Une bonne idée ou un grand nom ne suffise plus à produire un jeu. S’il ne l’ignorait probablement pas, dans le métier depuis bien plus longtemps que tout le monde, Ron Gilbert, le créateur d’Indiana Jones and the Fate of Atlantis ou de Monkey Island, illustre désormais lui-même cette triste maxime. Alors qu’il travaillait sur un RPG néo-rétro aux allures de Zelda classique, l’auteur a dû tout annuler face à l’impossibilité de réunir les financements nécessaires au développement du titre.
« Faire un truc old school en pixels à la Zelda, ce n’est pas le truc du moment, alors les éditeurs ne nous accueillent pas façon « on va faire 100 millions de dollars, ça vaut le coup d’investir ». Les montants qu’ils sont prêts à mettre et les accords qu’ils nous ont offerts font que cela n’aurait absolument aucun sens pour moi de faire le jeu » – Ron Gilbert dans une interview à Ars Technica (traduit par la rédaction)
Même le crowdfunding, qui avait permis au développeur de financer Thimbleweed Park en 2014, ne semble plus être cette solution alternative permettant aux « vrais » indépendants de trouver des financements en dehors du circuit classique. « Kickstarter est, en gros, mort désormais, en ce qui concerne le financement des jeux vidéo », déclare ainsi Gilbert.
Ce qui découle de cette situation, c’est qu’il est de plus en plus compliqué de financer un projet original, considéré comme risqué, et les financements vont aux jeux supposément susceptibles de générer de gros résultats : les licences bien installées, et les genres en vogue à l’instant t, comme peuvent l’être le Souls-like sur les projets à plus ou moins gros budget, ou le Survivor-like parmi ceux plus modestes.
Et ironiquement, c’est donc dans cette direction qu’est allé Ron Gilbert, puisqu’il aura recyclé une partie de son travail pour ce RPG à la Zelda annulé dans le développement de Death by Scrolling, un jeu qui répond beaucoup plus aux préoccupations du moment des éditeurs, puisqu’il s’agit d’un Rogue-like à défilement vertical avec des éléments de Survivor-like, faisant légèrement penser à Ball X Pit, par exemple.
Si on veut encore espérer que Death by Scrolling sera fun, et pourquoi pas un hit qui permettra à Ron Gilbert de sécuriser d’autres projets, on ne peut s’empêcher de trouver un peu triste qu’un auteur si important doivent se conformer aux désidératas d’une industrie qui affiche parfois (souvent) une profondeur de champ très réduite, concentrée essentiellement sur les retours sur investissement à court termes.

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