Outriders a amorcé son atterrissage sur PlayStation 5, Xbox Series S|X, PC et les consoles de l’ancienne génération avec un débarquement prévu pour le 1er avril prochain. Pour préparer au mieux les joueurs à son arrivée, People Can Fly et Square Enix proposent depuis le 25 février une démo jouable de la bête nous proposant de découvrir le chapitre d’introduction du jeu et même de pouvoir par la suite reprendre notre progression là où on l’avait laissée une fois le jeu complet sorti.
Autant vous le dire sans détour, nous n’avons jamais été très enthousiastes concernant Outriders et cela même si nous apprécions le studio derrière. Il faut dire que le dernier shooter coopératif de la sorte que l’on a eu, Anthem, nous a laissé un réel goût amer en bouche, et ce, même si des licences comme Destiny ou Borderlands arrivent à nous ravir.
Mais comme on n’est pas méchant, on a décidé de lui laisser le bénéfice du doute et de nous lancer corps et âmes dans cette longue démo (environ 5 à 6 heures en jouant toutes les classes et en faisant du solo, ainsi que de la coopération) qui se veut très proche du produit final, si bien qu’il est facile de nous faire un premier avis assez tranché sur certains aspects du jeu.
Se lancer dans Outriders, c’est comme revivre un scénario que l’on a déjà expérimenté/vu/lu ailleurs. Alors que la Terre se meurt du fait de catastrophes naturelles dont on ne sait si elles sont la conséquence des agissements de l’Homme, nous autres Outriders (d’anciens soldats d’élites faisant ici office de pionniers et de découvreurs) sommes envoyés dans l’espace avec deux vaisseaux-colonies en direction de la planète Enoch censée être notre nouvelle maison.
83 longues années en cryostase plus tard, nous voici enfin sur cette Terre de substitution, alors que notre mère nourricière s’est éteinte durant notre voyage. De là démarre une aventure au scénario semblant assez basique dans lequel il est question de deux factions qui s’affrontent pour les ressources vitales du monde et d’Altérés qui possèdent eux de grands pouvoirs « offerts » par des tempêtes dévastatrices appelées anomalies.
Et c’est ce que nous sommes, sauf qu’au contraire des quelques privilégiés survivants de ces anomalies et devenus presque des dieux en 31 ans de guerre (que nous avons passés, nous, en cryostase suite à un affrontement ayant mal tourné), nous portons allégeance au camp du bien, du moins, c’est ce que nous croyons, car les choses semblent un peu plus complexes que cela. Notre rôle dans toute cette histoire est d’aider notre « clan » à survivre et leur découvrir un havre de paix.
Le poids de l’âge
Après avoir créé notre personnage masculin ou féminin via un outil aussi cheap qu’on puisse l’imaginer, nous voilà donc lancés sur les terres d’Enoch ou plutôt dans les couloirs/arènes que nous offre la planète. Car qu’on se le dise, si le prologue nous laisse imaginer des terrains de jeu assez vastes, il n’en est finalement rien et on enchaîne les affrontements basiques dans le pire level design qui soit.
Une succession de couloirs et d’arènes donc dans lesquels sont posés des murets et autres caisses pour nous permettre de nous mettre à couvert derrière et flinguer le moindre malheureux qui ose montrer un peu trop sa caboche. En cela, Outriders est une énorme déception pour ce que l’on en a vu, on le précise. Il ne prend aucun risque, se montre d’ailleurs assez mou, les armes manquant de patates et l’intelligence artificielle étant très limitée.
La particularité résidant tout de même dans le fait que pour regagner de la vie, on est obligé d’utiliser nos pouvoirs et d’aller au contact des ennemis, quand ce ne sont pas eux qui se jettent dans la gueule du loup. Et là réside toute la difficulté, car si vous êtes un chouïa à découvert il n’y aura pas de balles perdues, tous les tirs ennemis seront comme téléguidés vers vous et ce, malgré une IA plus que basique.
Il faut donc « apprendre » à jouer prudent et agressif en même temps. Par rapport aux pouvoirs d’ailleurs, suite au prologue et notre réveil 31 ans plus tard, on choisit après un certain événement notre classe. Il en existe quatre, Technomage, Pyromage, Illusioniste et Telluriste ou respectivement un sniper redoutable à longue portée, un fusilier qui l’est à moyenne distance, un adepte du corps-à-corps et un tank à la défense de fer.
Bien évidemment, leurs capacités spéciales vont de pair avec leurs affinités de classe. Et là on touche au point le plus réussi de Outriders selon nous, c’est la complémentarité des classes justement. Elles sont harmonieuses entre elles et nos quelques affrontements en coopération à quatre ont donné de très belles choses. Les affrontements contre d’autres Altérés (souvent des boss de zone) ont aussi éveillé notre curiosité et ont dynamisé des affrontements sans saveurs jusqu’alors.
