Les jeux AAA, c’est le feu. Des titres cultes qui jonchent les générations de consoles grâce à des bataillons de développeurs prêts à manger du crunch jusqu’à plus faim. Enfin ça, c’est la situation aujourd’hui, car fut une époque pas si lointaine, certains des gros cartons étaient réalisés par des équipes d’une douzaine de personnes, comme un certain Goldeneye provenant de la grande époque de Rare. Toutefois, une question se pose : le prix de 60€ (environ) est-il encore rentable pour ces gros jeux toujours plus gourmands en coûts de production ?
C’est la question du jour à laquelle Shawn Layden a essayé de répondre lors d’un Gamelab Live. Et en tant qu’ancien dirigeant de PlayStation (parti en octobre dernier), son avis compte.
Il attaque le sujet via le cas de The Last of Us part 2, tout d’abord en félicitant le rendu final, mais aussi et surtout en évoquant les principales différences entre les deux opus. À commencer par le temps de développement, de trois ans pour le premier, et de six ans pour le second. Une différence énorme que l’ancien dirigeant explique par des besoins de plus en plus importants de la part des jeux en matière de ressources (humaines notamment).
Loin de l’époque où un AAA pouvait se financer pour un million d’euros tout rond, c’est désormais un budget de 75 à 150 millions d’euros en moyenne (hors coût marketing) qu’il faudra débourser pour obtenir un jeu dans les standards actuels. Car plus qu’une avancée graphique, c’est la guerre au temps de jeu qui fait rage aux yeux d’un grand public désireux d’optimiser son investissement. Une évolution dont témoigne The Last of Us, qui a vu sa durée de vie grandement augmentée pour sa suite.
Selon Layden, les coûts de développement se multiplient à chaque nouvelle génération, et l’on risque prochainement d’arriver à un croisement dans l’industrie, car « Le modèle AAA tel qu’il est construit n’est tout simplement pas durable, ni économiquement viable ». Il incite d’ailleurs l’industrie dans son ensemble à se réunir pour réfléchir à l’avenir du jeu vidéo à gros budget.
Pour lui, le problème pourra se résoudre de plusieurs manières, avec en premier lieu une augmentation du prix moyen d’un jeu neuf (jusqu’à 80€), qu’il considère problématique du point de vue d’une clientèle très sensible à n’importe quelle augmentation. Toutefois :
« Les jeux ont toujours coûté 59,99 dollars, même lorsque j’ai commencé dans le métier, mais aujourd’hui le coût des jeux a été multiplié par dix. Si vous n’avez pas d’élasticité sur le prix, mais que vous avez une somme énorme sur la ligne des coûts, le modèle devient plus difficile. Et je pense sincèrement que cette génération va voir ces deux impératifs se heurter. »
Mais le solution que préfère retenir l’ancien dirigeant de PlayStation est celle d’une rationalisation des temps de développement, pour des jeux pas forcément moins ambitieux techniquement ou narrativement parlant, mais avec une durée de vie moins longue (15-20h d’après lui). Une logique que l’on pourrait transposer au monde du cinéma, qui à travers les décennies a toujours su se cantonner à un carcan horaire pour raconter une histoire cohérente. Si le cinéma y arrive, pourquoi pas le jeu vidéo ?
Un parti pris qui ne sera pas forcément au goût de tous, notamment les adeptes des jeux services, développés en continu pendant de nombreuses années et faisant leur beurre sur les micro-transactions. Et puis, l’autre grande problématique, comment éduquer le consommateur final à un changement qui ne sera pas en sa faveur ? Car au final, c’est bien de cela qu’il est question ici. D’une manière ou d’une autre, il faudra faire un choix.
The Last of Us Part II victime d’une avalanche de mauvaises notes
Drakyng
Fiche de Perso #5 : Troy Baker – Le vrai Joel de The Last of Us
Luynan
Et si la Xbox Series X gagnait la guerre de la prochaine génération ?
LD4K4