L’une des signatures visuelles de la dernière exclu PlayStation 4, Ghost of Tsushima, est totalement transparente sur l’inspiration du jeu : le cinéma d’Akira Kurosawa. Et comme nous l’avions relaté dans nos 5 anecdotes sur le titre, le comic book Usagi Yojimbo a également joué un grand rôle dans la création du dernier Sucker Punch.
Mais à l’origine de tout cela, il y a un mythe fondateur essentiel à la culture du Japon : la légende de Musashi. Avant d’avoir inspiré le personnage de lapin-samuraï Yojimbo, Miyamoto Musashi est un personnage historique, un homme d’épée ayant vécu au XVIIème siècle au Japon féodal et qui a fondé une école d’escrime et inventé un style de combat à deux sabres. Devenue légendaire, sa vie fut racontée et romancée dans un roman pilier de la culture japonaise publié entre 1935 et 1939 et traduit en France en deux volumes : La Pierre et le Sabre, et La Parfaite Lumière, d’Eiji Yoshikawa.
Alors attention, on parle ici de deux bon gros pavés indissociables d’environ 700 pages chacun…! Mais étonnamment, l’œuvre, passionnante, se lit très facilement. Peut-être du fait de ses origines feuilletonnantes, qui lui donnent un rythme enlevé. Plus certainement grâce à l’aventure captivante qu’elle narre.
Musashi (son titre original) est ainsi d’abord paru dans les journaux, tel Michel Strogoff (Jules Vernes) ou Les Trois Mousquetaires. On surnomme d’ailleurs parfois Yoshikawa « l’Alexandre Dumas japonais »… Le roman raconte la quête de Takezo, jeune vaurien condamné à mort à qui il sera donné une seconde chance. Conscient du cadeau précieux qui lui est fait, Takezo change de nom, devient Musashi (la lecture chinoise de son prénom) et décide que désormais, il mettra tout en œuvre pour que sa vie ait de la valeur, pour devenir quelqu’un.
C’est ainsi qu’il voyagera à travers tout le pays pour se former, afin de devenir un homme d’épée hors pair, mais aussi un poète et un calligraphe accompli, et, d’une façon générale, un grand philosophe.
Si cette histoire est, dans les grandes lignes, l’histoire vraie du véritable Miyamoto Musashi, pour son roman, Eiji Yoshikawa l’aura pas mal romancée. Au programme, une traversée du Japon du XVIIème siècle, véritable voyage culturel ponctué de duels au sabre de samouraï où on joue sa vie, mais surtout son honneur. Pour devenir le plus grand, Musashi confrontera son style aux différentes écoles du pays, menant des combats ayant parfois des allures du muso ! Le terme, souvent accolé aux jeux Dynasty Warriors, prend d’ailleurs très probablement son origine dans le patronyme du samouraï Muso Gonnosuke Katsuyoshi, resté célèbre pour un duel contre… Miyamoto Musashi !
On y suivra aussi l’initiation de Musashi à l’art de l’écriture, la calligraphie, ou à la cérémonie du thé. On y découvrira aussi des scènes qui sont devenues des motifs classiques dans le manga, comme la vieille belle-mère aux accès de violence qui voyage à dos d’homme (?!), aussi âgée que crainte par le puissant ronin !
Le personnage de Musashi et le roman de Yoshikawa ont laissé une empreinte indélébile dans la culture japonaise, et on ne compte plus les œuvres qui s’en inspirent ou la citent. C’est vrai au cinéma, où Musashi a connu plusieurs adaptations dont une à venir cette année, « Crazy Samurai Musashi », qui n’est autre que le premier film d’action tourné entièrement en une seule prise de 77 minutes, en BD (le manga « Vagabond », de Takehiko Inoue, directement inspiré du roman de Yoshikawa), en anime, avec le métrage historique « Musashi: The Dream of the Last Samurai » écrit par le maître Mamoru Oshii, mais aussi en jeu vidéo, de « Musashi no Boken », sur NES en 1990, au héros de la saga « Samurai Shodown », Haomaru, inspiré du légendaire escrimeur, en passant par « Brave Fencer Musashi », en 1998 sur PlayStation.
Si vous vous êtes laissé emporter par Ghost of Tsushima et souhaitez prolonger un peu le voyage dans le Japon féodal, on ne saurait que trop vous conseiller la lecture de La Pierre et le Sabre et La Parfaite Lumière, d’Eiji Yoshikawa. Ne vous laissez pas décourager par la taille impressionnante de l’ouvrage : promis, vous ne le verrez pas passer ! Et, bonus, cela vous donnera de quoi faire un peu le malin auprès des collègues quand, à la machine à café, en septembre, vous irez de votre petit « moi, cet été, je me suis régalé avec un classique de la littérature japonaise, un beau bébé de 1500 pages… » !
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