Roblox est l’un des jeux vidéo les plus populaires, un véritable mastodonte aux chiffres vertigineux. Mais sa trajectoire n’est pas sans zones d’ombre. On pense évidemment aux accusations récurrentes de violences envers des mineurs, à un modèle économique jugé prédateur pour un public jeune, ou encore à un marché gris omniprésent. Pourtant, aujourd’hui, nous allons laisser ces polémiques de côté pour nous concentrer sur quelque chose de plus doux : un petit jardin, des légumes, des fruits. Et un succès fou avec 5 millions de joueurs.
Pour se donner une idée Larmina, un million de joueurs, c’est déjà presque le double de la population active sur PlayerUnknown’s Battlegrounds, un des poids lourds de Steam. Alors quand Grow a Garden, un simple jeu Roblox atteint un pic de cinq millions de joueurs actifs (propulsant au passage Roblox aux alentours des seize millions), on est en droit de se poser la question : comment en est-on arrivé là ?
Le principe de Grow a Garden est on ne peut plus simple : le joueur achète des graines, les plante, attend, récolte le fruit de son non labeur (littéralement), puis revend pour pouvoir acheter encore plus de graines et agrandir son jardin petit à petit. La monétisation, elle, s’invite sous plusieurs formes.
On peut par exemple acheter un bâton de bambou pour grimper et cueillir ses pommes avant même qu’elles ne tombent du pommier, ou tout simplement payer pour voler le fruit d’un autre joueur. Au-delà du caractère assez prédatif du concept (comptez environ 30 centimes pour un vol de fruit), le « mini-jeu » encourage des comportements assez étonnants : les plantes poussent plus vite quand le joueur est déconnecté, incitant à des allers-retours avec le jeu, surtout pour ne pas rater certains évènements limités.
Cette méthode n’est pas nouvelle. Fortnite l’utilise depuis longtemps, et elle s’applique désormais à l’ensemble de l’industrie du jeu vidéo. Saisons, accès anticipé, événements ponctuels, sorties annuelles… Autant de stratégies pensées pour maintenir l’intérêt du joueur et créer un sentiment d’urgence autrement appelé FOMO (Fear of Missing Out, la peur de manquer un moment majeur).
Des méthodes parfois décriées pour leur côté artificiel ou éreintant, parfois saluées pour leur capacité à faire vivre les jeux dans le temps. Dans tous les cas, elles sont aujourd’hui indissociables du paysage vidéoludique moderne. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est aussi la discrétion de certains succès, et la manière dont une immense partie de l’industrie gravite autour de jeux dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler.
Si nous évoquons Roblox comme l’un des plus grands succès financiers de 2024, il faut pourtant bien comprendre qu’il ne figure même pas sur le podium. Et que non, Fortnite n’est pas dans le top 10. Les trois plus gros succès de l’année sont Monopoly GO, Honor of Kings et Royal Match, des titres mobiles bénéficiant d’une couverture médiatique bien moindre que celle des jeux que tout le monde connaît.
Notre loisir dit « premium » coûte désormais un bras, une jambe, et parfois même un stagiaire. D’où la prise de risque minimale des plus gros studios, la flambée des prix chez certains éditeurs peu scrupuleux, et tous ces systèmes pensés pour nous faire entrer, dans l’engrenage.
Les jeux capables d’attirer ce qu’on appelle des Krakens dans le jargon (ces joueurs qui dépensent sans compter) permettent de remettre quelques pièces dans la machine puisque tout le monde tente d’avoir le sien (Activision Blizzard King par exemple) voire tente de glisser dans son jeu premium quelques pratiques qui dépassent les limites…
Sans pour autant faire l’apologie de l’economic design le plus prédateur, il faut bien admettre que ces investissements permettent de financer une bonne part des grosses productions de l’année tout en assurant une forme de stabilité économique aux éditeurs. Et puis bon, si on peut tous s’unir pour offrir un nouveau yacht à Bobby Kotick, où est le mal, vraiment ? Alors peut-être qu’aux prochaines fêtes de famille vous penserez à remercier votre maman qui aime bien acheter quelques vies sur Candy Crush Saga, après tout, c’est bientôt sa fête.
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