La scène jeu vidéo chinoise commence réellement à faire parler d’elle. Entre un Black Myth: Wukong qui a cartonné l’année dernière, ou encore un Phantom Blade Zero qui s’annonce plutôt prometteur. D’autres jeux émergent de cette région d’Asie, dont celui qui nous intéresse aujourd’hui : KARMA: The Dark World de Pollard Studio.
Le titre ne ressemble pour le coup ni de près ni de loin aux deux autres titres cités, et est plutôt à ranger dans la case du jeu d’horreur psychologique à la sauce Georges Orwell, puisque l’on y ressent une forte influence du roman 1984.
Et 1984 est d’ailleurs l’année durant laquelle on évolue. Plongé en Allemagne de l’Est dans une sorte de monde parallèle alternatif dans lequel le pays est tombé entre les mains d’une corporation du nom de Léviathan, nous incarnons Daniel McGovern, un agent travaillant pour cette organisation au sein du Bureau de la pensée. Notre rôle est d’élucider des crimes en lien avec Léviathan et pour ce faire, on dispose de différents outils, dont la faculté de pouvoir explorer les souvenirs des suspects.
Un univers prometteur
La version bêta sur laquelle nous avons mis la main n’a beau avoir durée que 45 minutes, on a pu avoir un aperçu assez intéressant de l’univers dans lequel on évoluera dans KARMA: The Dark World. Cette version alternative de notre monde nous propose à la fois d’évoluer en terrain familier grâce à ses décors notamment, tout en y ajoutant une touche cyberpunk, voire steampunk par bien des aspects.
Par certains mécanismes, technologies ou représentation de la société en place, avec une corporation qui la contrôle, et cette catégorisation de la population en différentes classes de citoyennetés, on touche là au poncif de ces sous-genres de la science-fiction, sans pour autant que cela ne soit qu’un simple enrobage.
Pollard semble avoir travaillé et pensé son œuvre pour qu’elle soit cohérente et absolutiste, intégrant au passage tout un discours sur l’hyper-surveillance de la personne, aussi bien dans son intimité que dans sa vie professionnelle. En cela, on retrouve ce côté 1984 dont nous parlions en introduction, Léviathan étant représenté comme une entité quasiment omnisciente. Néanmoins, il est encore trop tôt pour dire si le développement des thématiques soulevées est traité justement, mais il y a un début, ne reste plus qu’à espérer qu’il y ait un milieu et une fin.
Aussi, si visuellement le jeu tient totalement la route et s’est montré franchement stable, la direction artistique nous a particulièrement plu, tout comme l’ambiance dans laquelle nous avons évolué. Sombre et calme, on a mené notre enquête dans des bureaux afin de retrouver une personne qui a volé un objet important à Léviathan. Nous avons alors découvert un jeu qui ne balançait pas d’innombrables jumpscares pour distiller son horreur, mais bien un de ceux qui travaillent son atmosphère, ses visuels et ses sonorités, tout en jouant avec le réel et le fictif pour nous faire perdre nos repères.
En cela, c’est intéressant et certaines choses nous ont rappelé un peu ce que l’on a pu voir dans des jeux comme Observer de Bloober Team, et si c’est l’une des inspirations des développeurs, laissez-nous vous dire que cela en est une bonne. Reste là encore à voir ce que cela donne sur la durée et si le jeu ne s’étouffe pas dans ses ambitions, mais c’est prometteur.
L’agent parfait
Ne manquant pas de qualités, KARMA: The Dark World semble aussi très dirigiste, sans pour autant être un walking simulator, et a l’air d’être divisé en différents niveaux qu’il nous faut parcourir. Nous attendent alors des énigmes à résoudre pour avancer, des journaux à lire, des codes et objets à trouver pour déverrouiller diverses choses, et en cela, c’est très classique.
Ni bon, ni mauvais, nous n’avons tout simplement pas eu la sensation de vivre une aventure unique de ce point de vue et si l’on reconnaît qu’il peut être délicat de toucher aux codes de ce genre de jeux, cela n’est pas impossible non plus. Encore une fois, Observer a su s’émanciper de certaines de ses contraintes pour surprendre et on espère que Karma en fera autant. D’autant plus que nous n’avons pas pu tester quelques fonctionnalités annoncées, comme celle nous permettant de voyager dans les souvenirs d’autres personnes.
En l’état, nous pouvons tout de même dire que le titre pourrait être l’une des très bonnes surprises horrifiques de cette année, même s’il ne faut pas nous attendre à une expérience révolutionnaire, mais ce n’est pas le but recherché ici.
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