Apparus pour la première fois en 2002 avec l’extension du titre de Microsoft « Mechassault », les contenus additionnels, dits « DLC« , permettent aux joueurs d’étendre toujours plus leur expérience de jeu au sein d’une production. Découvrir de nouveaux scénarios, acquérir de nouveaux personnages, de nouvelles armes ou bien encore renflouer ses caisses avec de la monnaie virtuelle, voici à peu près tout ce que propose un DLC. Mais la multiplication des extensions au fil des années au sein de nos titres favoris ne peut que soulever dans nos esprits une seule interrogation : de nos jours, les contenus additionnels représentent-ils encore un réel plus, ou ne sont-ils devenus que de vulgaires arguments marketing, permettant aux joueurs de remplir bien gentiment le portefeuille des développeurs ?
Le jeu gratuit, véritable Cheval de Troie de l’extension
Lorsqu’un free-to-play voit le jour – et Fortnite est bien loin d’être en mesure d’affirmer le contraire –, il devient rapidement le point de rendez-vous de bien des extensions, à commencer par l’achat de monnaie virtuelle, permettant aux joueurs de se vêtir du dernier cosmétique en date pour partir au front avec panache. Mais le point noir persistant au sein de ce type de contenus additionnels, c’est qu’en plus de ne pas servir à grand-chose (pour parler concrètement), ils finissent par devenir essentiels aux yeux du joueur, parfois trop jeune, qui se retrouve à dépenser inconsciemment des sommes astronomiques dans une extension banale au possible, qui ne lui servira qu’à frimer auprès de ses acolytes à l’entrée de Salty Springs.
Parfois même, certaines productions obligent indirectement leurs joueurs à craquer pour ces extensions, puisque c’est bien simple, personne ne peut avancer dans le jeu sans ces dernières ! Appelé « pay-to-win », ce cas de figure obligera indirectement les joueurs à payer le/les DLC proposé(s) afin de monter en niveau. En effet, si l’on prend l’exemple de League of Legends, pour économiser assez de pièces afin d’obtenir le champion que vous désirez, il vous faudra passer des jours entiers sur votre écran. Il semble alors évident que payer la monnaie requise est tout de suite plus simple.
Et les équipes de MiHoYo auront vite fait de se ranger sous la même formule avec Genshin Impact, où, à moins de mettre votre chance à l’épreuve en espérant tomber sur une arme ou un personnage 5 étoiles en payant un pack classique avec le peu de monnaie récoltée au fil de l’aventure, il faudra passer en caisse. Car oui, les dragons de Teyvat ne se laisseront pas avoir par une épée grise.
Rapport qualité/prix : les dérives du contenu additionnel
Toute extension se prétend bonne et les joueurs ont tendance à devenir réticents avant d’ouvrir le porte-monnaie. Et s’il existe une raison derrière tout ça, c’est bien le rapport qualité/prix du DLC concerné. En effet, lorsque l’on craque pour une extension qui frôle la quarantaine d’euros, on espère de toute évidence que cette aventure supplémentaire saura nous en mettre sous la dent durant un certain temps. Mais ce n’est pas parce qu’une extension se veut bonne et tente de se vendre comme telle qu’elle l’est forcément à l’arrivée.
Le pass d’extension de Pokémon Épée et Bouclier sorti en 2020 saura illustrer notre propos. En effet, ce DLC découpé en deux parties distinctes nommées « L’île solitaire de l’armure » et « Les terres enneigées de la couronne » aura eu vite fait d’en refroidir plus d’un. On le savait, l’arrivée de ce DLC n’a servi qu’à faire la transition entre Pokémon Épée et Bouclier sortis en 2019 et les remakes de la quatrième génération proposés en 2021. Et il semblerait que cette extension soit parvenue à accomplir sa mission avec brio, tant son contenu fut décevant.
Car même si l’extension apportait de nouveaux Pokémons légendaires et permettait d’étendre le pokédex en ajoutant plus de 200 Pokémons des anciennes générations, ce fut bien tout. On nous demandait 35€ pour un scénario qui n’atteignait même pas la dizaine d’heures, et par conséquent 35€ pour des Pokémons supplémentaires, seulement. Reste à voir si « Le trésor enfoui de la Zone Zéro », DLC de Pokémon Écarlate et Violet en vue pour la fin d’année, saura susciter davantage l’intérêt des joueurs.
