Le petit monde de la tech s’agite depuis quelques jours autour des NFT, ou « non fungible token » (jetons non fongibles, en français). Plusieurs micro-événements ont mis le feu aux poudres et ont fait que cette technologie se retrouve même au sommaire de journaux généralistes très grand public.
Ainsi, il y a entre autres eu la vente remarquée d’un .jpg de l’artiste Beeple adjugé à 69 millions de dollars. 69 millions de dollars pour une image numérique, dans un format de compression que d’autres considèreront même comme tout, sauf noble. Et c’est la troisième œuvre la plus chère de l’histoire qu’un artiste a vendue de son vivant ! Précédemment, Chris Torres, l’auteur du Nyan Cat, avait vendu son .gif « original » pour pas loin de 500 000 dollars…
Tout cela grâce (ou à cause) du NFT. Mais alors, qu’est-ce que le NFT ? En gros, une signature numérique infalsifiable qui authentifie un fichier numérique, son créateur, ainsi que d’autres métadonnées comme la date et le lieu de création du fichier, etc. Le NFT est une technologie parente de la blockchain, celle-là même qui fait circuler les bitcoins.
Pour revenir grossièrement aux origines du truc, disons qu’il s’agit d’abord d’un système décentralisé de transactions. Les transactions qui passent par la blockchain sont vérifiées puis validées par un très grand nombre d’utilisateurs qui mettent leur puissance de calcul au service de ces vérifications (ceux qu’on appelle les mineurs). C’est seulement quand une majorité des utilisateurs a vérifié la transaction que cette dernière est validée. Au passage, pour dédommager les mineurs de la puissance de calcul et de l’énergie consommée pendant le processus, une fraction de bitcoin leur est remise (d’où les alignements de GPU dans des fermes à Bitcoins, pour multiplier les vérifications, et donc les fragments de Bitcoins…).
Les fichiers NFT passent par le même circuit de validation, aujourd’hui infalsifiable. C’est ce qui a permis à Beeple de vendre son .jpg à ce prix record : c’est un original. Comme pour une toile de maître, le .jpg à 69 millions de dollars est celui qu’a créé Beeple, celui qui sort de son ordinateur, et pas une copie. Son tag NFT le garantit. Si le marché de l’art s’est rapidement emparé de la tech, c’est quelque chose que l’on pourrait très vite voir débarquer dans le jeu vidéo.
IRL, les Américains s’échangent à prix d’or des balles de base-ball signées de grands champions. On peut aussi régulièrement trouver des costumes de scène ou de tournage effectivement portés par certaines stars, ainsi qu’en attestent les certificats qui les accompagnent. Eh bien, dans le milieu du gaming, on peut très bien imaginer que le tag NFT soit cette signature sur la balle, ou l’équivalent du certificat papier, accompagnant un bien numérique.
Un skin Fortnite, par exemple, mais utilisé lors d’une partie par Ninja – qui prendrait d’autant plus de valeur si le joueur avait alors fait un Top 1, ou remporté un grand tournoi – pourrait être identifié et rendu unique par un tag NFT. Bien sûr, ce serait un skin qu’on retrouverait par ailleurs facilement dans les boutiques du jeu, mais ainsi identifié, il deviendrait le « vrai » skin utilisé par Ninja, le seul. Il pourrait alors prendre la valeur d’un t-shirt porté et signé par un grand champion de foot ou de basket…
La NBA ne s’y trompe d’ailleurs pas, puisqu’elle a déjà lancé des collections de cartes virtuelles à collectionner embarquant des tags NFT pour réguler leur rareté, et donc leur valeur. Kotaku révélait tout récemment que le développeur indépendant Jason Roher avait ouvert sa propre galerie numérique tapissée d’œuvres taggées via NFT, dont certaines ne lui appartenant pas – ce qui ne l’a pas empêché de les mettre lui-même en vente…
Alors, assiste-t-on à la naissance de ce qui sera le standard des années à venir, ou n’est-ce qu’une poignée de déçus du Bitcoins qui s’agitent, prêts à tout pour ne pas rater cette nouvelle opportunité financière, si toutefois elle existe ? Réponse dans quelques années.
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