Lors de la génération PS4/Xbox One, la branche jeux vidéo de Sony a marché sur l’eau. On se souvient de la panne au démarrage d’Xbox dont les erreurs de communication lors de la présentation de la console ont permis d’assister à l’un des plus gros troll de l’histoire de l’industrie. Cette vidéo, probablement tournée à la va-vite dans les coulisses de l’E3, a eu l’effet escompté en achevant un concurrent mis au sol par la grogne populaire, quand bien même Xbox a fait marche arrière sur tous les points qui faisaient débat à l’époque.
De quoi lancer sept années sans accroc notable pour la PS4 et atteindre aujourd’hui plus de 115 millions de machines vendues, faisant d’elle la deuxième console de salon la plus vendue de l’histoire, derrière les 155 millions de l’indéboulonnable PS2. Mais depuis deux ans, rien ne va plus. Pas forcément en termes de demande, la PS5 se vendant comme des petits pains à chaque réassort, mais plutôt en termes de communication et de pratiques commerciales. De quoi commencer à nous rendre inquiets sur l’avenir de la machine, déjà en train de perdre du terrain face aux Xbox Series.
Depuis 2020, PlayStation enchaîne les boulettes. L’entreprise a pourtant tenté de reproduire le coup de l’E3 2013 en annonçant très fièrement, au moment où Phil Spencer, président d’Xbox, explique très humblement que leurs titres exclusifs seraient cross-gen pendant quelques années, qu’eux croient aux générations de consoles. Mais ce n’était finalement qu’une tentative pour prolonger l’euphorie PS4 et cacher le virage beaucoup moins « For the Players » entrepris depuis la prise de contrôle de PlayStation par Jim Ryan.
En effet, malgré les beaux discours de façade, très rares sont les jeux first party réellement exclusifs à la PS5. Le soucis n’est pas vraiment là en réalité, mais plutôt dans la manière d’annoncer (ou de ne pas annoncer) que ses nouveautés paraissent aussi sur sa console précédente. Ce n’est pas lors de la diffusion des trailers que l’on apprend ces nouvelles, bien au contraire même, puisqu’ils laissent entendre que le titre serait exclusif à la nouvelle génération. C’est pourtant en examinant de près les articles du PlayStation Blog notamment qu’on apprend par exemple, presque caché derrière une astérisque, que God of War: Ragnarök sortira aussi sur PS4.
Une goutte d’eau, nous direz-vous, mais c’est une goutte d’eau qui commence à remplir un verre proche du débordement. D’autant qu’elle n’est pas la seule. On se souvient aussi des déclarations tonitruantes de Jim Ryan concernant les mises à niveau des jeux PS4 pour PS5, annoncées comme gratuites pour leurs titres maison, comme Horizon 2: Forbidden West, afin de s’aligner sur le « Smart Delivery » de Xbox, salué par les joueurs.
Finalement, non, et c’est encore sur un post de blog qu’on découvre que cette mise à jour sera facturée 10 €. Face à la grogne (légitime) des joueurs, les dirigeants de PlayStation reviennent sur cette décision, mais précisent que c’est la dernière fois, un peu comme à un enfant à qui on concède un dernier caprice. Néanmoins, pas question de baisser le tarif des versions physiques ou dématérialisées, vendues plus chères sur PS5 pour exactement le même contenu. Après tout, un sou est un sou.
L’histoire ne s’arrête pas là, et les décisions commerciales douteuses se suivent et se ressemblent. Les dernières en date, vous n’avez pas pu y échapper, concernent le nouveau PlayStation Plus qui vient d’être lancé en Asie. Ces derniers jours, contrainte de répondre à la polémique qui enflait, l’entreprise japonaise a pointé du doigt une « erreur » technique à l’origine de la surfacturation lors de la souscription à une offre Extra ou Premium aux bénéficiaires d’anciennes promotions.
Mais en amont déjà, les utilisateurs PlayStation avaient subi les choix marketing du constructeur en matière de renouvellement d’abonnement. Du jour au lendemain, sans préavis ni même communication officielle jusqu’à présent, les codes des cartes PlayStation Plus, utilisés pour s’ajouter un an de service par exemple qu’il est possible d’acheter en commerce ou sur internet, ont été désactivés. Et bien sûr, comme il s’agit de biens numériques, un quelconque remboursement par le marchand paraît compromis.
Voilà qui commence à faire beaucoup, de quoi nous rendre encore plus méfiants à chaque prise de parole du géant nippon. Surtout que, si on en croit la session de questions-réponses avec ses investisseurs qui a eu lieu il y a quelques jours, l’avenir ne s’annonce pas particulièrement réjouissant pour les fans historiques des licences PlayStation. En effet, de colossaux investissements vont être faits en faveur des jeux services, ces expériences qui ne se terminent jamais avec du contenu régulier ajouté et de (très) nombreuses microtransactions, pour le meilleur comme pour le pire.
D’ici 2025, ce ne serait pas moins de douze jeux de ce type qui seraient lancés sur PS5. Un changement radical de ligne éditoriale qui risque de laisser de côté le public habitué aux gros jeux solos narratifs. Encore plus même si le business model se rapproche de celui de Gran Turismo 7, pourtant excellent manette en main, mais miné par des achats intégrés nuisant à l’expérience globale. Bien qu’une mise à jour ait été déployée en urgence pour endiguer la colère des joueurs, le mal est déjà fait et l’image de Gran Turismo 7 semble définitivement écornée.
On a aujourd’hui l’impression de revivre la génération PS3/Xbox 360 durant laquelle l’arrogance apparente de la direction de Sony a permis à Xbox de dominer le marché pendant de nombreuses années, avant que PlayStation ne repasse devant en fin de vie, bien aidé par quelques chefs-d’œuvre comme The Last of Us. La comparaison paraît pertinente tant la politique commerciale de PlayStation semble tirer sur la corde de la patience des joueurs, tandis que Xbox, sous l’impulsion de Phil Spencer et avec un Game Pass très apprécié du public, bénéficie d’une dynamique très positive.
Dans ce secteur ultra concurrentiel, ce sont les jeux qui font la différence, et en premier lieu les exclusivités. Sur ce terrain, PlayStation a une avance indéniable pour le moment. Pourtant, fort de 23 studios rachetés à coup de milliards ces dernières années, Xbox a de très belles cartes à jouer et le match face à la PS5 s’annonce palpitant à suivre.
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