Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers temps, les amoureux de la licence « de niche » (comme on dit) Earth Defense Force ont de la fourmi à se mettre sous la dent. Entre l’épisode canonique très efficace Earth Defense Force 5, le shoot’em up à l’ancienne en vue du dessus Earth Defense Force 4.1: Wing Diver the Shooter et le tout nouveau Earth Defense Force: Iron Rain, les arachnophobes et autres partisans de la guerre contre les invasions extraterrestres ne sont pas dépaysés.
C’est à ce petit dernier que l’on va s’intéresser aujourd’hui, afin de déterminer sa pertinence par rapport à ses ancêtres, et également vis-à-vis de sa sortie assez peu éloignée de celle de l’épisode 5, en termes de délais habituels entre différents opus au sein d’une saga vidéoludique. L’heure est (encore) venue de prendre les armes, fiers défenseurs de la Terre : l’ennemi est à nos portes, et il n’est pas venu pour négocier…
Des animaux et des hommes
On ne va pas s’attarder des heures sur le scénario, cette fois encore. On le connaît tous : la Terre est la cible d’une invasion extraterrestre massive, et comme d’habitude, les envahisseurs débarquent accompagnés de légions entières de créatures géantes en tous genres et de mechas dévastateurs. Manque de bol, ils vont tomber sur un os, car la planète possède un dernier recours, un dernier rempart face à la déferlante implacable : la Earth Defense Force. Comme d’habitude, c’est à vous, sous les traits d’un de ces vaillants guerriers, de vous y coller pour sauver l’Humanité.
Dès le lancement de la première partie, on se rend immédiatement compte, si on est un aficionado de la série, que cet épisode, développé par un autre studio que celui des opus habituels (Sandlot), sera à la fois similaire et différent de ses ancêtres. On y reviendra tout au long de notre analyse. Pour commencer, dans Earth Defense Force: Iron Rain, on n’a pas le choix de la classe de soldat comme dans les autres, mais par contre, on a l’opportunité de personnaliser son avatar (choix du sexe, couleur de peau, des cheveux, de l’armure…).
Cette absence de classes risque de faire bondir les puristes, ceux qui préféraient les Wing Divers volantes ou les gros tanks bourrés d’armes, mais finalement elle n’est pas si handicapante que cela, puisque le problème est résolu au sein du jeu via les armures.
Armored corps
De fait, c’est en équipant telle ou telle armure à débloquer au fil du temps que vous aurez accès à des caractéristiques de combat différentes, comme la possibilité de voler, de chevaucher les ennemis, ainsi qu’à des différences en termes de résistance, de vitesse, de nombre d’objets qu’il est possible de transporter et d’action spéciale (overdrive) réalisable. Une variation sur le thème des classes usuelles, donc, qui n’est clairement pas une mauvaise idée. Ensuite, une fois votre personnage créé et son armure choisie, vous allez aussi devoir choisir deux armes à emporter au combat. Les armes ont toujours été un gros point fort des jeux EDF en termes de quantité et de variété de folie (lance-missiles, lance-roquettes, lasers, grenades, mitrailleuses…) et le petit dernier ne déroge pas à la règle, mais par contre, leur système d’acquisition diffère.
Dans les autres jeux de la licence, en combattant sur le terrain, on obtient 3 sortes de loot : de l’énergie vitale instantanée pour se régénérer, de l’armure pour augmenter ses points de vie en fin de stage, et des armes immédiatement accessibles au prochain niveau. Dans Earth Defense Force: Iron Rain, la notion monétaire fait son apparition, et même si vous trouvez les armes sur le champ de bataille, il vous faudra ensuite économiser pour les acheter et les débloquer, et idem pour votre niveau de santé maximal. Est-ce une bonne chose ou une mauvaise, à chacun de juger, mais en tous cas, le niveau de brouzouf dans votre portefeuille n’augmente pas suffisamment vite à notre goût par rapport à ce que coûtent les armes et améliorations.
Et puis, les amateurs de loot des anciens EDF risquent aussi de déplorer la faible quantité d’items à ramasser, là où auparavant les caisses pleuvaient sur le bitume au moindre ennemi dézingué. La progression dans Iron Rain est donc un peu plus lente que dans les autres EDF, et il va falloir comme d’habitude refaire plusieurs fois chaque stage en augmentant au fur et à mesure le niveau de difficulté (parmi 4 disponibles et avec des notes finales récompensant vos talents au combat) histoire de ramasser plus de butin et de pèze.
