Il fut un temps où Fortnite n’était qu’un simple battle royale. Puis vinrent les concerts virtuels, les collaborations intergalactiques, les créations communautaires… et désormais, l’intelligence artificielle. La dernière mise à jour de la saison Galactic Battle annonce un tournant inattendu : l’arrivée d’un chatbot IA à l’effigie de Dark Vador. Une première pour le jeu, et une contradiction flagrante avec les précédentes déclarations d’Epic Games sur l’utilisation de l’IA.
Murmures dans la galaxie
Repéré par les célèbres dataminers HYPEX et ShiinaBR, le tout premier chatbot intégré à l’univers de Fortnite prendra les traits de nul autre que du mythique Dark Vador. Animé par la technologie Google Gemini, le Seigneur noir des Sith s’apprête donc à entamer le dialogue avec les joueurs. Du moins, dans les limites strictement balisées fixées par Epic Games. Car si l’idée d’échanger avec l’un des personnages les plus emblématiques de la pop culture peut faire rêver, la conversation, elle, sera bien évidemment soigneusement encadrée
Pour les jeunes joueurs souhaitant s’entretenir avec Vador, il leur faudra l’autorisation parentale. Et même en respectant cette formalité, pas question de parler de tout et n’importe quoi. Inutile d’aborder le sujet des V-Bucks, de tenter un quelconque flirt ou de même évoquer l’Ordre 66. Parler également des jeunes Padawans massacrés par sa main dans La Revanche des Sith ? Sujet tabou (peut-être Anakin préfère-t-il, après toutes ces années, éviter de remuer de trop vieux remords). Le langage, lui aussi, est sous haute surveillance : aucun écart, aucun mot déplacé ne passera le sabre laser du filtrage. Encore plus surprenant, Vador est limité à citer au maximum deux répliques issues d’œuvres extérieures à l’univers Disney. Alors oubliez tout de suite l’idée de lui faire déclamer du Eminem ou du Lady Gaga en mode Sith.
Ce choix de personnage a de quoi poser question, mais la réponse se trouve sans doute dans l’héritage laissé par James Earl Jones, comédien emblématique qui doubla le Seigneur Sith tout au long de la saga. En 2022, lors de la production de la série Obi-Wan Kenobi, l’acteur a donné son accord pour que sa voix soit, à l’avenir, reproduite par intelligence artificielle.
« James Earl sentait que la voix de Dark Vador était indissociable de l’histoire de Star Wars, et il a toujours voulu que les fans de tous âges puissent continuer à en faire l’expérience. Nous espérons que cette collaboration avec Fortnite permettra aux fans de Dark Vador et aux nouvelles générations de partager le plaisir d’un personnage aussi iconique. »
— Déclaration de la famille de James Earl Jones
Un revirement stratégique chez Epic Games
Ce chatbot IA s’inscrit dans un virage bien plus large pour Epic Games. Si l’on en croit les récentes déclarations de son vice-président Sax Persson en avril dernier, l’entreprise affirmait pourtant ne pas vouloir recourir à l’intelligence artificielle pour générer du contenu, évoquant même une question d’éthique. « Nous croyons au travail humain plus qu’en l’IA », affirmait-il, ajoutant que les skins et éléments en jeu resteraient humains pour le « futur proche ».
Un mois plus tard, Fortnite accueille désormais un chatbot IA, alimenté par l’un des modèles les plus puissants du marché. Difficile de ne pas y voir une contradiction. D’autant que ce n’est pas la première entorse au discours officiel : sur la page d’accueil du mode créatif de Fortnite, les miniatures générées par IA se multiplient depuis des mois. Plutôt que de les modérer, Epic a préféré fermer les yeux. Dan Walsh, directeur de la communication, avait tranché : « Nous ne chercherons pas à savoir quels outils ont été utilisés pour créer les miniatures. »
Un choix qui a soulevé la colère d’une partie de la communauté, qui dénonce une absence de modération coûteuse, dissimulée derrière une posture permissive.
Une autre guerre : Epic vs Apple
Alors que Fortnite expérimente avec l’intelligence artificielle, Epic mène une autre guerre bien plus terre-à-terre : celle contre Apple. Le 9 mai dernier, l’éditeur a soumis une version de Fortnite à l’App Store, dans l’espoir d’un retour triomphal sur iOS. Mais au 14 mai, toujours aucun feu vert en vue. Sur X, Tim Sweeney, PDG d’Epic, dénonce une manœuvre d’obstruction de la part de la firme à la pomme.
« Il n’y a aucun moyen pour un jeu en évolution constante comme Fortnite de fonctionner si les plateformes utilisent leur pouvoir pour bloquer ou ralentir les mises à jour. »
Cette déclaration fait écho à un revers judiciaire récent pour Apple ; une juge américaine a statué que la firme avait enfreint une injonction datant de 2021 en continuant d’imposer une commission de 27 % sur les paiements effectués via des liens externes. Pire encore, Alex Roman, vice-président d’Apple, a été accusé d’avoir « menti sous serment », exposant ainsi l’entreprise à des poursuites pour outrage criminel.
De son côté, Epic tente de montrer patte blanche en lançant un système de récompenses offrant 20 % de cashback aux joueurs qui effectuent leurs achats directement via son propre store (que ce soit pour Fortnite, Rocket League ou Fall Guys). Mais tant que le différend persiste, Fortnite restera inaccessible sur iOS à l’échelle mondiale.
Entre rêve technologique et contradictions
L’intégration d’un Dark Vador « IA » dans Fortnite représente une évolution technique intéressante, mais il convient de remettre les choses en perspective. Derrière l’effet marketing se cache avant tout un PNJ dont les dialogues, bien que plus variés, restent strictement encadrés. Contrairement aux craintes souvent associées à l’intelligence artificielle dans son sens large et flou, cet avatar ne menace pas directement le travail des créateurs humains, puisque les interactions restent limitées et supervisées.
En revanche, la reproduction de la voix emblématique de James Earl Jones, comédien désormais disparu, pose une question éthique majeure : jusqu’où peut-on aller dans l’exploitation numérique posthume d’une personnalité ? Cette évolution, mêlée à la multiplication des contenus IA sur la plateforme, souligne surtout l’ambiguïté de la position d’Epic Games, qui oscille entre innovation technologique et respect des créateurs.
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