Voilà maintenant vingt ans que les joueurs de MMORPG peuvent explorer la Tyrie, territoire parsemé d’antagonistes acharnés et de guildes prêtes à mettre à genoux n’importe qui pour remporter les affrontements joueur contre joueur. Pour cette occasion, ArenaNet a décidé de donner au titre une seconde vie par le biais d’une mise à jour baptisée Guild Wars Reforged, dont nous vous parlions il y a peu. Cet événement est une surprise en soi, et vous en apprendrez plus sur ses tenants et aboutissants dans un précédent article. Ici, nous sommes surtout là pour publier, avec un poil de retard, un avis sur ce monument de la culture du MMO sur PC.
Il faut commencer par un avertissement : le titre a vieilli, c’est bien normal. Loin d’un World of Warcraft Classic, dont les mécaniques et l’approche visuelle tiennent encore la route en ces années 2020, Guild Wars est outrageusement daté dans tout ce qui concerne son expérience de jeu. Il ne faut pas oublier qu’il a vingt ans. Mais rassurez-vous : nous essaierons de pondérer au maximum nos mots, de sorte à justifier d’une objectivité relative, entre nostalgie, candeur et réalité du marché.
(Test de Guild Wars sur PC via une copie commerciale du jeu dans le cadre de la mise à jour intitulée « Reforged »)
Toujours aussi bon
Guild Wars n’est pas un MMORPG classique. Déjà à l’époque, on parlait plutôt de CO-RPG, un jeu entièrement faisable en solo, mais doté d’une forte inclinaison coopérative. La carte n’est pas ouverte, mais plutôt subdivisée en une centaine de petits hubs instanciés contenant ses PNJ, ses quêtes et ses missions de scénario. Ces hubs sont les lieux sociaux, où l’on croise des joueurs et recrute des mercenaires (des PNJ automatisés qui servent à créer un groupe de jeu sans la contrainte sociale). Ces zones sont ensuite reliées par de grands espaces semi-ouverts, où se trouvent les objectifs de quête, les monstres et tout ce qui concerne la construction d’un MMO classique.
En termes de personnages, le titre est également très particulier. Il faut évidemment choisir une classe de départ, mais aussi une seconde classe et une extension de départ. Car oui, Guild Wars divise son expérience en trois campagnes majeures : Prophecies, Factions et Nightfall. Reforged a d’ailleurs le bon goût d’unifier ces trois jeux de base en un seul sur les marchés en ligne, réduisant ainsi le prix et la difficulté d’accès.
Nous voici ainsi aux commandes d’un personnage affublé de deux classes qu’il va falloir faire fonctionner convenablement (ou ignorer la seconde pour se concentrer sur la première) dans sa construction de build. Et nous sommes bien forcés de constater que cela fonctionne encore hyper bien. Avec une quantité de sorts très respectable, la possibilité d’en récupérer sur les cadavres des monstres que l’on croise, et tout un arsenal d’objets et de statistiques, il y en a pour tous les goûts.
Ajoutons à cela les héros, la suite logique des mercenaires mentionnés plus haut. Ils se présentent sous la forme de PNJ automatisés dont l’équipement et le build sont entièrement à la charge du joueur. Ainsi, on incarne un seul personnage, mais l’on a la possibilité d’en jouer finalement huit, construction et barre de sorts comprises.
Le MMO de Papi Ferdinand
Côté gameplay, en revanche, la longévité du titre a fait passer la rythmique d’un genre à l’autre. En 2005, il était tout à fait valable de parler d’un rythme nerveux ; aujourd’hui, on préférera parler de tactique. Autrefois, on tapait frénétiquement sur nos boutons. Aujourd’hui, le jeu a pris de l’âge et tout est plutôt question de préparation, de buff et d’installation avant d’aller chercher le prochain groupe d’ennemis.
Alors évidemment, cette problématique de l’âge vient avec son lot d’embrouilles classiques des jeux de l’époque, comme certains soucis au niveau de la portée des sorts, des angles de vue des monstres, des murs invisibles ou des obstacles gênants. Le netcode peut aussi se retrouver dans les fraises lorsqu’il s’agit d’enchaîner les différents sorts (et, de façon plus générale, les temps de recharge et la consommation de ressource peuvent s’avérer peu compréhensibles).
Tous ces éléments sont, indubitablement, des défauts lorsqu’ils sont vus par l’œil d’un joueur habitué au luxe des jeux de notre époque. Il s’agit donc vraiment de rétrogaming, et ce, malgré la mise à jour graphique.
Un coup de pinceau et puis s’en vont
On arrive là au cœur du problème : la mise à jour graphique n’en est pas une. On pourrait tergiverser pendant des heures à parler d’anticrénelage, d’occlusion ambiante et toute une suite de mots barbares pour trouver des raisons de se relancer dans le jeu, mais il n’en est rien. Pour l’œil du joueur lambda, Guild Wars Reforged ne change rien à l’aspect visuel du jeu. C’est évidemment dommageable quand on sait que le titre était déjà vieillissant il y a dix, voire quinze ans.
Il faut tout de même souligner une avancée majeure pour le titre : la prise en charge manette. Cette dernière est efficace, fonctionne sans accroc et permet aux joueurs de profiter du jeu sur un Steam Deck, dans leur canapé ou sur des périphériques moins classiques comme une PS Vita. Après vingt ans de bons et loyaux services, on peut enfin profiter de la Tyrie sans clavier ni souris, ce qui n’est toujours pas le cas d’un autre grand continent du jeu vidéo en ligne…
On ne va pas passer par quatre chemins : Guild Wars Reforged n’est pas une mise à jour révolutionnaire. L’aspect visuel n’a quasiment pas changé pour un néophyte, et le jeu n’a pas reçu d’amélioration particulièrement notable. Seule la possibilité d’y jouer à la manette pourrait éventuellement permettre à un plus vaste public de s’y essayer.
Reconnaissons néanmoins que le jeu, s’il a vieilli dans son aspect, s’est affiné comme un bon vin dans son gameplay. Les mécaniques qui le composent sont toujours aussi pertinentes, et son passage involontaire du nerveux au tactique lui offre une seconde couche de verni pertinente. Enfin, ne boudons pas le plaisir de voir le prix du jeu drastiquement réduit à une époque où tout est prétexte à augmenter le coût de nos loisirs du quotidien…


