« Les plus courtes sont les meilleures », un crédo qui n’est définitivement pas celui d’Ubisoft, si l’on considère la blague interminable que représente la sortie de son jeu de pirates, Skull & Bones. À l’origine inspiré par les scènes de batailles navales très réussies d’Assassin’s Creed Black Flag sorti il y a … dix ans, Skull & Bones a souffert d’un développement extrêmement compliqué, à tel point qu’on croyait sincèrement que le jeu ne verrait jamais le jour.
Ce fut donc une belle surprise que d’apprendre l’année dernière que finalement, le titre serait bel et bien publié en mars 2023 (même si pour être tout à fait honnête, on n’en attend plus grand-chose… ). Sauf qu’on apprend aujourd’hui que le jeu ne sortira quand même pas en mars prochain, mais plutôt « au début » de la prochaine année fiscale, qui courra d’avril 2023 à mars 2024. Le jeu sera donc peut-être décalé de quelques jours seulement, mais aussi (et c’est hélas plus probable) de plusieurs mois.
Ubisoft a en effet décidé de revoir complètement sa stratégie, et peut être aussi le modèle économique du titre. L’entreprise a été, de son propre aveu, particulièrement déçue des chiffres de ventes de Mario + Les Lapins Crétins Sparks of Hope (malgré d’excellentes critiques, y compris chez nous) ou de la valeur sûre (tout du moins jusqu’ici) Just Dance 2023. La direction d’Ubi y voit une mutation du secteur vers un marché qui se concentre sur le jeu-service, et n’entend pas se laisser dépasser.
« Nous sommes clairement déçus par nos derniers résultats. Nous faisons face à une dynamique de marché contrastée, alors que l’industrie continue de migrer vers des méga-marques et des jeux-services sans fin, dans un contexte d’affaiblissement de l’économie, ayant des effets sur les dépenses des consommateurs. Malgré d’excellentes notes, un accueil positif des joueurs et un plan marketing ambitieux, nous avons été surpris par la contre-performance de Mario + Les Lapins Crétins Sparks of Hope dans les dernières semaines de 2022, et du début 2023. Just Dance 2023 a lui aussi été décevant. Ainsi, avec l’approbation du Conseil d’Administration, nous prenons dès aujourd’hui d’importantes nouvelles décisions stratégiques et opérationnelles. Ce sera la clé pour continuer à nous adapter, à nous renforcer, et nous assurer de continuer à livrer des jeux incroyables aux joueurs tout en créant significativement de la valeur. » – Yves Guillemot, Président d’Ubisoft, cité par Video Games Chronicles et traduit par la rédaction.
Un communiqué qui semble d’abord destiné à rassurer les investisseurs alors que l’année fiscale touche doucement à sa fin, et que les résultats de la société pourraient constituer une mauvaise surprise pour ceux qui chassent les dividendes. L’action Ubisoft a d’ailleurs plongé suite à ce communiqué. On y comprend aussi qu’Ubisoft compte opérer une métamorphose en direction du jeu-service, un modèle qui lui avait déjà souri par le passé avec The Division. De là à interpréter la chose comme une transformation de Skull & Bones en jeu-service avant de le sortir, il n’y a qu’un pas que nous franchissons allègrement. Préparez-vous à rager contre les microtransactions…!
Dans le même temps, et pour les même raisons, on apprend que la compagnie a décidé d’annuler trois jeux qui étaient en développement et n’avaient pas encore été annoncés. Reste que l’année 2023-2024 sera plutôt chargée pour Ubi, avec les sorties de Skull & Bones, donc, mais aussi Avatar: Frontiers of Pandora, et Assassin’s Creed Mirage. On attend aussi le prochain The Division, sous-titré Heartland, qui sera free-to-play et satisfera donc cette nouvelles direction que souhaite prendre Yves Guillemot, tout comme les jeux mobiles The Division Resurgence et Assassin’s Creed « Jade ».
Si le jeu-service et le modèle économique du jeu mobile ont définitivement un public, celui-ci ne pourrait être l’unique proposition du média jeu vidéo ! On a souvent raillé Ubisoft pour ses mondes ouverts au gamesystem un peu routinier, mais c’est aussi l’artisan de grands jeux solos pour lesquels il possède un vrai savoir-faire (la dernière trilogie Assassin’s Creed, Fenyx Rising, et même Far Cry, même si ce dernier est souvent un peu trop copié-collé de l’épisode précédent…). Malgré toutes les critiques que nous faisons à l’encontre des studios, nous regretterions amèrement que ce savoir-faire se dissolve dans le modèle économique du game-as-a-service.
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