Après des mois d’attente, d’annonces au compte-gouttes, de trailers, mais aussi de polémiques, Hogwarts Legacy est enfin entre nos mains. Pour le moment uniquement disponible dans ses versions PS5, Xbox Series et PC, il est et sera sans nul doute l’un des jeux les plus commentés de l’année. Il devrait également être l’un des plus vendus, sauf énorme cataclysme, qui ne semble pas approcher, tant les préventes et les streams, sur Twitch notamment, battent déjà des records.
Malgré cela, il reste important de se poser les bonnes questions. Le futur succès d’Hogwarts Legacy se fabriquera-t-il uniquement grâce à la hype provoquée par la sortie d’un jeu dans le monde d’Harry Potter, et pour lequel tous les Potterheads se sont donné rendez-vous, ou récompensera-t-il le travail des développeurs et les qualités d’un vrai bon jeu vidéo ? Après de nombreuses heures de jeu, nous vous proposons quelques éléments de réponse.
(Test d’Hogwarts Legacy réalisée sur PS5, via un exemplaire fourni par l’éditeur)
Il était une fois un sorcier exceptionnel…
Dans Hogwarts Legacy, vous n’entendrez parler ni d’Harry Potter, ni de Voldemort, ni même de Dumbledore. Et pour cause, l’histoire que vous allez vivre se déroule plusieurs décennies avant les événements de la saga Harry Potter, dans les années 1800. Les seuls liens qui vous rattacheront à votre vécu autour du monde des sorciers seront des noms de famille, des lieux ou des objets emblématiques, savamment distillés tout au long du jeu.
Comme tout jeu se rapprochant de près ou de loin d’un RPG, votre périple commencera par la création de votre personnage. Pas de grande surprise de ce côté-là, l’outil de création est bien fait, mais n’apporte rien de nouveau à ce qui se fait déjà dans le genre. Le jeu vous proposera ensuite de gagner des niveaux, vous permettant de débloquer compétences et équipement. Rien de neuf sous le soleil donc, mais un contenu complet permettant de renforcer l’immersion.
Sitôt votre sorcier ou sorcière créé, vous découvrirez rapidement que votre personnage n’est pas n’importe qui dans ce monde. Vous avez le privilège d’intégrer la prestigieuse école de sorcellerie Poudlard immédiatement en cinquième année, ce qui ne serait jamais arrivé dans la longue histoire de l’école. Quelle est la raison de cette singularité ? Y aurait-il un lien avec cette relation particulière que vous entretenez avec un ancien type de magie aujourd’hui oublié…? La thématique de l’élu(e) sera récurrente tout au long du jeu, et il faudra vous y faire.
Votre personnage est spécial, et cela va l’amener à vivre de nombreuses aventures bien différentes de celles d’un élève lambda. Est-ce que ça ne nous rappellerait pas quelqu’un ? Sans en dévoiler plus, il faut avouer que le scénario reste classique. Malgré tout, les quêtes sont diverses et bien organisées, passant du duel à l’infiltration, et parviennent à tenir le joueur en haleine, en allant de révélations en révélations, et en permettant de développer les relations avec les PNJ, qui auront leur importance dans votre aventure.
Poudlard la magnifique
Mais si le jeu était si attendu depuis des mois, ce n’était pas particulièrement pour son histoire, mais pour la promesse de liberté totale dans ce monde de Poudlard faite par les développeurs. Et sur ce point, les joueurs sont servis. Jamais on n’avait vu un aussi beau Poudlard. L’école est gigantesque, magnifique et vivante.
Plus qu’un simple support de jeu, c’est un véritable écrin, et après seulement quelques minutes de déambulations dans les couloirs, il est aisé de comprendre pourquoi l’école a donné son nom au jeu. Des dizaines de salles sont proposées, toutes plus belles les unes que les autres. Certains lieux sont disponibles dès le départ, d’autres vous accueilleront plus tard, quand vous aurez développé les compétences nécessaires pour y accéder. Nous avons tellement aimé explorer les lieux que nous ne nous sommes que rarement servi des poudres de cheminettes permettant pourtant des déplacements rapides dans le château.
Poudlard est un vrai personnage. Les décorations sont superbes, et à aucun moment on ne ressent un sentiment de vide dans le château. Chaque recoin de l’école cache ses secrets et ses références à l’univers du célèbre sorcier à la cicatrice, qui peuvent prendre différentes formes (énigmes, surprises à dévoiler grâce à des sorts…) et vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer dans l’enceinte. Si vous êtes un fan de la saga Harry Potter, rien que le fait de vous balader dans l’école vaut l’investissement Hogwarts Legacy.
Les développeurs ont su respecter l’univers visuel connu grâce aux films notamment, mais se sont également permis de prendre des libertés pour nous faire découvrir des lieux jamais visités jusque-là, ou même totalement inventés, et c’est une réussite totale. Le fan service est réussi. Il ne dessert absolument pas le propos et permet une immersion rare. Au contraire, si vous découvrez l’univers des sorciers dans ce jeu, vous pourrez profiter du level design et des visuels du monde proposé, mais certains éléments de langage créés spécialement pour l’univers d’Harry Potter pourraient vous laisser sur le côté durant certaines quêtes, ou au contraire vous donner envie d’en savoir plus.
