Dans une époque dans laquelle le prix des jeux vidéo est au centre de nombreux débats (augmentations régulières du prix des consoles, AAA de plus en plus chers, jeux toujours aussi chers en dématérialisé qu’en version physique…), la sortie d’Hollow Knight: Silksong, proposé à moins de vingt euros dès son lancement, pourrait-elle ne serait-ce qu’un peu changer la donne ? Le titre se pose en véritable OVNI dans le marché actuel, et de nombreux joueurs se prennent à rêver d’une nouvelle norme. Malheureusement, ce ne sera sans doute pas si simple.
Car si Team Cherry propose un jeu aussi peu cher par rapport aux standards, c’est d’abord que le studio peut se le permettre, et ce n’est pas le cas de tous, loin de là. Bien évidemment, difficile de ne pas imaginer que les têtes pensantes avaient bien dans un coin de la tête l’idée de créer un buzz positif autour du jeu le plus attendu de l’année ; mais en interne, la prise de risque est finalement limitée.
Limitée, car le retour sur investissement programmé doit faire pâlir nombre d’autres studios (et les premiers chiffres de ventes leur donnent déjà raison). Limitée également, car le studio peut se reposer sur l’énorme succès du premier opus pour voir venir financièrement. Mais quelle bonne idée marketing de donner l’impression au monde entier qu’on leur fait presque un cadeau, et ce malgré plus de sept années de développement. En tant que joueurs, ne boudons pas notre plaisir.
Un bien pour un mal ?
Du côté des autres acteurs de l’industrie par contre, c’est plutôt la soupe à la grimace. Alors que beaucoup de studios ont préféré décaler la sortie de leur titre pour ne pas être confronté au raz-de-marée nommé Hollow Knight: Silksong, il leur faut maintenant tenir la comparaison en termes de marketing et d’image aux yeux des joueurs.
Et cela pourrait durer. Plusieurs développeurs, par l’intermédiaire de leurs réseaux sociaux ont d’ailleurs déploré le prix de lancement du jeu, tout en respectant la décision de Team Cherry. C’est notamment le cas chez Deck 13, Red Squirrel Games ou encore de l’homme derrière Lone Fongus. Ces studios ont-ils les moyens de brader leurs produits ? Bien sûr que non. Mais malgré tout, ils s’inquiètent, sans doute à raison, de l’image que leurs titres vont véhiculer dans l’imaginaire collectif lorsqu’ils sortiront à un prix supérieur ou proche.
Là est sans doute le vrai danger, celui de voir le prix de lancement d’Hollow Knight: Silksong devenir un nouveau mètre étalon pour le grand public, sans prendre en considération l’unicité de chaque studio derrière. Car pour chaque prix fixé, il y a une réflexion profonde, tenant compte du futur retour sur investissement, des salaires et frais liés aux développement, mais également des nombreux dons et partenariats dont tout le monde ne peut malheureusement pas jouir.
Il est clair que tout le monde ne peut pas se permettre le luxe de proposer sa création à bas prix et cela ne devrait pas changer. Profitons donc pleinement de la chance que nous offre la Team Cherry, sans forcément s’attendre à un bouleversement de l’industrie, et sans comparer avec le travail d’autres. Car c’est cette comparaison qui pourrait faire encore plus mal à bien des travailleurs, notamment dans l’indépendant. Évidemment, on peut s’attendre à ce que quelques acteurs de l’industrie décident de suivre le même chemin que celui pris par Team Cherry, mais de manière générale, il parait difficile d’imaginer un avant et un après Hollow Knight: Silksong, tant la survie de nombreux studios ne tient aujourd’hui qu’à un fil.
Pourquoi Hollow Knight: Silksong s’est-il autant fait attendre ?
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