Dead Cells est un jeu qui, de l’aveu de Motion Twin (le studio français en charge du développement), est le premier représentant d’un genre nouveau : le Roguevania. Pour les non-initiés, derrière ce mot un poil barbare se trouve un jeu qui combine des éléments de gameplay de titres comme Castlevania ou Metroid (où vous progressez en trouvant des objets, donc sujet à l’exploration) à des codes propres au Rogue-like (softs difficiles dont la mort est souvent une mécanique de jeu).
Tout juste sorti sur Nintendo Switch, Xbox One et PlayStation 4, il est disponible depuis près d’un an sur PC où il était, jusque là, en accès anticipé. Profitant alors de nombreux mois de test et de retour de joueurs, Dead Cells nous propose-t-il une expérience solide ?
Mourir, c’est partir un peu mais apprendre beaucoup
La vie est une leçon constante. On se lève le matin, on commet des erreurs et on en apprend. On est tous d’accord, cette triste réalité est notre quotidien. Chose intéressante, elle est également une mécanique derrière le titre du studio français. Vous êtes le fruit d’une expérience alchimique manquée et vous commencez votre vie au fond d’un lugubre cachot. Vous vous saisissez d’un corps et avec ce nouveau véhicule, vous allez devoir trouver votre chemin vers la sortie. Mais ce chemin vous verra tomber de nombreuses fois tant les ennemis et les pièges qui le pavent sont autant de geôliers agressifs qui vous trouvent bien à votre place.
Avant votre première partie, il est important de préciser ce qui va suivre : il va vous falloir être prêt à prendre des petites leçons puisque forcément, Dead Cells n’est pas facile. Représentant son côté Rogue-like (ou « -lite » pour les fanatiques de terminologie), la mort vous dépossédera de tous vos objets et de vos avancées en cartographie.
De plus, chaque trépas modifiera les niveaux puisque ceux-ci sont générés de manière procédurale. Ainsi, non seulement vous repartez nu comme un ver mais en plus, les repaires que vous aviez créés n’existent plus. Et des défaites, vous allez en essuyer même si votre personnage manipule avec aisance les armes offertes au début de chacune de vos vies (une épée et une arme secondaire en la présence d’un bouclier de fortune ou d’un arc), mais ce n’est pas avec ces armes low-tiers que vous allez mener à terme votre voyage (même s’il est possible de le faire en vrai).
Oui parce que le combat est vraiment un des points forts du jeu. Afin de vous défendre, vous pouvez emporter 2 armes principales et 2 armes secondaires. Les armes principales sont généralement des armes classiques privilégiant généralement le corps à corps (même si on y trouve aussi les arcs entre autres) alors que les armes secondaires vous font généralement jouir de dégâts de zone comme des grenades ou des tourelles. Le coup de génie c’est que chacune de ces armes (qui sont d’ailleurs aussi violentes que variées) apportent du nouveau côté gameplay.
Au-delà des coups visuellement différents, chacune de ces armes est intuitive et vous serez rapidement à l’aise même si vous l’utilisez pour la première fois. Ainsi il n’appartient qu’à vous de vous familiariser avec toutes celles que vous recevez pour qu’à mesure que vous remplissez votre inventaire, vous trouviez les armes qui correspondent à votre style de jeu. Et tous y trouveront leur compte !
Une leçon de sur-vie
Mais les armes ne sont pas les seules choses que vous ramasserez dans les niveaux de Dead Cells et ces éléments sont tout autant importants pour votre avenir que vos joujoux. En effet, au gré de vos pérégrinations, vous pourrez trouver de l’or, des schémas, parchemins et même prélever des cellules sur le corps des malheureux qui se seront frottés à vous. Si l’or vous permet de toujours customiser votre inventaire, tous ces autres objets en revanche vous permettront de mettre la main sur des compétences qui seront tout aussi cruciales pour votre progression, car ils restent avec vous après le trépas.
Forcément, on va distinguer 2 catégories. Dans la première catégorie se trouvent les parchemins et les schémas. Les premiers vous octroient un bonus d’affinité avec vos armes et vous permettent, si vous les associez avec les bons outils, d’infliger plus de dégâts. De plus, ils augmentent vos points de vie, ce qui est loin d’être négligeable. Les seconds vous donnent accès à des mutations, pouvoirs que vous pouvez acquérir entre chaque niveau et qui vous apportent des bonus supplémentaires tels que des compétences de vampirisme ou autres capacités du genre. Cependant, ces 2 éléments disparaîtront à votre mort. Afin d’en profiter à nouveau, il vous faudra les racheter.
