C’est désormais chose faite : les plus grands clubs d’esport français mettent en place l’Union Française des Clubs d’Esport Professionnels pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs supporters. Ce sont notamment Gentlemates, Karmine Corp, Vitality, Solary et Mandatory qui se concertaient depuis plusieurs mois afin de trouver les modalités de ce syndicat.
Dirigé par Nicolas Maurer (Vitality), avec Arthur Perticoz (Karmine Corp) en tant que secrétaire et Alexandre Job (Galions) au secrétariat, ce syndicat va permettre aux clubs d’esport français de s’exprimer d’une seule voix lors de potentielles négociations.
C’est un travail de structuration nécessaire. Entre le public et les équipes, les enjeux de l’esport en France concernent environ 12 millions de personnes. L’Union permettra de représenter tous ces acteurs, notamment face aux pouvoirs publiques, qu’ils soient nationaux ou internationaux.
Derrière la création de ce syndicat, un problème subi par les structures : beaucoup de questions autour du milieu attendent une réponse institutionnelle, elles restent pourtant ignorées. Parmi les plus pressentes, on retrouve les visas attribués aux joueurs et l’accompagnement des jeunes talents.
« Le milieu prend de plus en plus d’ampleur et il faut donc pouvoir le structurer de la meilleure des manières. Cela permet de professionnaliser l’industrie. Aujourd’hui on parle de vrais clubs vis-à-vis des éditeurs. » – Lucien Melki, acteur majeur de nombreux partenariat entre des équipes et leurs sponsors.
« Professionnaliser l’industrie », car cette Union ne sort pas de nul part. Si, sur le terrain, une rivalité féroce anime les différentes structures, dans l’ombre les représentants des organisations travaillaient déjà main dans la main depuis longtemps.
C’est le bon moment pour lancer le projet : cette année, la France a une place spécifique dans le circuit esportif, puisque plusieurs compétitions majeures auront lieu chez nous cette année. C’est le cas, notamment, de l’EVO 2025, principale compétition de jeux de combat, des championnats du monde de Valorant et de Rocket League.
Dans le même temps, les pouvoirs publics semblent s’intéresser à la discipline, au moins de manière superficielle. Déjà, le 3 juin 2022, Emmanuel Macron recevait des acteurs du milieu, tels que Kameto (co-fondateur de la Karmine Corp), ZeratoR ou Gluttony pour promettre de faire de la France une « grande nation » de l’esport.
Suite à cette rencontre, des petites avancées ont déjà été atteintes. Le passeport talent, permettant aux travailleurs qualifiés et aux sportifs de haut niveau de s’installer sur le territoire français a été étendu pour couvrir l’esport.
Cependant, force est de constater que ce n’est pas suffisant. Dans les réponses apportées, le cadre institutionnel de l’esport reste flou, agir en tant qu’une seule institution permettra aux différents acteurs du milieu d’avoir plus de poids dans les discussions.
Il est bien là, le nerf de la guerre. Si l’on regarde la Corée du Sud, une nation réputée pour son esport, c’est très tôt que l’Etat a commencé à encadrer fortement les disciplines. Que ce soient les contrats, les visas, l’encadrement des jeunes talents, la Corée du Sud a son mot à dire sur la plupart des aspects du fonctionnement d’un club d’esport professionnel.
C’est à travers la mise en place d’une institution dédiée, la KeSPA, en 2000, que l’Etat sud-coréen réussit à capitaliser sur un engouement déjà présent à travers le pays. Aujourd’hui, si, il faut l’admettre, on tend à exagérer l’acceptation de l’esport par le public général dans le pays, il faut constater que le travail effectué par l’Etat avec la KeSPA et les structures ont grandement participé au développement de certaines disciplines esportives dans le pays.
En s’associant et cherchant à créer un dialogue plus productif avec les différentes institutions, les clubs français (enfin, francophones, puisque BDS fait partie de l’union) ont bien compris l’enjeu derrière une régulation plus sérieuse du milieu.
« [L’union] vise également à structurer, développer et faire grandir l’ensemble du secteur afin de garantir un écosystème plus solide, durable et compétitif. »
L’esport est dans une situation complexe, et c’est bien cette notion de durabilité qui en inquiète beaucoup. Arthur Perticoz l’expliquait dans une interview récente : la Karmine Corp est l’une des rares structures réussissant à être à l’équilibre. Pourtant, la structure ne met pas des salaires faramineux en jeu pour former ses équipes et dispose de l’un des groupes de supporters les plus investis. Si une structure se devait d’être réellement rentable, c’est bien elle.
Cela fait plusieurs années qu’une structure historique telle que Fnatic encaisse des revenus négatifs chaque année. Bien évidemment, les choix individuels des structures entre en jeu. Il faut constater que de plus en plus de structures font le choix de se cristalliser autour d’influenceurs afin de s’assurer un avenir. Que ce soit Gallions, GentleMates et, au delà de la France, des structures comme Los Ratones ou Koi, toutes profitent des groupes de fans de divers influenceurs.
Dans le même temps, peut-être, justement, à cause de la présence de ces influenceurs, le public et les groupes de supporters très investis ne cessent de croître. Le soucis, c’est qu’on peine à capitaliser sur ce public. Contrairement au sport traditionnel, l’esport ne dispose pas de droits de diffusion et est entièrement dépendant du travail de l’éditeur du jeu sur lequel se passe la compétition.
Cela fait énormément d’acteurs différents à prendre en compte. L’Union Française des Clubs d’Esport Professionnels donne un interlocuteur unique aux institutions pour les soucis liés aux questions légales. elle permettra également de communiquer avec les éditeurs, un second acteur majeur qui peut, parfois, se montrer peu coopératif.
Si, pour l’instant, ce sont douze clubs qui sont recensés dans l’union, il est fort possible que son influence s’étende. Arthur Perticoz en parlait, d’autres clubs pourront se joindre à l’initiative, d’abord en tant qu’observateur puis, potentiellement, en tant qu’acteur.
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