Avant de commencer la présentation d’Oddworld Collection, et pour comprendre tout l’engouement que provoque notre cher Mudokon, il faudra revenir à une date et un jeu. L’année 1997 marque l’arrivée d’un célèbre jeu de plateforme en 2D (à l’heure où la 3D semblait s’imposer petit à petit), l’Odyssée d’Abe. Vous y incarniez donc Abe issu du peuple Mudokon et « employé » chez RuptureFarms, l’une des plus grosses usines à viande du pays. L’emploi des guillemets est ici nécessaire, puisqu’Abe et son peuple sont en fait esclaves d’une autre espèce, les Glukons.
Un soir, tandis qu’Abe exerçait son métier de technicien de surface, il surprend une conversation des dirigeants de l’entreprise. Les profits sont en chute libre et RuptureFarms tente coûte que coûte de remettre l’usine sur pied. Pour ce faire, lors d’une présentation de projet qui ressemble à s’y méprendre à une réunion digne des plus grands méchants, un nouveau produit est présenté. Malheureusement, l’ingrédient secret réside dans l’utilisation des semblables d’Abe. Pris de panique, celui-ci s’enfuit et ainsi commencent les aventures de notre Mudokon favori !
Bien des années plus tard, Oddworld Collection nous est présenté pour le plus grand bonheur des fans. Il s’agit ici d’une compilation de trois jeux, New’n Tasty le remake de l’Odyssée d’Abe, vient ensuite L’Odyssée de Munch et enfin Oddworld: Stranger’s Wrath.
( Test d’Oddworld Collection réalisé sur Switch via une version fournie par l’éditeur)
New’n Tasty
Difficile de passer à côté du tout premier jeu qui compose l’Oddworld Collection, il s’agit d’ailleurs du remake de L’Odyssée d’Abe paru donc en 1997. Le jeu nous permet ici de nous mettre dans la peau d’Abe, vulgaire Mudokon destiné à l’abattoir. Vous ressentirez parfaitement votre condition d’esclave puisque vous serez totalement vulnérable aux tirs des Slugs et vous ne disposerez d’aucune arme pour vous défendre, mise à part la fameuse capacité d’envoûtement qui vous permettra de posséder certains ennemis. L’utilisation d’un format 2D reste ici agréable vu la construction des niveaux qui ont eux-mêmes une certaine verticalité.
Ce remake nous offre quelques difficultés concernant les sauts à effectuer, puisque vous aurez besoin d’un timing quasi parfait pour les réaliser. Certains niveaux prendront la forme de promenade à dos d’Elum (une créature bien sympa qui vous autorisera à la monter et qui vous aidera à franchir certains gouffres). Nous avons affaire ici à un jeu plutôt exigeant qui vous fera mourir et réessayer à de nombreuses reprises (votre testeuse est restée bloquée sur un passage particulier pendant une bonne demi-heure, par exemple).
En ce qui concerne l’histoire même de Abe, on appréciera ici cette splendide satire du capitalisme, représenté par des Glukons empêtrés dans leurs imperméables, cigare au bec. En somme, la caricature même d’un chef d’entreprise peu scrupuleux et où seuls comptent les bénéfices et le profit, peu importe les moyens humains ou mudokoniens (en l’occurrence) mis en place. Car ici votre but sera des plus simples : vous mettre à l’abri et selon votre moralité, vous devrez tenter de sauver votre peuple des griffes de RuptureFarms. Une fin différente vous attendra en fonction des choix que vous effectuerez dans votre aventure.
Au-delà des aspects techniques et scénaristiques, Oddworld Collection doit faire partie de votre bibliothèque. Le premier mot qui nous vient en tête lorsque nous parlons d’Abe et de son odyssée, c’est la nostalgie, les premiers pas effectués sur la PlayStation par exemple. Cette sensation d’être investi d’une mission primordiale nous envahit dès le départ du jeu puisque vous avez la lourde tâche d’empêcher l’extinction de votre espèce. Voici donc les quelques éléments marquants concernant le tout premier titre de cette compilation.
