C’est une routine : Roblox est une fois de plus sous le feu des critiques. Alors que la plateforme est déjà engluée dans une enquête de la SEC et que sa valeur en bourse a chuté suite à un recul conséquent du nombre d’utilisateurs, c’est aujourd’hui la sécurité de son jeune public qui refait, encore une fois, surface. Face aux critiques concernant l’exposition des enfants à des contenus inappropriés, son PDG, Dave Baszucki, a déclaré sans ambiguïté :
« Mon premier message serait que, si vous n’êtes pas à l’aise, ne laissez pas vos enfants être sur Roblox. »
Une réponse qui, sans la moindre subtilité, cherche à exonérer l’entreprise de toute forme de responsabilité.
Un passif accablant
Les critiques à l’encontre de Roblox ne datent évidemment pas d’hier. En novembre dernier, un rapport alarmant pointait du doigt la présence de scènes pornographiques, de discours haineux et même de reconstitutions de fusillades dans des écoles, circulant librement sur la plateforme. La modération jugée défaillante, combinée à une audience principalement composée de mineurs, avait poussé parents et experts en cybersécurité à demander des mesures drastiques.
En réponse, Roblox a introduit en fin d’année 2024 une série de contrôles parentaux : limitation du temps de jeu, gestion à distance des comptes et restrictions sur l’accès à certaines fonctionnalités sociales pour les moins de 13 ans. Des initiatives louables, mais qui ne résolvent pas le problème de fond : la facilité avec laquelle des contenus inappropriés continuent d’être accessibles et partagés.
Une stratégie de défense discutable
Plutôt que de reconnaître une part de responsabilité dans la protection de son jeune public, Dave Baszucki semble clairement renvoyer ici la balle aux parents. Lors d’une interview avec la BBC, il a martelé qu’il faisait confiance aux adultes pour prendre leurs propres décisions, suggérant que la meilleure protection était de ne tout simplement pas laisser leurs enfants y jouer.
Une posture en décalage avec la réalité d’une plateforme qui compte 80 millions d’utilisateurs quotidiens, parmi lesquels 40 % ont moins de 13 ans, et qui repose sur un modèle économique basé sur le Robux, sa monnaie virtuelle. Ce système incite les enfants à dépenser pour personnaliser leur avatar et accéder à du contenu premium, souvent créé par d’autres joueurs.
Baszucki enchaine et compare son travail à celui de Walt Disney, affirmant que Roblox incarne « le futur de la communication ». En tout cas, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, Roblox a signalé plus de 13 000 cas d’exploitation d’enfants aux autorités américaines, et plus de 1 300 requêtes d’enquête sur des joueurs prédateurs ont été traitées. Ces données illustrent bien l’ampleur monstrueuse du problème. Pas certain que le bon Walt avait affaire à de pareilles problématiques en son temps…
Une déclaration qui défie la réalité
Les déclarations du PDG ont suscité des réactions mitigées. Justine Roberts, responsable du forum parental Mumsnet, souligne que malgré l’existence de contrôles parentaux, « la surveillance en continu des enfants est souvent impossible ». Ellie Gibson, du podcast Scummy Mummies, estime quant à elle que la position de Baszucki ressemble à « une échappatoire » et ne prend pas en compte la réalité sociale des jeunes joueurs :
« C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, surtout quand tous leurs amis y jouent. »
Avec l’entrée en vigueur prochaine du Online Safety Act au Royaume-Uni, les régulations sur la protection des mineurs en ligne vont se renforcer. Reste à voir si Roblox adoptera une approche plus proactive ou continuera de privilégier une défense culpabilisante basée sur la responsabilité parentale.
Des polémiques qui pèsent toujours plus sur l’entreprise
Si l’image de Roblox était déjà bien entachée par des accusations de fraude aux investisseurs et des doutes sur sa santé financière, cette déclaration particulièrement présomptueuse risque d’accentuer la pression réglementaire. La plateforme a déjà été interdite en Turquie pour des questions de sécurité des enfants, et ses actions ont chuté de 20 % après la publication de ses derniers résultats trimestriels.
Alors que la SEC poursuit son enquête et que les parents s’inquiètent toujours des dangers présents sur la plateforme, la stratégie de défense adoptée par Roblox pourrait bien se retourner contre lui. En refusant d’assumer pleinement ses responsabilités, l’entreprise risque de perdre encore davantage la confiance du public et des investisseurs. Ce n’est clairement pas la fin de l’histoire, et on peut être certains que la suite risque de faire toujours plus de bruit
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