Grand genre du début des années 2000, le MMORPG est une pierre angulaire du monde vidéoludique ayant vécu bien des tournants. Avec des millions de joueurs à travers le monde, peu de joueurs peuvent se targuer de ne jamais avoir essayé un MMORPG de leur vie. Pourtant, depuis quelques années, ce genre semble souffrir d’un ralentissement, n’arrivant plus à attirer autant de monde qu’auparavant. C’est dans ce contexte qu’Amazon Games s’est décidé à renverser la vapeur avec New World.
Il faut dire que face à des géants tels que World of Warcraft ou bien Final Fantasy XIV, bon nombre de MMORPG se sont cassé les dents et ont plongé dans l’oubli. Amazon a pourtant su mettre en avant son projet, cherchant avant tout à renouveler le genre pour offrir un vent de fraîcheur dans ces univers parfois trop similaires. Mais que retire-t-on de ce jeu une fois la hype du lancement terminée ?
(Test de New World sur PC réalisée à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
New World – À la conquête du nouveau monde
Afin de s’assurer de pouvoir s’élever au rang des plus grands MMORPG, il est important pour New World de réussir à se démarquer tant par son univers que par son gameplay. Si l’univers n’est pas des plus originaux bien qu’assez intéressant par son mélange fantasy et de conquête coloniale, c’est avant tout par son gameplay qu’il marque la différence. Le jeu cherche à réinventer le genre, notamment durant les phases de combat qui prennent une tournure plus typée action.
Oubliez le fameux ciblage automatique permettant à chacune de vos actions de faire mouche sans que vous n’ayez à lever le petit doigt. Ici, le jeu ne propose aucune forme de ciblage ni aucune forme d’attaque automatique. C’est à vous d’ajuster votre visée et votre rythme attaque/parade pour ressortir victorieux des affrontements. Plus brouillons dans les premiers temps, les combats s’en retrouvent à être beaucoup plus dynamiques et nerveux que sur des jeux tels que The Elder Scrolls OnLine, qui s’étaient essayé au même exercice, mais de manière bien moins poussée.
Il en résulte des combats où les joueurs se sentiront plus impliqués, plutôt que de simplement attendre que leurs compétences s’activent. D’ailleurs, parlons-en des compétences. À la différence d’un WOW, il n’est pas question ici d’apprendre une pléthore d’habiletés qu’il faudra maîtriser en de parfaites chorégraphies afin de s’assurer de maximiser leur efficacité. En effet, chaque arme ne peut utiliser que trois capacités parmi deux arbres de compétences, facilitant ainsi l’apprentissage des enchaînements.
Sur ce point, nous sommes mitigés. S’il est vrai que minimiser le nombre de compétences à utiliser est plutôt intéressant afin de rendre les combats plus nerveux, cela réduit aussi le sentiment de progression. Les joueurs auront très rapidement leurs barres de compétences complétées par les trois capacités choisies, à partir de là, le sentiment de progression sera plus diffus, notre personnage répétant inlassablement les mêmes attaques, sauf en s’y prenant au jeu et en changeant perpétuellement d’arme.
Les développeurs ont d’ailleurs voulu pallier ce sentiment en permettant à nos héros de porter jusqu’à deux armes qu’ils pourront switcher durant le combat par une simple touche. Le nombre de compétences s’élève alors à six, ce qui, reconnaissons-le, est plus correct, mais aussi moins pratique, car il oblige les joueurs à stopper nos attaques de manière intempestive. Tout cela retranscrit finalement un choix audacieux de la part des développeurs, l’absence de classes en début de jeu.
Dans New World, personne n’est Tank, DPS ou Heal selon sa classe, mais uniquement selon sa manière de jouer et l’équipement sélectionné. Les joueurs seront donc beaucoup moins limités par des archétypes même si l’armement ne permettra pas de faire n’importe quoi, du moins en HL (Haut Level). Mais attention, s’il est vrai que nous vous montrons un MMORPG plus typé action/casual, New World n’est en aucun cas un jeu qui délaisse la stratégie, puisque le choix de ses attributs et de ses bonus sera essentiel à la bonne progression de votre héros.
Un continent ravagé par la guerre
Tout cela est bien, mais n’oublions pas que New World est avant tout un jeu massivement multijoueur. Il est donc important de s’attarder sur les interactions entre joueurs, que ce soit pour le PVE (Player versus Environment) ou PVP (Player Versus Player). Encore une fois, on peut noter que le jeu d’Amazon s’inspire des plus grands pour ses serveurs, les joueurs seront donc mis en conflit au travers de trois factions parmi une dizaine qui se partageront le territoire, sachant que certains sont obligatoirement neutres.