Sorti de l’école, il est également possible de découvrir des environnements extérieurs comme le célèbre et parfaitement modélisé village de Pré-au-Lard, dans lequel vous aurez la possibilité de faire vos emplettes, ainsi qu’une grande région de l’Écosse environnante, les Highlands. Hogwarts Legacy se veut un open-world, et on peut dire que le contrat est respecté. Le monde est vaste, rempli de quêtes et de lieux à visiter en totale liberté. On regrettera tout de même le côté moins intéressant des missions en extérieur, ainsi que des décors extérieurs un peu moins soignés comparés à la quasi perfection des moments passés en intérieur.
Magie, Magie, et vos idées ont du génie
Qui dit Poudlard dit magie. Et forcément, cette dernière est le cœur même du jeu. Une vingtaine de sorts bien connus des fans de la franchise sont proposés, d’Experlliarmus à Accio en passant par Incendio. Plutôt intelligemment organisé, le jeu nous permet d’apprendre petit à petit à les maîtriser, notamment en vivant quelques situations amusantes de la vie d’apprenti sorcier. À aucun moment, nous n’avons eu l’impression de participer à un tutoriel, et c’est un plaisir de passer par le jeu et pas par la lecture pour comprendre les rudiments. Les sorts appris vous serviront dans deux situations bien précises de la vie à Poudlard : la résolution d’énigmes et le combat. Les énigmes sont nombreuses, mais ne vous demanderont pas beaucoup de réflexion. Le jeu s’avère au final très (trop ?) guidé, et le sortilège Révélio vous sortira de quasiment toutes les situations difficiles.
Si les premiers duels de sorcellerie s’avèrent plutôt simples, il faudra ensuite faire preuve d’une certaine dextérité à la manette pour jongler entre les différents sorts et les différents types d’ennemis que vous affronterez en fonction de leurs forces et de leurs faiblesses. Des araignées, des gobelins, des loups, des mages noirs et bien plus encore se dresseront sur votre route, et nécessiteront quelquefois de recharger votre partie. Les effets des sorts en combat sont plutôt réussis, et les ceux liés au couleur et au mouvement sont très réalistes.
Nous restons toutefois un peu déçus de la modélisation des mouvements des personnages en action, pas au niveau des textures des décors et des paysages. Que ce soit les PNJ ou le joueur, le jeu pèche un peu sur ce point, notamment lors des déplacements, des sauts, des roulades ou des blocages contre des murs pas très réalistes. De manière générale, le jeu reste quand même simple d’accès, et même les adversaires les plus coriaces ne vous prendront pas trop de temps à battre. Toutefois, le jeu n’est pas forcément conseillé pour des enfants, malgré l’univers proposé qui semble adapté, car il demande beaucoup d’investissement et de maîtrise de la manette, notamment pour jongler dans des menus pas toujours très ergonomiques.
Les Sims à Poudlard
Nous terminerons en évoquant l’un des points qui nous a le plus convaincus lors de notre aventure dans Hogwarts Legacy : vivre la vie d’un écolier à Poudlard. La partie simulation de vie est vraiment bien travaillée, et l’immersion est très bonne. Du choix de votre maison (Gryffondor, Serpentard, Poufsouffle ou Serdaigle) à la couleur de votre écharpe ou l’arbre dans lequel a été taillée votre baguette, rien n’est laissé au hasard. On prend du plaisir à faire ses achats, à aider ses camarades à réaliser des petites quêtes dans le château, et à aller en cours de potions ou de botanique.
Les possibilités sont énormes, et on dénombre des dizaines de quêtes de relations à entretenir et des centaines d’objets, reliques, à découvrir dans le château et ses alentours. On regrettera juste que le choix de votre maison n’ait que peu d’incidence sur l’histoire que vous allez vivre, alors que la cérémonie de la répartition est un moment culte de la saga littéraire et cinématographique.
Cette immersion est renforcée par une bande originale très intéressante, reprenant des parties de thèmes d’Harry Potter revisités, tout en y ajoutant des nouveautés. Mention spéciale à la version française et au travail sur les mouvements des lèvres des personnages, qui ont été modelés pour correspondre parfaitement aux dialogues en français.
La galerie de personnages et de créatures est variée, et fait rapidement oublier les personnages originaux de l’univers Harry Potter. Bye Bye McGonnagall, Rogue ou Trelawney, bienvenue à Fig, Sharp ou Ronen, qui s’en sortent avec les honneurs. Les camarades sont plutôt attachants également, et il faudra bien choisir vos relations dans cette école où les secrets ne sont pas toujours bien gardés…
Nous ressortons enjoués de notre expérience Hogwarts Legacy. Bien plus qu’un simple jeu fan service bâclé, il se positionne clairement comme un jeu qui sera difficile à détrôner dans le cœur des fans d’Harry Potter, tant il coche presque toutes les cases des attentes. Mais pas seulement. Pour les néophytes, la beauté du monde proposé, l’immersion, la sensation de liberté et le gameplay intuitif suffiront à en faire à coup sûr un très bon jeu vidéo.
Un chef-d’œuvre ? Sans doute pas. La faute à des facilités scénaristiques, à une partie du monde moins intéressante à visiter et à certaines impressions visuelles en dessous des attentes d’un jeu de cette ampleur, notamment sur les mouvements de personnages. Au final, c’est tout de même uniquement du plaisir qui ressort de notre aventure Hogwarts Legacy, et nous ne pouvons que vous conseiller de vous inscrire à Poudlard le plus tôt possible pour la rentrée prochaine, afin d’en découvrir tous les secrets.