Si, à tous les niveaux, PlayStation est loin devant son challenger américain, les choses pourraient bien faire basculer cette génération, avec les Xbox Series. En tout cas, Microsoft fait tout ce qu’il faut pour faire bouger les lignes. Les actualités croisées des deux constructeurs cette semaine en sont une nouvelle indication.
En arrivant pour prendre la place plus ou moins laissée vacante par un SEGA en perte de vitesse en 1995, PlayStation réalise un hold-up et un coup de maître. La console est révolutionnaire, le catalogue impressionnant, notamment techniquement, le lancement est une réussite. Essai plus que transformé avec la PlayStation 2, qui là encore mise sur son catalogue, mais déjà aussi sur l’image que Sony a su se créer via le succès de la PS1.
Pendant ce temps, Microsoft et Xbox font figure de suiveurs, essayant de reproduire le succès de Sony. Une situation et une image qui colleront à la peau des deux constructeurs jusqu’à aujourd’hui. Mais peut-être pas jusqu’à demain.
Le lancement de la PlayStation 5 est un indéniable succès, les rayons du monde entier étant dévalisés à chaque petit ré-achalandage. Ceci dit, c’est un peu la même chose pour les nouvelles Xbox, et même pour les dernières cartes graphiques pour PC.
Comme à l’époque du lancement record de la PlayStation 2, Sony a énormément misé sur le succès de la machine précédente. C’est la PS4 qui a fait vendre autant de PS5. Quant aux projets pour la console, on reste un peu plus circonspect.
Outre le fait que le catalogue est très, très limité, on a l’impression, et c’est là le plus inquiétant, que les projets ne sont pas non plus légion. Preuve en est, le jeu le plus attendu depuis le lancement de la machine est un « petit » indé, et même pas une exclu, Kena: Bridges of Spirit. Acheter une PlayStation 5, OK, mais pour jouer à quoi…?
Pire, depuis quelques mois maintenant, les talents de chez Sony quittent tous le navire peu à peu, et l’un des studios emblématiques de l’écurie PlayStation, Japan Studios, a fermé ses portes voilà quelques semaines. Probablement une bonne décision pour le business, mais assez terrible du point de vue de l’image. Et on l’a vu, cette image a fait vendre nombre de machines… Une image d’ailleurs déjà écornée au Japon, où Sony est accusé de délaisser le pays pour renforcer son influence aux États-Unis, territoire bien plus rentable depuis quelques années.
Et pendant que Sony s’emploie à abîmer sa légende, Microsoft semble avoir (finalement) appris de ses erreurs.
C’est ainsi que corrigeant le plus gros défaut de la génération Xbox One, Microsoft a acquis de nombreux studios afin de s’assurer un catalogue digne de ce nom. Finie aussi l’ambition du produit multimédia unique, qui viendrait remplacer toutes les « box » de la maison : les Xbox Series X|S se concentrent sur le jeu.
Le verrouillage des jeux et la complexité pour s’échanger des titres entre amis avaient beaucoup contribué au naufrage qu’a été le lancement des consoles. Mais comme un signe de changement de paradigme, Sony nous a livré un tuto du même acabit pour faire tourner Marvel’s Avengers sur sa PlayStation 5.
Et cette semaine encore, les deux constructeurs ont envoyé des signaux bien opposés. Sony a ainsi annoncé la fermeture des stores PS3, PSP et PS Vita. On sait pourtant la scène Vita encore très active (probablement pas rentable, certes). La société laisse ainsi de nombreux joueurs sur le carreau, voue d’innombrables titres à la disparition à plus ou moins court terme (Muramasa Rebirth étant une exclu PS Vita jamais sortie en boîte en Europe, le titre disparaîtra donc en même temps que les serveurs du PS Store, et ce, malgré son statut de jeu « culte »), et a même désemparé certains studios indés qui ont appris en même temps que nous tous la fermeture du store ce 27 août prochain et qui ont alors été obligés, du même coup, d’abandonner purement et simplement des développements en cours… Élégant.
Dans un tweet récent, Jason Schreier, de Bloomberg, s’interrogeait sur la responsabilité de Sony quant à la conservation du patrimoine vidéoludique. Clairement une problématique dont le constructeur ne s’encombre pas.
