Qu’elle semble lointaine cette ère où la principale critique qu’on pouvait adresser à Dragon Age: Inquisition était le grind pénible à travers son monde ouvert. Une critique juste, mais finalement si bénigne comparativement aux infortunes qui accablent Dragon Age: The Veilguard. Des tares d’écriture et de game design qui ont visiblement sonné le glas de la franchise toute entière et sérieusement compromis le futur de BioWare.
Si les équipes de développement derrière The Veilguard ont pris soin de clore toutes les intrigues laissées en suspens par les jeux précédents, cette galerie de portes fermées donne un sentiment de cycle achevé pour la franchise des Dragon Age. Est-ce la conclusion que l’on souhaitait ? Celle que l’on estime la plus juste ou la plus pertinente pour la série ? Est-ce là le grand dénouement que Solas et l’Inquisiteur méritaient ? Est-ce que Rook, ce personnage fade sorti de nulle part au surnom grotesque était la bonne personne pour porter le flambeau sur la dernière ligne droite qui mène à l’épitaphe des Dragon Age ? Chacun en sera juge mais force est de constater que l’histoire de la saga est arrivée à conclusion du point de vue narratif.
Elle l’est sans doute commercialement également. Des figures majeures du studio et de la franchise sont parties voir ailleurs après la réception catastrophique qui a marqué la sortie du jeu. Electronic Arts, l’éditeur de BioWare, a également imposé une restructuration au studio après ce flop relativement inattendu. Une restructuration qui laisse une équipe très réduite travailler sur le prochain Mass Effect et disperse plusieurs employés auprès d’autres studios et d’autres projets de manière permanente.
Une triste conclusion pour bon nombre de développeurs et artistes qui ont sans doute candidaté auprès de BioWare par affinité avec la nature de leurs jeux et se retrouvent désormais sur des projets complètement différents.
Pour autant, Dragon Age n’est pas une franchise morte, loin de là. Et c’est ce que Sheryl Shee, l’une des scénaristes de la saga qui été contrainte de quitter le navire, tient à souligner. Sur Bluesky, elle a ainsi rappelé que :
« Mais Dragon Age n’est pas mort. Il y a les fictions. Il y a les productions artistiques. Il y a les rencontres que l’on a fait sur les jeux et grâce aux jeux. Techniquement Electronic Arts et BioWare détiennent la propriété intellectuelle mais personne ne peut détenir une idée, peu importe leur volonté. Dragon Age n’est pas mort parce qu’il est vôtre maintenant. »
Ensuite, et mentionnant une personne qui lui a dit avoir l’intention de créer un univers alternatif pour la fin de la saga
« Si Dragon Age vous a inspiré à réaliser quelque chose, si (la franchise) a déclenché en vous un été invincible, alors sa mission est remplie et cela aura été le plus grand honneur de ma vie d’y avoir contribué. »
Et il est vrai que les jeux Dragon Age ont généré beaucoup de productions diverses de la part des fans. Sur ce site dédié aux fanfics, l’on peut en retrouver plus de 20 000 situées dans l’univers de Thédas. De son côté, Dragon Age: Origins reste l’un des jeux les plus moddés sur PC juste après les titres de Bethesda.
Sur le Nexus, on y trouve ainsi plus de 3000 mods qui ont généré près de 7 millions de téléchargements. Et l’on sait que le modding est souvent une porte d’entrée pour les futurs artistes 3D. Et c’est sans compter la variété de concepts arts amateurs, de scènes et même de sketchs entiers dessinés situés dans l’univers de la Chantrie.
Même si Veilguard n’aura pas été à la hauteur des attentes de bien des joueurs, et même si la franchise n’aura sans doute pas un nouvel opus avant longtemps, dans l’optimiste hypothèse où il y en aurait un, il convient de ne pas considérer que la saga est morte, enterrée, indigne d’intérêt et appartenant au passé.
Comme d’autres grandes sagas, elle aura motivé, et continue de le faire, beaucoup de joueurs et de fans à se lancer dans des activités créatrices au bénéfice d’autres fans. Combien de futurs artistes, écrivains, scénaristes, développeurs, auteurs et dessinateurs se sont lancés -et sa lanceront- sur cette voie grâce à Dragon Age ?
Cet univers et ses personnages appartiennent aux joueurs de manière très concrète, et il convient de le rappeler en ces temps où les influenceurs et les influencés croient détenir un pouvoir de mort et d’oubli sur les productions qui leur déplaisent.
Certes, Veilguard n’est pas la suite espérée, mais cette suite espérée est précisément à la portée de chacun au travers d’une page blanche qui ne demande qu’a être remplie d’une petite histoire plaisante située à Thédas, de dessins soignés représentant les personnages avec lesquels l’on a grandi, puis partagés auprès de tous. De ce partage partira peut-être la motivation d’une personne à postuler et travailler sur le prochain Dragon Age ou sur un monde aussi intéressant, qui sait.
Clap de fin pour Dragon Age: The Veilguard
EcureuilRouge
Dragon Age: The Veilguard – Pas de DLC en vue malgré un bon lancement
broccomilie
Mass Effect 5 – Lentement, mais sûrement ?
Loriynn