Pauvre Overwatch 2. On se souvient que Jeff Kaplan nous assurait qu’Overwatch, premier du nom (paix à son âme), avait besoin d’un successeur. Une suite qui ne se contenterait pas d’être une suite, mais irait jusqu’à redéfinir notre conception d’une suite d’un jeu. Était-ce juste des litanies marketing pour promouvoir, sans vergogne, un futur jeu du catalogue Blizzard ? Ou bien y a-t-il eu, à un moment donné, avant le départ du développeur, une version ambitieuse et originale d’Overwatch 2, sur des pages de brouillon désormais au fin fond d’une corbeille remplie de plaintes pour harcèlement sexuel ? Mystère.
Overwatch 2, ou Overwatch avec un faux nez
Toujours est-il que le jeu se trouve dans une délicate position : le titre est populaire et, manifestement, a retrouvé un certain second souffle après la longue stagnation d’Overwatch 1 dans ses dernières années, mais, dans le même temps, les deux arguments de justification principaux de la promotion de cette suite ont désormais disparu : une vraie dimension PvE avec des arcs de progression et des compétences à déverrouiller, mais aussi des combats PvP plus fluides, profitant de la fin du duo de tanks (et donc du double shield) ainsi que d’une diminution des CC (crowd control, des capacités retirant temporairement au joueur le contrôle de son héros, le rendant brièvement vulnérable) et compétences d’invulnérabilité.
Las, c’est ainsi qu’avec la saison 5 Cassidy bénéficie d’une refonte de sa grenade, qui désactive désormais les capacités de la personne touchée et la ralentit. Plus possible d’éviter l’explosion, donc. Dans la même veine, Mei peut désormais infliger un ralentissement de 75% de la mobilité de sa cible si elle la touche pendant quelques secondes sans interruption. Il s’agit clairement d’astuces visant à réduire la pression sur les héros de support, mais handicapant grandement les stratégies de « dive » (l’équipe ne choisit que des héros mobiles et tous ciblent un joueur ennemi à la fois).
Difficile d’ignorer que Kiriko et Vital, tous deux introduits avec Overwatch 2, bénéficient chacun d’une compétence d’invulnérabilité, et même d’un burst de heal pour le second. Autrement dit, la survivabilité des héros lors des combats est très élevée, alors que dans le même temps, les CC signent leur grand retour. Nous ne sommes pas de retour à la méta GOAT et ses échanges absurdes de capacités ultimes sans que qui que ce soit ne meure, mais on s’en rapproche.
Avec un chapeau de sorcier qui attire l’attention…
De fait, la Saison 5 arrive chargée d’une mission difficile et ingrate : enterrer les belles promesses du début d’Overwatch 2, et nous faire oublier la tombe fraîchement refermée sous nos yeux. Et quoi de mieux que la Fantasy, le royaume des illusions et de l’imagination, comme thématique de la saison ?
C’est avec un trailer, et une ambiance qui n’est pas sans rappeler celle du DLC Tiny Tina et la Forteresse du Dragon pour Borderlands 2, que la saison 5 nous est présentée avec cette fois Tracer à l’honneur. Et ce, de bien des manières, mais nous y reviendrons. Au menu : un nouveau Battle Pass sauce Fantasy ; le retour des jeux d’été avec le Lucioball ; un nouveau mode « prop hunt », Cache-cache, dans lequel vous devez vous cacher dans le décor en revêtant l’apparence d’un objet banal, sans être repéré par les autres joueurs ; un mode de jeu 4v1, créé dans la Forge par un joueur, qui intègre temporairement la rotation des modes officiels ; et Questwatch, une aventure narrative dans laquelle Tracer doit libérer sa reine Emily, laquelle endosse le rôle de maître du jeu d’une partie de Dungeons & Dragons.
En soi, la saison 5 est très correcte dans ce qu’elle propose, et l’art design d’Overwatch permet d’adopter le ton humoristique et parodique bien dosé du DLC de Borderlands 2. Et cette saison le fait très bien, qu’il s’agisse des nouveaux cosmétiques à débloquer ou bien de l’approche de la thématique Fantasy. Cependant, cette saison est une saison de transition, et lorsque Cassidy arrive avec son apparence de Sherlock Holmes, sa loupe, et son cigare, il découvre rapidement que cette saison n’est pas aussi innocente et généreuse qu’elle ne le prétend.
Pour mieux vous détrousser
Il nous faut, dès à présent, aborder deux cas précis du Battle Pass de la saison 5 qui nous laissent perplexes. Tout d’abord, on a découvert un peu par hasard que l’apparence Griffon d’Orisa, qui est non seulement emblématique de cette saison, mais aussi l’un des rares beaux cosmétiques pour ce héros, date d’il y a plus d’un an. Pire, cette apparence était manifestement prévue pour feu Overwatch 1 du fait de la présence de son ancienne capacité ultime dans les concepts arts.
C’est déjà intrigant en soi, mais ça le devient d’autant plus lorsque l’on jette un œil sur les apparences à débloquer au sein du Battle Pass. En effet, contrairement aux saisons précédentes où le personnage qui bénéficiait d’une apparence mythique personnalisable, le débloquait à la toute fin, nous avons cette fois les trois variations de l’apparence mythique de Tracer réparties dans le Battle Pass. Autrement dit, deux emplacements d’apparences ont disparu discrètement pour faire place à trois apparences extrêmement similaires pour Tracer.
Dès lors, Cassidy Holmes ne peut que se frotter le menton de circonspection : pourquoi donc cette saison nous offre-t-elle un cosmétique à l’origine prévu pour Overwatch 1, mais aussi moins d’apparences de héros de manière générale par le biais d’une astuce insidieuse que peu remarqueront ? La situation chez Blizzard est-elle si mauvaise ? Des ressources et des artistes ont-ils été redirigés vers d’autres projets ?
On le sait, le mode campagne du PvE a été abandonné. Inutile de revenir sur cette sombre affaire, cette tragédie a laissé des plaies vives sur le petit cœur de nombreux fans qu’il est inutile de rouvrir. Mais n’oublions pas que le PvE va revenir avec la saison 6, sous la forme de quelques missions scriptées, vendues dans un bundle à 15 euros. Car oui, si vous ne vous intéressez qu’au PvE, tandis que le PvP et son Battle Pass vous laissent indifférent, eh bien tant pis pour vous, car l’un ne va pas sans l’autre ici. Et pour trois missions seulement, à la rejouabilité douteuse si l’on se base sur les missions d’Overwatch 1, 15 euros, ça paraît assez cher pour ce que vous obtenez. En somme, la saison 5 nous offre une parodie intéressante et maîtrisée des tropes de la Fantasy, mais où vas-tu donc Overwatch 2 ?
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