Une grenouille vit un bœuf, Qui lui sembla de belle taille…
Dans la fable de La Fontaine, une grenouille jalouse de la taille d’un bœuf se fait gonfler jusqu’à en exploser (« La chétive pécore / S’enfla si bien qu’elle creva. »). La morale transparente de l’histoire étant qu’à vouloir, par ambition, ou arrogance, devenir plus gros qu’on ne l’est, on finit par en pâtir. Et rares sont les situations, à l’image de celle d’Embracer aujourd’hui, à coller à ce point aux petites histoires de Jean De La Fontaine.
Embracer était un géant du jeu vidéo européen, possédant des centaines de studios, et plus de 10 000 employés… Depuis 2010, le groupe achetait studio après studio et possédait jusqu’à il y a peu bon nombre de grands noms du jeu vidéo, ainsi que les licences qui allaient avec : Deep Silver et ses Dead Island, Gearbox et Borderlands, Crystal Dynamics et Eidos, à qui appartiennent les licences Deus Ex et surtout Tomb Raider… Mais Embracer avait aussi acquis Limited Run Games, ou encore Middle-Earth Enterprises, qui possède et gère les droits de tout ce qui touche au Seigneur des Anneaux, et même l’entreprise française Asmodee, l’un des leaders mondiaux du jeu de plateau (Carcassonne, Catan, Dixit, Jungle Speed..). Des achats massifs, impressionnants, mais dont on ne percevait pas toujours le sens.
Ainsi, à peine l’acquisition de Square Enix Montréal entérinée, en août 2022, le groupe annonçait la fermeture de leurs nouveaux studios, en novembre de la même année. D’autres mauvaises nouvelles allaient s’égrener, comme la fermeture de Volition, sanction terrible après l’échec du reboot de Saints Row, ou la revente de Gearbox, acheté en 2021 pour 1,3 milliard de dollars et revendu trois ans plus tard à Take-Two pour 460 millions seulement.
Avec un tel sens des affaires, le groupe n’en avait plus longtemps ! C’est donc la fin d’Embracer, qui est désormais divisé en trois entités distinctes : Asmodee, qui reste sur son segment des jeux de plateaux ; Cofee Stain & Friends, un éditeur de jeux vidéo AA ; et Middle-Earth Enterprises & Friends, qui garde évidemment la gestion des licences Tolkien, mais aussi les gros projets vidéoludiques de feu Embracer, comme le prochain Tomb Raider ou la suite de Kingdome Come: Deliverance. Eh oui, c’est un peu étrange de voir la société chargée du Seigneur des Anneaux s’occuper de Lara Croft… Comme quoi, il reste peut-être un peu de l’inconséquence d’Embracer dans ces nouvelles structures.
Après avoir été témoin de l’appétit insatiable de l’Ogre, comme on avait l’habitude de le qualifier, mais aussi avoir lu trop régulièrement les annonces de licenciements dus à la gestion « particulière » du groupe, est-ce qu’alors il faut se réjouir d’un beau Cheh! de ce démantèlement ? N’est-ce pas aussi l’occasion manquée pour l’Europe d’avoir son géant à elle, face au titan américain Microsoft, et au colosse chinois Tencent ? Tiens, voilà une nouvelle raison d’en vouloir à Embracer…
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