La même semaine exactement, comme une réponse bien sentie, Xbox annonçait les premiers titres à bénéficier de la rétrocompatibilité via le cloud. Un premier lot de seize jeux des générations précédentes est ainsi désormais jouable sur mobile Android pour les abonnés au Game Pass Ultimate. On rappelle que dans le même esprit, à quelques rares exceptions près, l’intégralité du catalogue Xbox, toutes générations confondues, est jouable sur Xbox Series X|S.
Alors, oui, nous sommes peu nombreux à en profiter. Et non, on n’achète pas une machine de nouvelle génération pour rejouer aux jeux de l’ère 32 bits. Néanmoins, entre d’un côté le constructeur qui enterre ses anciens jeux, et de l’autre celui qui se débrouille pour les garder accessibles et vivants, il y a une vraie différence de philosophie. Et si ce n’est pas le « backlog » qui fera la différence sur cette génération de machines, ce sera peut-être l’état d’esprit…
Alors, c’est un sujet assez compliqué sur lequel il est difficile d’avoir un avis (perso) tant Sony a apporté au jeu vidéo. Sur la génération précédente, la majorité des références culturelles qui resteront viendront de la PS4. Je pense donc que du point de vue « culture » Sony fait largement son travail.
Mais pour moi l’arrêt des stores ne pose pas seulement la question de la sauvegarde de la culture, mais plutôt celle de la propriété de cette dernière. Et c’est une question qui sera primordiale dans le média pour ces prochaines années.
Sur le rôle de Sony dans le monde du jeu vidéo, sur les gen’ précédentes, je te rejoins. Mais le chemin que le constructeur semble vouloir suivre pour cette gen’-ci semble hélas un peu différent.
Sur la propriété, si tu parles à notre niveau, celui des particuliers qui achètent leur contenu en démat’, malheureusement, le truc est réglé depuis belle lurette, puisqu’on achète des licences d’utilisation, et non pas des jeux. Licences qui finissent par arriver à terme. On n’est déjà plus propriétaire des jeux. Pour moi la question est vraiment celle de la préservation. Des gens ont compté, avec l’arrêt des stores PlayStation, ce sont 138 jeux qui n’existent sous aucune autre forme et qui disparaissent.
Ah, intéressante problématique que celle-ci. J’avoue derrière un peu titre un peu sensationnaliste se cache un sujet qui mérite d’être fouillé.
Alors, oui, il est naturel de se poser la question sur l’avenir des jeux sortis uniquement en dématérialisé puisque, à la fermeture de chaque store, c’est la fin de nombreux titres qui n’auront pas droit à une 2ème chance. Ici, nous, consommateurs pouvant prendre le problème selon 2 angles : le conservateur de musée (tout titre mérite d’exister) ou le darwiniste (s’il n’existe plus, c’est qu’il ne le mérite pas).
Sony, en tant que constructeur ne se pose pas de questions, il est clairement la figure dominante de l’industrie et ce n’est visiblement pas son problème. Et en vrai, il a raison d’une certaine manière. S’il a peut-être investi des billes dans certains projets (en tant qu’éditeur ou simplement d’investisseur), il ne doit pas rendre compte pour la totalité des softs sortis sur ses machines. Ça, c’est le boulot de l’éditeur.
Maintenant il reste à savoir, une fois un titre sorti, à qui les droits échouent-ils ? Au constructeur ? (probablement pas), À l’éditeur ? Ou au studio ? Il m’est d’avis que l’objet appartient au 2 dernières catégories et probablement quelques investisseurs éventuellement. Taxer Sony d’industriel et Xbox de culturel ? Je dis non perso tout comme dire que Nintendo est un artisan. Aujourd’hui, ce sont tous des industries. Il y a ceux qui assument, ceux qui essaient de reprendre de la place et ce qui font leurs propres trucs…
les droits, oui, mais aussi les devoirs ! (ça y est , je suis de droite ?!)
C’est Sony et ses collègues qui nous ont doucement imposé le démat’. On les a laissé faire. On a consenti à ne plus posséder les jeux, mais à payer le même prix pour une « location longue durée ». Pas de problème les gars, allez-y, ça nous fait plaisir. Mais il me semble qu’en échange, leur demander un tout petit peu de se responsabiliser, et de prendre sur eux l’aspect patrimonial du jeu vidéo ne me semble pas exagéré. Ils se veulent « acteur majeur du secteur » ? De grands pouvoir impliquent de grandes responsabilités, pour citer Marlène Schiappa.