De plus en plus, au fil des génération de machines, le jeu vidéo dit indépendant, où il faut comprendre à petit budget créé par une équipe modeste, prend une place centrale dans le paysage vidéoludique. Une tendance qui amène de plus en plus de personnalités à quitter une position confortable dans un grand studio pour créer leur petite entreprise et reprendre la main sur le processus créatif du jeu vidéo, comme c’est le cas ici avec Day 4 Night Studio.
Un nouveau studio qui suit les chemins tracés par quelques personnalités célèbres telles que Hideo Kojima qui, après son départ de Konami avec pertes et fracas, a fondé Kojima Productions, Hideki Kamiya qui a plus tôt cette année fondé KAMUY Inc. ou, plus récemment encore, la création par Emma Delage (ex employée Ubisoft) de Camelia Studios pour lancer le développement (et financement) d’Alzara Radiant Echoes.
Loin de nous l’envie d’à nouveau tirer sur l’ambulance Ubisoft qui enchaîne les problèmes depuis de nombreux mois (et même années), mais il semble que d’autres salariés avaient également senti le vent tourner puisque Day 4 Night regroupe d’anciens employés de l’éditeur français dont notamment Davide Soliani, réalisateur des deux excellents épisodes de Mario + Lapins Crétins. Il s’est d’ailleurs associé à un autre grand nom de l’industrie, Christian Cantamessa, qui n’est autre que le responsable design et écrivain ayant officié sur Red Dead Redemption, rien que ça.
Une association prometteuse donc, bâtie aussi grâce à l’aval (et à l’investissement) de l’éditeur Krafton, les mêmes « sauveurs » de Tango Gameworks (Hi-Fi Rush), et de 1up Ventures, entreprise d’investissements dans le jeu vidéo et dont le commanditaire n’est autre qu’Ed Fries, connu pour être l’un des co-créateur d’Xbox. Et n’oublions pas non plus que autres transfuges d’Ubisoft Milan, Luca Breda, Gian Marco Zanna ou Cristina Nava par exemple, crédités sur des licences telles Ghost Recon, Just Dance ou Star Wars Outlaws, ont aussi rejoint l’aventure Day 4 Night.
Évidemment, nous n’en sommes encore qu’aux prémices des projets du studio et nous n’avons que peu d’informations à nous mettre sur la dent sur la concrétisation ludique de ces associations de talents. Tout juste sait-on que les équipes vont « se concentrer sur la création de jeux profondément sincères et originaux qui innovent en termes de narration et de conception » et que, selon Davide Soliani, leur projet serait « le reflet de tout ce qu’il a toujours voulu vivre en tant que joueur : la joie, l’aventure, la poésie, l’action, l’émerveillement et le plaisir de travailler avec des amis ».
Ainsi, et à défaut d’en apprendre plus sur le futur jeu de Day 4 Night, on peut s’interroger sur les motivations qui poussent de plus en plus de personnes dans l’industrie à s’émanciper de leurs positions au sein de grands groupes. La réponse n’est pas à chercher bien loin, tant les discours à chaque nouveau studio créé sont identiques : retrouver une liberté créative. Faut-il y voir là une critique des géants de l’industrie qui ne laissent plus de place à la liberté créative de leurs talents ?
Dans la première industrie de loisirs au monde, ou chaque projet peut facilement coûter des dizaines voire centaines de millions de dollars, l’inventivité et la prise de risque ne sont plus permises. Des considérations financières qui brident mécaniquement la liberté offerte aux développeurs, contraints d’itérer sur quelques formules ludiques porteuses et qui a, en partie, conduit cette dernière génération de machine à être l’une des plus pauvre en termes de nouvelles licences.
Une tendance qui ne semble par prête de s’estomper dans les mois et années à venir. Car si l’on pouvait se dire jusqu’à présent que rester dans un studio important permettrait d’avoir une certaine sécurité d’emploi, cet argument est de moins en moins valable aujourd’hui, alors que 2024 a déjà pulvériser le déjà triste record de licenciement dans l’industrie de l’an passé (plus de treize milles pour onze mille cinq cents en 2023.
Et puis, avec la popularité grandissante des jeux indépendants auprès des joueurs, il est aujourd’hui de plus en plus tentant pour les créatifs de changer leurs quotidiens et essayer de retrouver la magie de leurs premières armes vidéoludiques.
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