plus de jeux. » – Extrait de la profession de foi de l’initiative Stop Killing Games
Si, bonne nouvelle, la pétition est arrivée aux oreilles des plus hautes instances du Royaume-Uni, Stop Killing Games a hélas reçu une fin de non-recevoir. Le Departement of Culture, Media & Sports (DCMS) a rappelé que la loi britannique n’obligeait absolument pas les éditeurs et boutiques en ligne à garantir le fonctionnement de leurs logiciels de façon illimitée. Ce faisant, le DMCS a en vérité confirmé ce contre quoi lutte Stop Killing Games : le fait qu’il n’y ait aucune loi en la matière, et que rien n’encadre les pratiques des éditeurs et distributeurs. Il faut se rendre compte qu’on parle du premier marché de biens culturels au monde, devant la musique et le cinéma, et que ce dernier reste une jungle primitive que les gouvernements ne regardent même pas !
On sait que l’Europe a pu mettre son nez dans certaines pratiques commerciales liées au jeu vidéo pour protéger le consommateur. Ce fut le cas autour des lootboxes. Stop Killing Games espère réunir 100 000 signatures pour imposer ses questions au Parlement britannique. Et faire tache d’huile ensuite ?
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