Cet exemple aura vite fait de nous rappeler le season pass de Batman: Arkham Knight, proposé au prix de 40€, qui permettait aux joueurs de se fondre dans la peau de Batgirl. Le DLC subira de vives critiques pointant du doigt son contenu on ne peut plus vide et ses quêtes sans grand intérêt, le tout pour 40€. Mais quel intérêt trouvent les développeurs derrière la sortie de ces DLC aux prix exorbitants ? Renflouer les caisses d’un studio après la sortie d’un titre qui n’a pas marché ? Faire patienter les joueurs avant la sortie d’un prochain opus, comme ce fut le cas plus haut avec Pokémon ? Toujours est-il que ces extensions aussi vides que chères auraient pu être bien meilleures, et certains studios semblent l’avoir compris en partie.
Un DLC plus intéressant qu’une histoire principale
A contrario, il existe des extensions où le rapport qualité/prix s’avère vraiment correct. Cependant, c’est malheureusement au détriment du scénario principal que nous prendrons plaisir à découvrir ces nouvelles aventures. En effet, Ubisoft avait mis en lumière ce cas de figure avec le season pass d’Assassin’s Creed Odyssey, lui aussi proposé en plusieurs parties. Après avoir pu sillonner les terres de Macédoine en compagnie du créateur de la célèbre lame secrète, nous pouvions partir explorer l’Élysée, le Tartare, et l’Atlantide.
Et finalement, tout l’aspect mythologique de la Grèce antique que l’on appréciait un temps soit peu dans le jeu résidait dans cette extension. Par conséquent, même l’intérêt de l’aventure tout entière s’est plus ressenti dans le season pass que dans le scénario proposé par les équipes canadiennes d’Ubisoft, aux manettes sur cet opus au pays d’Alexios. On aurait aimé ne pas devoir payer 40€ pour partir à la rencontre d’un personnage pourtant clé de la licence, ou bien encore pour découvrir la cité de l’Atlantide, qui constituait presque à elle toute seule l’édifice autour duquel l’histoire du jeu gravitait.
La technique des développeurs pour faire acheter du contenu additionnel
Parce qu’il arrive que certaines extensions ne parviennent pas totalement à séduire les joueurs, les développeurs ont généralement plus d’un tour dans leur sac pour nous faire craquer quand même ! Une méthode que les équipes d’Avalanche ont bien comprise avec le récent Hogwart’s Legacy, où chaque précommande de la version deluxe dématérialisée permettait d’embarquer sur le quai 9¾ trois jours avant tout le monde.
Et au vu du nombre de personnes ayant opté pour cette offre, la démarche laisse supposer que les joueurs ont été attirés non pas par les quelques cosmétiques proposés par la version deluxe, mais bien uniquement par l’accès anticipé de 72 heures ! Vous avez devant vous une technique utilisée pour vendre du DLC, mais il s’avère qu’elle n’est pas la seule à être employée.
Lorsqu’un jeu tombe dans l’oubli, aux yeux des développeurs, il est évident de devoir rajouter du contenu additionnel pour garder une communauté sous le coude. Mais il arrive qu’un DLC soit bien trop ressemblant à l’histoire principale, et que l’achat d’une extension devienne un simple prétexte pour faire revenir ceux qui se sont lassés.
En définitive, il devient extrêmement facile de se retrouver face à du contenu vide de sens, puisque déjà vu. N’est-ce pas là le risque que prend FromSoftware avec le DLC d’Elden Ring prévu pour cette année ? Le studio n’a-t-il pas peur de perdre ses joueurs en ayant la volonté de les garder ? Aussi paradoxale puisse être cette question, il nous semble important de souligner cette vision de l’extension qui peut s’avérer parfois plus pénalisante que gratifiante pour les développeurs.
Quant à Nintendo, les équipes nippones adoptent une technique bien particulière pour parvenir à leurs fins. Par exemple, en surfant sur l’attente de Mario Kart 9, le géant japonais a su faire passer la pilule de l’absence de ce dernier avec le « pass circuits » de Mario Kart 8, rempli de circuits déjà vus dans les précédents opus. Proposé pour la somme de 25€, le studio a évidemment pensé à tout en permettant de rendre l’achat plus rentable, avec l’inclusion de l’extension au sein du Nintendo Online + contenu additionnel pour 40€ par an.
Finalement, il n’existe pas réellement de recette permettant de donner naissance à l’extension parfaite. En revanche, ce qu’attend le joueur d’un DLC, c’est qu’il parvienne à lui offrir quelque chose de neuf et de consistant, afin de découvrir, et non pas de redécouvrir ce qui a déjà été vu.
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