C’est dur, mais c’est bon (citation tirée d’un docu vu chez pépé en VHS sur la reproduction humaine)
D’ailleurs, un mot sur la difficulté justement, en passant. Earth Defense Force: Iron Rain s’avère nettement plus difficile que les autres jeux de la saga, qui demeure généralement plutôt casu à moins de choisir de transpirer pour récolter de meilleurs items. Là, même en niveau easy, on en cague rapidement des ronds de chapeau, à cause de la prolifération d’ennemis qui ne vous laissent que peu de moments de répit ni d’espace où vous réfugier. Surtout que certains « petits » nouveaux-venus dans le bestiaire sont assez agressifs et puissants.
Plus hard, donc. Mais aussi, plus beau et plus sérieux dans son concept, même si on reste toujours dans le registre de la série Z avec des grosses bestioles qui envahissent la Terre. Et ici, beauté et sérieux vont de paire aux yeux du joueur car ils sont interdépendants. Car si les EDF n’ont clairement jamais misé sur la qualité graphique pour privilégier le fun débridé de l’action, Earth Defense Force: Iron Rain se fend d’un rendu visuel nettement plus honorable que ses aïeuls, avec de belles textures, un travail sur les petits détails des rues en ruine et des parkings ravagés, et surtout des effets de lumières et d’explosion, particulièrement soignés. On n’attendait pas EDF au tournant concernant le rendu visuel, on est donc particulièrement satisfait de le voir aussi joli.
Plus joli donc, moins otaku jap on va dire, donc plus sérieux, non pas dans le sens de l’action de la série qui a fait sa réputation auprès des fans en dépit de moult critiques négatives de la presse spécialisée. On a ici des dialogues plus sérieux, plus scénarisés et adaptés à ce à quoi on aurait droit en cas d’attaque massive extraterrestre (en jap ou en anglais) plutôt qu’aux chants patriotiques délirants des anciens opus, par exemple, et comme nous le disions plus haut, couplé avec la qualité nouvellement acquise des graphismes, le rendu revêt un aspect plus mature, et ce n’est pas pour nous déplaire.
Kill’em all ! (Metallica)
Par contre, et ça aussi c’est un point positif, le jeu n’omet pas le fait que, comme on l’appréciait dans les anciens épisodes et un peu moins hélas dans le cinquième volet, on puisse venir combattre pour sauver la ville et qu’on se retrouve à la raser de fond en comble en balançant des roquettes à foison au pif, en ratant notre cible et en faisant tomber les immeubles avec une belle insouciance (eh, après tout c’est pour la bonne cause, colonel !). Encore un élément qui fait tout le sel des EDF qu’on retrouve avec joie. Ha, et on peut conduire des véhicules, aussi. Nice !
Terminons notre aperçu de ce Earth Defense Force: Iron Rain parfaitement fan-boyesque (le test hein, pas le jeu ; quoique…) en évoquant un peu les options proposées pour le solo et le multi. On a donc droit à la campagne solo qui, comme d’habitude avec cette série, s’avère très chronophage et fournie, mais vous pouvez aussi, au choix, jouer en écran splitté avec un copain en co-op sur votre canap’, faire de même online avec des autres gens que vous ne connaissez pas, ou encore affronter ces mêmes autres gens plutôt que de vous en faire des compagnons d’armes. Un menu aussi complet que celui d’un maxi Burger King donc. Un régal (comme ledit restaurant). Et comme dessert, une encyclopédie viendra vous délecter de ses infos sympathiques.
Earth Defense Force: Iron Rain est un TPS à la fois fidèle à ses origines et capable de proposer quelques petites originalités bienvenues, comme des graphismes revus à la hausse, un ton plus sérieux, une poignée d’ennemis nouveaux, ou encore un système de progression inédit dans la série.
Il reste un jeu réservé à un public qui suit probablement la saga depuis ses débuts et risque de ne pas découvrir celle-ci avec ce nouvel opus, et opère quelques choix qui ne plairont peut-être pas aux puristes non plus. C’est cependant, pour un titre réalisé, comme l’épisode américain Insect Armageddon, par un studio différent de celui auquel on est accoutumé, un bel ajout à la lignée qu’aimeront probablement tous les amateurs de série Z et de grosses bébêtes. Allez, once again : EDF ! EDF !