Bien qu’elle soit un incontournable dans la vitrine des jeux de rôle, tant elle a apporté sa fraîcheur, la série des Tales of peine de plus en plus à se renouvelle convenablement. Les derniers épisodes flirtent avec le moyen, ce qui ternit vraisemblablement l’image, qui jadis était brillante. L’épisode qui a fêté les vingt années d’existence de la franchise n’a pas fait l’unanimité auprès des fans. En janvier dernier, est sorti dans nos vers pâturages le tout dernier chapitre, Tales of Berseria.
Le jeu est une préquelle à Tales of Zestiria et l’idée d’origine était de corriger les erreurs tout en apportant son lot de nouveauté, afin de faire mieux que son prédécesseur non exempt de défaut. Vous l’aurez compris, Tales of Berseria a la pression. A-t-il de quoi nous rassurer ? La réponse dans notre test complet du titre. En avant moussaillon !
Le goût de la vengeance
Je commence tout de suite par le plus gros point fort du jeu, son scénario. Les Tales of ont tous su proposer une histoire riche en scènes mémorables, des histoires épiques accompagnées d’un système de combat intuitif. Tales of Berseria ne fait pas exception. Mieux encore, il pousse l’expérience encore plus loin, suffisamment pour créer un impact auprès des joueurs. Il est difficile de voir cela de prime abord. De loin, il ressemble comme deux gouttes d’eau à un J-RPG stéréotypé.
Le personnage principal, Velvet Crowe est sur le sentier de la guerre contre l’homme qui a tué son petit frère. Naturellement, elle va le rencontrer un certain nombre de fois, mais elle sera toujours impuissante face à lui, l’obligeant à prendre la route pour gagner en puissance. Pourtant, sous ce cadre paraissant si classique dans les J-RPG, Tales of Berseria se révèle être un conte très profond qui vous touchera émotionnellement parlant, quand vous vous y attendrez le moins.
Avant cette expérience traumatisante qui a mit notre héroïne sur le chemin de la haine, elle était une fille aussi heureuse qu’optimiste. Il n’y avait rien de plus important pour elle que de protéger son frère souffrant, et garder sa petite famille à l’abri de la calamité transformant les gens en démons meurtriers. On lui a même raconté à l’époque qu’elle laissait trop ses émotions dominer son jugement et ses choix.
C’est pourquoi son mentor ne voit pas en elle le potentiel d’une guerrière. Une fois que son frère a été sacrifié au nom de la raison, comme un moyen de lutter contre la calamité, elle a refusé d’écouter cette raison, et ses émotions ont rapidement tourné en colère. Une colère si intense qu’en conséquence, elle a été transformée en Thérion, un démon qui se nourrit d’autres démons et êtres spirituels, les Malakhims (qui dans Tales of Zestiria sont appelés les Séraphins), que les exorcistes utilisent pour combattre les démons. Son mentor, coupable du sacrifice est lui-même un exorciste. Cette situation animera la vengeance de Velvet à son firmament.
Velvet n’est plus la jeune fille bienveillante qu’elle fut autrefois. Elle vise à venger son frère, ne se souciant pas de la manière dont elle y parviendra. Sa colère et sa haine ont bloqué toute autre raison. La vengeance est sa seule motivation pour aller de l’avant. Pendant ce temps, l’homme qui a assassiné son frère est maintenant connu comme le Berger de Midgand. Ce titre lui fut donné, car il est celui qui a sauvé l’humanité de la calamité. Ainsi, il profite de son statut pour apporter au royaume sa vision de la raison et de l’ordre. Tout ce qu’il fait est pour une raison, et pour lui, la fin justifie les moyens.
Pas de panique, ceci ne constitue que les toutes premières heures de Tales of Berseria. Cette histoire est plus qu’une simple auto-découverte de Velvet, de sa vengeance, ou comment les gens vivent dans ce nouvel ordre mondial. Le jeu présente deux extrêmes flagrants de l’émotion et de la raison, montrant inévitablement comment les personnes vivant uniquement par l’un ou par l’autre est dangereux. Avec tout ce qui se passe dans notre propre monde, ce thème frappant est si proche de nous qu’il en est palpable.