L’Odyssée de Munch
En ce qui concerne ce deuxième opus, l’action prend place quelques années plus tard en compagnie d’Abe encore et toujours ainsi qu’une autre petite bestiole fort sympathique appelée Munch. Il est d’ailleurs le dernier représentant de son peuple, les Gabbits. Par la force des choses, lui et Abe se verront contraints de coopérer pour libérer les œufs appelés Gabbiar dans le jeu, pour tenter de faire renaître de ses cendres le peuple décimé de Munch.
L’épisode suivant de cette compilation se veut novateur puisqu’à l’époque, il est développé en full-3D, grande première donc pour le célèbre platformer ! Cependant, l’utilisation de la troisième dimension ne va pas forcément réussir au jeu, puisqu’on se retrouve avec un titre qui a passablement mal vieilli, et SURTOUT une caméra qui n’en fait qu’à sa tête et qui vous vaudra des parties de jeu plutôt difficiles tant que vous n’aurez pas dompté la bête.
Cette suite s’inscrit directement dans l’univers Oddworldien aussi sombre qu’empli d’humour. Derrière cette odyssée, nous pouvons supposer que se trouve une critique des expérimentations animales. Il faut aussi savoir que Munch est équipé d’un sonar qui vous permettra de balancer des châtaignes à vos ennemis, et on remarque d’ailleurs quelques différences entre Abe et son comparse. Là où l’un semble agile et rapide, l’autre sera un peu lourd mais capable d’attaquer ses ennemis et il aura des compétences de nageur hors pair, ce dont notre Mudokon ne peut pas se targuer.
À nouveau selon le niveau de votre karma, la fin sera différente, à vous de prendre les meilleures décisions possibles pour éviter à nos deux héros des destinées pour le moins tragiques. Si les deux premiers épisodes se retrouvent dans un univers proche l’un de l’autre, le troisième et dernier opus d’Oddworld Collection se trouve quant à lui à des milliers d’années-lumière des usines et consorts.
La fureur de l’Étranger
S’il est un épisode étrange parmi cette collection, c’est bien celui-ci. À l’opposé de ses congénères en termes d’ambiance, on y retrouve pourtant toujours cette patte qui nous permet d’identifier l’Étranger comme faisant partie du biome Oddworld. Finis les sauvetages dans les usines et place aux grands espace de l’Ouest sauvage ! Cependant, étrange n’est pas négatif ici, bien au contraire puisque cette aventure se démarque complètement de ses aînées.
Le jeu reste en 3D cette fois encore et les développeurs semblent avoir appris de leurs erreurs puisque ce n’est plus la croix et la bannière pour contrôler la caméra. Grande nouveauté cette fois-ci avec la possibilité de switcher (vous l’avez, n’est-ce pas ?) entre une vue à la troisième personne et une vue FPS lors des phases de tir. Qui dit Far-West dit échange de tirs et donc armes, et vous serez pourvu d’un panel de munitions toutes plus loufoques les unes que les autres, des bolamites aux écureuils mignons qui tromperont la vigilance de vos ennemis !
Cette incursion dans le pays du western vous permettra d’incarner l’Étranger, créature au passé trouble qui se verra confier la tâche de chasseur de prime. Système pour le moins sympa puisque les criminels recherchés vous rapporteront plus d’argent lorsqu’ils seront capturés vivants. Un petit point négatif vient néanmoins ternir le tableau, puisque tous les dialogues ne sont pas traduits en français. Les dialogues principaux le sont. Quant aux dialogues plus secondaires, il faudra vous fier à vos oreilles, anglophobes. Fuyez, pauvres fous !
Pour terminer et vous faire un retour le plus objectif possible, le monde d’Abe est bien de retour dans le game. Ses ambiances sombres et oppressantes font toujours mouche, bien que nous nous accordons à dire que la 2D semble plus appropriée pour ce type de jeu, et le remake de L’exode d’Abe, Soulstorm, nous en donne confirmation.
Les seuls gros points négatifs que nous avons pu déceler dans cette compilation sont les gros soucis de caméra dans le deuxième épisode, avec une aventure qui a vraiment mal vieilli comparée au remake et à son frère. Nous tenons à insister sur ces points précis puisqu’au final, il n’y a que ceux-là qui viennent réellement ternir l’aventure. L’absence de doublage et de traduction dans le troisième opus peut être un frein pour certains joueurs, mais à notre sens, cela n’empêche absolument pas la compréhension de l’aventure puisque tous les dialogues principaux ont leur transcription.