On le rappelle, les NFT, ce sont des «objets» numériques (une photo, une œuvre d’art, ou dans le cas d’un jeu, un skin) portant une signature unique, et accompagné d’un certificat d’authenticité. Si je prends une photo numérique, et que j’en fais un NFT (pour Non Fungible Token, jeton non-fongible, c’est-à-dire non-remplaçable), je pourrais vous vendre cette unique copie de la photo, qu’on qualifiera alors d’authentique. Je pourrais toujours copier-coller le .jpg avant de vous transmettre la photo, et donc en garder une copie, mais le NFT garantira que vous possédez la «vraie». Il n’empêche que j’en possèderai toujours une copie en tout point identique…
Ubisoft a donc décidé de se mettre à vendre des NFT. Le programme s’appelle Quartz, et commence avec Ghost Recon: Breakpoint. Il vous sera ainsi possible d’acquérir des skins uniques pour vos personnages, skins qui ne vous appartiendront qu’à vous, et à vous seul. Avec la promesse de l’arrivée d’une place de marché mentionnée dans le trailer mis en ligne, on essaie d’insinuer que ce serait un belle opportunité, puisque évidemment, le casque que vous allez vous offrir aujourd’hui pourrait valoir dix fois plus dans cinq ans. Enfin, si on joue toujours à Ghost Recon: Breakpoint dans cinq ans. Premier bémol.
Second bémol, les skins uniques ne le sont pas tant que ça. Leur numéro de série l’est, mais le skin est en «série limitée». C’est-à-dire qu’il pourrait bien y avoir un million de casques comme le vôtre en circulation dans le jeu, mais vous serez le seul à porter celui où est inscrit le numéro 567 442. Bon, en même temps, au cœur de l’action, ça ne sera pas forcément évident…
Troisième bémol : est-ce qu’on a vraiment besoin de NFT pour créer des skins en séries limitées et se les échanger ? Est-ce que créer une place de marché pour s’échanger des objets entre joueurs ne serait pas moins compliqué ? Les mmorpg le font depuis au moins vingt ans… Et puis, ce serait moins nocif pour l’environnement. Car les NFT sont incroyablement consommateurs d’énergie. Pour assurer leur authenticité, les NFT réclament un nombre important d’opérations particulièrement complexes, et donc de faire tourner des machines, comme le bitcoin. Tous deux sont en effet basés sur la blockchain, cette technologie de transmission de données décentralisée. Or, une étude publiée en novembre 2018 par Nature expliquait que le Bitcoin seul pourrait provoquer une élévation de température sur la planète allant jusqu’à 2°C.
Certains n’hésitent pas à qualifier l’arrivée des NFT de grosse arnaque. Sans se prononcer sur la chose, on peut néanmoins voir que ce sont les gens qui ne savent pas quoi faire de leur argent qui s’y intéressent le plus. D’autant plus qu’Ubisoft nous présente les choses d’une façon, l’air de rien, plutôt orientée. Entre la promesse de pouvoir revendre (et donc réaliser éventuellement du bénéfice) ses NFT, et l’impossibilité d’acquérir plusieurs copies des mêmes objets (pour éviter le scalp – sous-entendant là encore qu’il y a des affaires à faire), on voit bien que la société essaie de faire passer l’idée que ses NFT seraient un « bon investissement ». Mouais. Comme on dit, les promesses n’engagent que ceux qui y croient…
Ubisoft – Les salariés lancent une pétition publique
n1co_m
Assassin’s Creed Valhalla – Ubisoft n’en a pas fini avec sa poule aux œufs d’or
Loriynn
Assassin’s Creed Valhalla révèle les nouveautés de fin d’année
Kyujilo