On s’y perd un peu. Deux grosses licences concurrentes se disputent le titre « sniper » : Sniper Elite, d’abord, une série de jeux qui, en dehors des modes « zombies », a pour cadre la seconde guerre mondiale, et Sniper Ghost Warrior, une saga différente qui se joue, elle, à une époque plus contemporaine.
La (désormais) série des Contracts prend même, à travers son équipement, des accents légèrement sci-fi. Après un premier Sniper Ghost Warrior Contracts bien plus convaincant que les titres « principaux » de la saga, le spin-off revient avec la mission de confirmer la proposition. Alors, la cible a-t-elle été atteinte ?
(Test de Sniper Ghost Warrior Contracts 2 sur Xbox Series X réalisé à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Hitman
Bien que Sniper Ghost Warrior Contracts 2 se présente avant tout comme un pur FPS, il se comparera plus aisément à un Hitman qu’à Call of Duty. L’humour et la créativité en moins. On est en effet dans un jeu en vue à la première personne, dans lequel il s’agira d’éliminer ses ennemis en les shootant. FPS, donc. Cependant, débarquer en terrain hostile mitrailleuse à la main pour liquider les méchants à grands coups de rafales, même si c’est techniquement possible, ne sera pas d’une grande efficacité.
Le camp d’en face a en effet un certain répondant, et dispose de ressources face auxquelles seul, on ne fera décidément pas le poids : hommes en nombre, snipers inatteignables, et autres mortiers. Alors, il faudra ruser, avancer discrètement, éliminer les adversaires un à un sans éveiller les soupçons, voire pourquoi pas traverser certains camps comme un ninja, sans même éliminer qui que ce soit. On aura aussi tout un arsenal high-tech pour nous assister, du masque permettant d’analyser le terrain aux balles à tête chercheuses…
Les cibles principales seront bien évidemment, et de manière un peu forcée, à éliminer au fusil sniper. Mais le chemin pour atteindre le poste de tir sera traversé de façon assez libre, un peu à la manière d’un jeu bac à sable. L’utilisation du sniper ne sera d’ailleurs pas toujours la meilleure solution. D’abord parce que les fusils à longue distance ne sont pas les plus silencieux, et que le tir pourrait attirer l’attention. Mais aussi parce que le fait de laisser des cadavres sur le chemin de ronde d’une patrouille sera un excellent moyen de déclencher l’alarme, ce qu’on cherche a priori à éviter à tout prix.
Alors, il faudra surtout observer, comprendre le terrain, et se montrer patient pour profiter des meilleures opportunités. On est loin de l’action effrénée et des réflexes que réclame un FPS traditionnel.
Simulaction
Le cœur du jeu et son principal argument, ainsi que son titre l’indique, ce sont les tirs à longue distance, voire à très longue distance. On joue en effet un sniper, une sorte de tueur à gage, qui aura pour mission d’éliminer certaines cibles.
Le level design est ainsi fait que les cibles en question seront systématiquement hors d’atteinte, et c’est là que les compétences du sniper entreront vraiment en jeu. Patrouillant dans une zone industrielle impénétrable, ou effectuant son commandement depuis une presqu’île au large de l’endroit où l’on est parachuté, l’ennemi sera parfois à plus d’un kilomètre de distance !
Interviendront alors les « vraies » mécaniques de sniper : la patience et l’observation, d’abord, même s’il faudra aussi savoir saisir avec réflexe une opportunité, mais aussi les variables qui impacteront la trajectoire de la balle : sa course parabolique, le vent…
On utilisera alors nos jumelles pour mesurer la distance qui nous sépare de notre victime, avant de régler le fusil de sniper en conséquence. Restera à stabiliser la visée et à attendre que la cible se place dans une position vulnérable, et… BOUM !
Un tir réussi déclenche une cinématique au ralenti qui viendra accompagner la satisfaction du joueur. On suit alors la trajectoire de la balle, de la sortie du canon aux dégâts qu’elle vient produire chez sa cible : mâchoire arrachée ou cervelle explosée dans une effusion d’hémoglobine, de dents, et de morceaux d’os qui viennent récompenser graphiquement le travail accompli (!).
Certes, certains aspects techniques donnent dans la simulation. Mais ce sont plus des éléments de gameplay que de véritables éléments techniques. Le jeu n’est, au final, pas exactement réaliste. On se balade par exemple une bonne partie du jeu en rampant dans le maquis parmi les branches sans que jamais un craquement ne vienne attirer l’attention autour de nous. Et heureusement, au risque de rendre le jeu injouable !
Slow-FPS
On l’a vu plus haut, une capture d’écran de Sniper Ghost Warrior Contracts 2 pourrait facilement le faire passer pour un FPS à la CoD. Le gameplay, le rythme d’une partie et ce que le jeu attend du joueur en font en fait l’exact contraire.
On a affaire ici à un jeu de patience et d’observation. On pourrait presque parler de slow-FPS, par opposition aux fast-FPS que sont les Doom et autres Prodeus. Ici, ce n’est pas la quantité (de balles tirées, d’ennemis éliminés…), mais la qualité (du shoot) qui importe.
Le titre n’est pas une promenade de santé (le jeu possède quatre niveaux de difficulté, et il faut être un tant soit peu précautionneux dès le second…), et on paiera assez rapidement chaque risque inconsidéré, chaque faute d’inattention.
Le jeu ne s’adresse ainsi pas à tout le monde, et surtout pas au joueur amateur de CoD et autre Battlefield, qui serait en quête d’une alternative en attendant la sortie d’un nouvel épisode de son jeu préféré. En tout cas pas s’il cherche une expérience similaire à ces derniers. Par contre, si vous êtes du genre à prendre votre temps, et si vous montrer plus malin que la machine est pour vous une réelle source de satisfaction en jeu vidéo, alors voilà un titre pour vous !
Pas tellement de surprises dans ce deuxième épisode pour qui a joué à Sniper Ghost Warrior Contracts : on est sur le même jeu, à cela près que les plaines glaciales et enneigées laissent place au désert, aux jungles asiatiques et à un soleil de plomb. L’occasion pour le jeu d’afficher de beaux effets de lumière dans des décors plutôt réussis. On pourra lui reprocher des mécaniques de plateformes (saut, escalade) assez maladroites, mais pour le reste, sans être le summum de ce qui se fait dans le genre, le jeu assure techniquement comme il faut. Son gameplay demandant patience et concentration est fait sur mesure pour les amateurs d’infiltration, mais en fait aussi le FPS idéal des joueurs nuls aux FPS !