Les cellules sont elles aussi une monnaie d’échange. Entre chaque niveau, vous pouvez les échanger avec le Collecteur pour bénéficier de bonus permanents et indispensables à votre progression. Potions, modification de la puissance des armes que vous récupérez en revenant à la vie… Toutes ces options indispensables se trouveront chez lui. Enfin, les derniers sont les runes. Ces objets ne sont débloqués que quand vous éliminez des boss et marquent donc un tournant dans l’aventure. Bien entendu, vous ne perdez pas les compétences qu’elles vous offrent et ces dernières permettre d’ouvrir d’autres chemins afin de poursuivre l’exploration.
Pour les amateurs de sensations fortes qui ne seraient pas comblés encore, Dead Cells a toujours un peu plus à vous proposer. Votre bosse est roulée ? Vous avez l’habitude de ces expériences ? Dead Cells est speedrunner-friendly. Effectivement, si vous vous sentez à l’aise avec l’expérience, vous trouverez ça et là dans le jeu des portes qui ne restent qu’un temps très limité. Ces portes vous donnent accès à des objets rares et spéciaux comme des armes ou un bonus de cellules. Cependant, il va falloir se dépêcher. Pour les accro à la technique, des zones secrètent vous permettent aussi de vous renforcer mais il vous faudra pour en profiter passer par des chemins couverts de pièges où l’erreur ne pardonne pas. De quoi donner aux amateurs de frisson ce qu’ils recherchent.
La douce étreinte de la mort
Enfin, difficile d’aborder Dead Cells sans parler de son habillage. Motion Twin a décidé d’opter pour une direction artistique à mi-chemin entre rétro et modernité. Se mélangent donc élégamment pixel-art finement travaillé mais aussi couleurs et effets de lumière qui cassent avec les tons sombres des premiers niveaux. Parlant de niveaux, chacun d’entre eux possède sa propre identité visuelle, proposant parfois des décors époustouflants sur coucher de soleil par exemple. De plus, les différents tableaux fourmillent de petits détails, que ce soit des messages cachés sur des corps autant que des petits animaux qui apporteront un peu de vie (de mort) et de fantaisie à cet univers en apparence assez terne.
Ensuite, au-delà de leurs esthétiques et de leurs gimmicks propres, chacun des niveaux est bien construit grâce à un moteur de génération efficace. Effectivement, créer des niveaux logiques n’est pas donné à tous et pour un jeu qui consiste en partie à explorer des niveaux d’un bout à l’autre à la recherche de secrets, il faut quand même une certaine cohérence. Bien entendu, il est possible de tomber dans des culs-de-sac.
Seulement, aucune frustration sur ce plan-là car votre temps n’est jamais perdu grâce à un excellent système de téléportation qui rappelle Castlevania. Mieux cependant, pas de salle à part, vous pouvez vous déplacer de l’un à l’autre très rapidement, sans pénalité et sans perdre de temps, ce qui est réellement bienvenu tant il peut être frustrant de revenir sur ses pas dans lors de tout jeu axé aventure.
Mais là où Dead Cells brille le plus, c’est dans sa fluidité. Le titre sort avec une fluidité exemplaire. Associer cela avec l’animation des graphismes qui ne souffre d’aucun temps mort et reste toujours fluide et dynamique tend à rendre cette expérience visuellement délicieuse. Aucune concession n’a été faite aussi bien dans les sections de platforming que dans les combats où, justement, l’impact de chacun des coups est retranscrit.
La fluidité est toujours au rendez-vous et ce soin apporté à l’ensemble confirme que si jamais un accident a lieu, il sera toujours dû à des ennemis trop puissants ou une erreur de votre part, le châtiment sera toujours sévère mais juste. Tout est mis en oeuvre afin que vous puissiez vivre cette expérience de la meilleure façon possible.
Dead Cells est à classer parmi les plus grands. Non, il ne redéfinit pas un genre et non, il n’est pas original mais son gameplay intuitif, sa marge d’apprentissage et de technique parfaite rendent cette expérience mémorable. Avec sa direction artistique semi-rétro et fluide comme l’eau, son absence d’histoire et sa promesse d’un moment engageant et immersif (la preuve s’il en est qu’on n’a pas besoin de VR ou d’open-world pour convaincre), Dead Cells a toutes les cartes en main pour devenir un jeu atemporel faisant fi du passage du temps.
Pour une partie de 5 minutes, ou une run de plusieurs heures, aujourd’hui, dans 1 semaine, ou dans 10 ans, Dead Cells sera toujours le même et permettra une expérience dynamique et nerveuse où la mort n’est pas frustrante mais un éternel recommencement.