Le champion français du cloud gaming risque de ne pas rester longtemps ni champion, ni français. Blade, la société qui propose les services de cloud computing Shadow, a en effet été placée en redressement judiciaire. Cette situation administrative permet à l’entreprise de mettre ses factures sur « pause » le temps de trouver une solution à ses problèmes de trésorerie.
Ici, la solution qui se profile, c’est une reprise. L’histoire est un peu triste, car outre le cocorico, tout se présentait bien pour Shadow, qui avait en plus eu le culot de se placer sur le créneau du cloud gaming bien avant qu’on entende parler du Game Pass et d’xCloud, et alors que le PS Now n’en était qu’à ses balbutiements.
D’autant plus que la formule, techniquement, fonctionne, et s’est trouvé une clientèle. Mais peut-être le cloud gaming est-il intrinsèquement problématique. Ce qui a posé (et pose) souci à Shadow, c’est de trouver toujours plus d’investisseurs pour suivre son parc de clients grandissants, jusqu’à se trouver face à un mur. Une grosse levée de fonds attendue pour la fin de l’année ne s’est finalement pas faite, laissant Blade dans la tourmente et dans l’incapacité de faire avancer ses files d’attente de clients.
Dans le même registre, Stadia a revu ses ambitions à la baisse, a fait fermer ses studios et s’envisage désormais comme une « marque blanche » (en gros, ses serveurs sont à louer…). Et cela malgré la formidable puissance de feu financière de Google. Un indice aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : Cyberpunk 2077 avait tout pour être la killer app du service, mais ne tournait qu’en version très moyenne et absolument pas en « Ultra » sur le service de streaming. La promesse du cloud gaming, que ce soit Shadow ou Stadia, est pourtant d’avoir un PC gaming accessible sur n’importe quel écran.
Alors pourquoi ces limitations ? Serait-il encore compliqué, technologiquement, de mettre à disposition autant de ressources pour un grand nombre de clients en même temps ? On se souvient que l’accès à GeForce Now, autre acteur du cloud gaming, passe par une file d’attente, parfois de plusieurs heures…
L’arrivée du cloud gaming dans le Game Pass devait être le point d’orgue d’une révolution de nos façons de jouer, les confinements et la généralisation des réunions Zoom ou Teams allaient finir d’installer la technologie dans nos foyers. Or, Stadia ne va pas bien du tout, GeForce connaît des difficultés de différentes natures depuis son lancement, le patron d’Amazon Luna a jeté l’éponge, le PS Now s’est assez largement réorienté vers le téléchargement local, et Shadow est donc en attente d’un repreneur.
Le cloud gaming, une révolution manquée ? Dans son bilan du marché du jeu vidéo français, le SELL affichait « l’essor du cloud gaming » comme l’une des explications de l’année record que le secteur a connu. Cette année viendra nous montrer s’il s’agissait d’une vraie tendance ou d’un feu de paille…
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