Notre Pyromage faisant du dégât dans le temps était tout aussi efficace que l’Illusionniste capable de se téléporter sur l’ennemi pour lui donner le coup de grâce, pendant que le Technomage tenait en respect les cibles le plus éloignées et que le Telluriste défendait comme un mort de faim les lignes avant. De la très bonne coopération qui relève quelque peu le niveau du tout. Oui, la coopération d’Outriders fonctionne et il fallait bien ça pour rattraper le reste.
Enoch, cet univers impitoyable
Aussi, si on met de côté une narration et des personnages tout ce qu’il y a de plus cliché et morne, l’univers de Outriders promet d’être suffisamment riche pour être intéressant, un peu comme Anthem en fait, qui proposait une trame narrative inintéressante, mais un joli background fleuri de quelques idées intéressantes. Par contre, jouez-y en anglais, les doublages français étant très moyens.
Toutefois, c’est bien beau tout ça, mais la question que vous vous posez sûrement est celle-ci : que faire sur Enoch autre que de botter des culs par douzaine ? Eh bien, rien de bien original. On a eu accès à la première toute petite ville du jeu et ses deux marchands, son amateur d’objets rares, ainsi que son coin coffre, matchmaking et coiffeur. Le leitmotiv du joueur est clairement le loot et en cela, Outriders fait le boulot correctement et affiche son statut de looter/shooter sans pression particulière.
Alors, c’est une démo, et on sait par exemple qu’il y a du craft, que nous n’avons pas pu expérimenter encore, mais sachez que de l’exploration, il y en a pas. On n’est pas non plus en présence d’un open-world, mais plus d’un open-field, ce qui n’est pas grave en soi, mais même les quelques quêtes annexes présentes nous ont proposé d’arpenter des zones extérieures et intérieures s’articulant autour de la gimmick du duo couloir/arène.
Quand on vous dit que le level-design est très pauvre, croyez-nous. On est sur du TPS très lambda et dirigiste avec un soupçon de light-RPG pour le craft, les marchands ou encore l’équipement, le tout s’accompagnant d’une feature coopérative et d’un petit côté looter classique, mais efficace. Du coup, dans cette démo en tout cas, il n’y avait pas grand-chose à faire et lorsque l’on sait qu’elle intègre tout le premier chapitre du jeu et donc déjà 3-4 heures de jeu, c’est assez inquiétant.
D’autant plus qu’en termes de réalisation pure, ce n’est pas la panacée non plus. Sur PC, il manque encore la prise en charge de nombreux effets graphiques, avec un DLLS activé par défaut horrible qu’il faut absolument désactiver dans les fichiers du jeu, et un motion blur sur lequel nous n’avons pas le contrôle et qui donne la gerbe parfois. Pareil, il faut en passer par les fichiers pour changer tout ça.
Artistiquement, il pourrait y avoir quelque chose à avoir en dehors de la zone de la démo, c’est en tout cas ce que laisse entendre le prologue et les vidéos de gameplay ou les trailers diffusés jusqu’alors. Car ce que l’on a joué dans ce chapitre premier n’avait rien d’emballant et ça aurait pu se dérouler sur terre dans une zone de guerre que cela n’aurait rien changé.
Aussi, pour un jeu qui se veut nouvelle génération, on est loin du résultat attendu et même sur Xbox Series X, on a été assez déçu, sur les animations et modèles de personnage notamment. Alors, on ne sait pas encore ce qu’il reste à implémenter comme option graphique dans le jeu, mais en l’état, Outriders est loin d’être incroyable.
Alors, on ne va pas tirer sur l’ambulance aux pneus déjà crevés, mais Outriders est loin de nous avoir conquis pour le moment. Les doutes que nous avions à son sujet se sont confirmés pour la plupart et il faudrait vraiment un miracle pour que le jeu réussisse à passer de son statut de TPS coopératif moyen et déjà-vu, voire passéiste, au stade de grosse surprise.
Car le souci finalement, c’est que tout, de son gameplay à ses mécaniques de progression, en passant par son scénario et même sa coopération, a déjà été vu ou fait ailleurs. Le pire dans tout cela, c’est qu’on ne voit pas ce qui pourrait ici nous faire lâcher un Destiny 2 ou un The Division 2 (même si différent) pour ce dernier. Alors on aime People Can Fly, mais là, ça sent le roussi, et on espère que les choses se décantent à partir du chapitre 2 et notre véritable départ pour Enoch, parce qu’en l’état, Outriders est tout juste moyen, et encore.