Derrière ce simple élément de gameplay, on peut retrouver une certaine ingéniosité. D’un point de vue purement scénaristique, cela permet aux joueurs de se sentir impliqué dans l’histoire du continent (du moins sur le serveur) tout en apportant un sentiment d’appartenance. Un sentiment essentiel, car c’est ce dernier qui fera rester ou non les joueurs au fil du temps. Il suffit de prendre pour exemple le conflit horde/alliance qui anime toujours le cœur des joueurs de World of Warcraft.
Mais s’il était seulement question d’un plus scénaristique, cet aspect du jeu ne vaudrait pas la peine que nous nous y attardions autant. Le gros point fort, c’est qu’il légitimise le PVP ainsi que l’appartenance à des guildes. Car chaque colonie se voit dirigée par une compagnie (guilde) qui aura la responsabilité de diriger le territoire, décidant des taxes et des améliorations nécessaires à la prospérité du territoire. De plus, de manière régulière, des invasions vont être organisées par les compagnies adverses afin de prendre le contrôle du territoire.
S’engage alors une guerre PvP où les compagnies et leurs alliés s’affrontent pour la défense ou la capture du territoire. Bien que peu accessible aux jeunes joueurs, cette guerre est par contre le moment idéal pour tous les fans de combat qui souhaitent évaluer leur force sur le premier pégu venu, surtout que la carte se pare alors d’armes de siège et autres équipement de défense utilisable. Un plus pour New World qui ne propose pas beaucoup de contenu pour les joueurs PvP, ce dernier se destinant clairement à un public privilégiant le PvE.
Mais finalement, on peut s’interroger sur l’importance de ces conflits. Ont-ils un réel intérêt, à part montrer quelle faction est la plus puissante ? Et la réponse à cette question est oui. Les guerres apportent un réel plus, même aux joueurs ne se destinant pas au PvP. Car par le contrôle des territoires, chaque faction apporte divers bonus à ses membres et leur permet aussi des récupérer des ressources nécessaires à la seconde grande partie de ce jeu, à savoir les métiers et le crafting.
New World – La chasse aux minerais est ouverte
Il nous paraît inconcevable de proposer une critique de New World sans vous parler de l’exploration et de la quête perpétuelle de ressources afin d’améliorer vos métiers. Car il s’agit là d’un élément essentiel qui risque de rythmer une bonne partie de vos sessions. La recherche et la commercialisation représentent sûrement l’une des rares méthodes pour vous faire de l’argent en jeu. Les quêtes vous fournissent des récompenses pécuniaires, mais mis à part ça, aucun marchand ne viendra acheter vos déchets et autres équipements obsolètes.
Il est donc très important de vite prendre le coup de récupérer le plus possible de matériaux pendant vos explorations afin de combler vos besoins. Heureusement, la carte de New World est assez grande pour ne pas vous donner l’impression de toujours explorer les mêmes endroits, bien que quelques biomes supplémentaires auraient permis d’avoir un vrai sentiment d’exploration. Si l’absence de monture peut paraître dérangeante au départ, on se fait très vite à cette contrainte tant les ressources pullulent sur ce continent.
Mais attention, ici, à la différence d’autres jeux, vous n’êtes pas limité par un maître de métier. Chaque joueur peut sans aucun problème passer de la forge à l’alchimie. Bien entendu, des paliers de progression sont présents afin de vous faire débloquer de nouvelles recettes, permettant un sentiment d’avancement. Toutefois, comme pour les quêtes et le bestiaire, nous noterons une certaine redondance dans ses activités qui pourra lasser les joueurs les moins patients.
Le système de métiers est au final très représentatif de ce que recherchent les développeurs de New World. Il n’est pas question ici de proposer un monde qu’ils ont entièrement façonné, mais au contraire de nous donner une ébauche d’univers et de nous laisser ensuite la liberté d’en disposer comme il nous convient. Le joueur ne se sent jamais limité par une classe, un métier ou autres, les seules limites sont celles que son expérience et lui-même s’imposent. Et n’est-ce pas là l’essence d’un MMORPG ?
Après de nombreuses heures passées sur New World, à accomplir des quêtes, visiter des donjons et forger des lingots de fer, nous sommes en mesure de dire qu’Amazon a amplement rempli son défi. Le jeu proposé est assez attrayant pour pousser les gens à la première connexion et les maintenir sur les serveurs.
Si le MMO a subi quelques revers à ses débuts avec ses problèmes de file d’attente, nous ne doutons pas qu’il s’en remette vite tant l’expérience proposée est agréable. Toutefois, il ne s’agit ici que de spéculations, car la réussite d’un tel jeu ne s’évalue pas en quelques semaines, mais en années.