Les bêtas n’annonçaient rien de bon, le lancement aura confirmé les craintes : avec un pic de seulement 697 joueurs simultanés sur Steam le jour de son lancement, Concord fait un très, très mauvais démarrage. Si ce n’est pas tout à fait une surprise, puisque les sessions d’early access avaient déjà eu des difficultés à attirer les foules, on n’attendait tout de même pas le jeu si bas.
Pour bien comprendre la mesure de l’échec, regardons les statistiques de Tactical Breach Wizard, un jeu indé sorti la veille de Concord (le 22 août), sans la puissance de feu marketing de PlayStation Studios, et qui a pourtant atteint le pic de 2 968 joueurs à sa sortie, et pas loin de 4 000 joueurs le lendemain. Quand au hit du moment, Black Myth Wukong, il a, malgré les polémiques, dépassé les 2 200 000 joueurs simultanés dès son lancement. Certes, visant le public chinois, le jeu s’offre un petit avantage démographique, mais le delta entre lui et Concord donne le vertige.
Alors, bien entendu, ces chiffres (fournis par SteamDB) ne concernent que la version PC du titre, auquel il faudrait ajouter les utilisateurs PlayStation. Mais souvenons-nous que le dernier shooter multijoueur sorti conjointement par PlayStation sur consoles et PC, Helldivers II, avait réalisé de meilleures ventes sur Steam que sur le PlayStation Store.
Et pourtant, tout semble indiquer que le titre n’est pas foncièrement mauvais : à l’heure où nous rédigeons ces lignes, 77% des avis sur Steam sont positifs, et la presse ne lui est pas franchement hostile. Chez nous, IGN France écrivait dans sa preview du jeu : « nous sommes relativement conquis par la proposition du titre, d’une part grâce à son rendu visuel convaincant, mais aussi pas sa mécanique invitant à changer de personnage en jeu régulièrement » quand jeuvidéo.com lui accorde la note rondelette de 80/100 et le qualifie de « franche réussite ».
Alors quoi ? Alors l’industrie est en crise, et l’échec vers lequel se dirige Concord est l’un des signes visibles de cette mauvaise passe. Dans les années 90, les albums CD, pourtant vendus assez chers, s’écoulaient par palettes entières, littéralement « comme des petits pains ». Il suffisait de publier un album pour en vendre à minima quelques dizaines de milliers. Puis tout s’est écroulé, on a accusé le piratage, qui a eu une part de responsabilité, mais la vérité est que les niveaux de ventes atteints à cette époque étaient inédits et anormaux.
N’y a-t-il pas un peu de cela dans l’état actuel de l’industrie du jeu vidéo ? Beaucoup, beaucoup trop de jeux sortent, tout le temps. Jusqu’à présent, cela n’empêchait que rarement le succès de (trop) nombreux titres, mais on sentait bien qu’il y avait quelque chose d’anormal, et que les presque 15 000 jeux sortis sur Steam l’an dernier ne pouvaient pas tous trouver une forme de succès commercial.
Concord, malgré ses probables qualités, est un énième shooter multi. À qui s’adresse-t-il ? Les aficionados d’Overwatch, à qui il est régulièrement comparé, allaient-ils vraiment laisser tomber un jeu qu’ils pratiquent depuis 2016 sur la promesse d’un humour à la Marvel ? Et puis le roi du genre FPS, le nouveau Call of Duty sort dans quelques semaines… Les joueurs vont-ils investir 40€ en sachant qu’ils laisseront tomber le titre dès fin octobre pour jouer au jeu d’Activision ?
Il faut aussi compter sur le très attendu Star Wars d’Ubisoft, Outlaws, qui sort dans quelques jours, Black Myth Wu-Kong vient tout juste de paraître, les joueurs PlayStation sont aussi nombreux à attendre Astro Bot, le 6 septembre… La liste s’agrandit, mais le budget des joueurs, lui, n’est pas extensible.
Il est un peu tôt pour déclarer Concord comme un échec. Un excellent bouche à oreille pourrait lui profiter, et l’on verrait la courbe des joueurs se redresser ? Ou alors il passera rapidement en free-to-play avant de tomber, comme d’autres (Hyperscape, Babylon’s Fall…), dans l’oubli.
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Léo Delacroix