Des combos, comme s’il en pleuvait
Si vous êtes déjà familier avec les jeux Tales of, alors vous vous sentirez à l’aise avec le système de combat. Cette fois, cependant, Bandai Namco a fait quelques ajustements pour rendre le combat encore plus intuitif. Comme les personnages apprennent différentes artes, les joueurs peuvent affecter ces artes spécifiques aux boutonspour créer une chaîne de combo. Cette fois-ci, les quatre boutons du pad (Croix, Rond, Carré, Triangle) sont assignés aux attaques. De cette façon, vous pouvez mélanger vos combos, assurez-vous d’utiliser autant d’artes que vous avez de disponible, et trouver quelles variations de combo fonctionnent le mieux pour échelonner divers types d’ennemis.
Enchaîner les combos est important et vous allez comprendre pourquoi. Tales of Berseria dispose d’un système de jauge d’âme. Cela nécéssite des âmes pour remplir la jauge afin de réussir à placer davantage d’attaques. Si l’ennemi est assommé ou a le dos tourné à votre personnage, vous pouvez continuer à attaquer sans vous soucier de la jauge d’âme. Toutefois, si vos âmes sont épuisées, l’ennemi peut plus facilement vous contre-attaquer. Il peut aussi vous étourdir et ainsi enchaîner sur vous un combo dont vous vous passerez bien. Heureusement, la jauge d’âme se réapprovisionne assez rapidement en fuyant un ennemi dans l’arène de combat. Chaque personnage a aussi une attaque pause d’âme, ce qui est une autre façon de recueillir de remplir la jauge.
Tout cela rend les combats exaltants. Surtout lorsque vous vous mesurez à des ennemis plus puissants qui savent comment gérer ces enchaînements de combos. Toutes les combinaisons possibles peuvent sembler complexes à maîtriser, notamment pour les non-initiés à la série des Tales of. Rassurez-vous, le jeu vous guide efficacement et le tutoriel évolue en même temps que vous.
Un voyage qui a du style
Pourquoi passer par un long et pénible voyage, si vous ne le faites pas avec style ? Divers éléments de costume peuvent être trouvés dans des coffres au trésor, quand vous libérez un Minouz de son coffre rose, et achetés avec des Tales Coins lorsque vous jouez aux mini-jeux du carnaval. Vous allez pouvoir personnaliser chacun de vos personnages en modifiant leur apparence. Ce n’est peut-être qu’un détail, mais il faut savoir que dans les derniers épisodes tout ceci était payant. Les personnages peuvent cuisiner des repas à partir d’ingrédients et des recettes qu’ils trouvent, et ces repas peuvent stimuler diverses statistiques avant d’entrer dans la bataille. Il n’y a rien de tel qu’arrêter brusquement son exploration du donjon, s’asseoir et manger un délicieux repas avant d’aller dégommer du boss.
Il y a aussi la possibilité d’envoyer l’un des navires pirates, afin de découvrir des contrées lointaines inexplorées. Quand ils reviennent, le navire gagne plus d’expérience pour traverser des zones plus dangereuses, ce qui améliore la qualité des butins trouvés. Ils vont ramener des trésors inestimables, de nouvelles recettes et des ingrédients qui ne peuvent être trouvés que sur ces expéditions. Ils prennent cinq secondes de votre temps pour les commander, et il serait donc ridicule de ne pas les envoyer vu toutes les choses que vous obtenez.
Que penser au final de cet opus ? Tales of Berseria est un retour rafraîchissant pour reformer une franchise qui semblait être sur à cours d’idées. Son casting est sympathique, ses batailles addictives et son scénario prend assez de virages serrés pour en faire l’un des meilleurs dans l’histoire de la série des Tales of et notamment le plus sombre. Il y a une quantité surprenante d’humanité dans ce conte très sanglant où le motif principal est la vengeance.
Bien évidement, les personnes ayant joué à Tales of Zestiria verront de nombreuses référence, renforçant la mythologie des deux titres. Les personnes découvrant d’abord Tales of Berseria ne seront pas perdues pour autant.