D’un côté, le dérèglement climatique qui se voit et se ressent comme jamais : on a vécu un mois d’octobre digne du printemps, et le Portugal est actuellement noyé sous des pluies diluviennes. De l’autre, on est en pleine crise énergétique, et on se demande si l’on va subir des coupures d’électricité cet hiver. Dans une telle situation, il est loin d’être aberrant de se poser la question de l’empreinte du jeu vidéo sur l’environnement.
L’ADEME, la très officielle Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, qu’on appelle aussi l’Agence de la Transition Écologique, vient ainsi de publier une étude très complète sur l’impact des activités culturelles à l’heure de la numérisation. Alors, les plateformes de streaming, le jeu en cloud gaming et le livre numérique sont-ils les ogres environnementaux qu’on imagine ?
Prenons l’exemple du livre. Symbole de la résistance à toute forme de gadgets hi-tech (on disait de lui que la radio le ferait disparaître, puis que la télé le ferait disparaître, que le smartphone aurait raison de lui…), on a bien envie de se tenir du côté du livre papier. Pourtant, la réalité est plutôt nuancée. Certes, la lecture d’un livre papier (pour lequel on prend en compte la fabrication, le transport, le stockage…) est bien moins énergivore que cette même lecture sur une liseuse. Mais pour qui lirait une dizaine de livres par an, alors liseuse et ebook deviennent les modes de lecture les plus écologiques.
Et le jeu vidéo (parce que c’est quand même pour ça qu’on est là) ? L’ADEME consacre trente pages de son étude au loisir vidéoludique, pour lequel il considère trois scénarios de consommation principaux : le jeu « classique », avec un disque dans la console, le jeu « numérique », sans disque, avec un jeu téléchargé sur la console, et le jeu en cloud gaming, sans disque, avec ou sans console. Et là encore, les résultats ne sont pas aussi tranchés qu’on l’imagine.
Comme pour le livre, pour un jeu donné pris de façon isolée, le cloud gaming sera la façon de jouer la plus énergivore : la consommation importante de données en plus de l’utilisation de la télé et de la console font que ce scénario de jeu fait grimper de 44% à 211% l’impact sur le changement climatique par rapport aux autres façons de jouer (jeu téléchargé en version démat’ ou jeu sur disque, sur console branchée sur la télé, sur PC portable…). Mais l’ADEME parle aussi de « point de bascule » :
« Pour un jeu avec une taille importante (77 Go), le cloud gaming peut s’avérer potentiellement moins impactant par heure de jeu qu’un jeu téléchargé, si le jeu n’est joué que quelques heures (en dessous de six heures). Pour un jeu plus léger (6 Go), le point de bascule se situe cette fois-ci à une heure et demi de temps de jeu total. »
Essayer d’abord un jeu du Game Pass via le cloud gaming avant de le télécharger si, finalement, le jeu nous plaît et qu’on s’imagine passer plusieurs heures dessus, pourrait ainsi s’ajouter aux fameux « petits gestes » du quotidien. Une sorte d’hygiène du gaming.
De façon générale, l’impact environnemental du jeu vidéo est d’abord et avant tout lié au matériel, et à son renouvellement perpétuel. Les GPU Nvidia de série 40 qui arrivent déjà sur le marché alors que les séries 30 sont encore minoritaires chez les joueurs (le top 3 des cartes graphiques les plus utilisées sur Steam est constitué, dans l’ordre, des GTX 1650, GTX 1060 et RTX 2060, et seules trois cartes de série 30 apparaissent dans le top 10) serait ainsi la véritable aberration écologique, tout comme la sortie de machines de génération intermédiaire (telle la PS4 Pro), qui pousse à un renouvellement hâtif du parc.
Au contraire, et malgré ce qu’on peut penser a priori, le cloud gaming généralisé pourrait être une bonne chose pour l’environnement, puisque n’utiliser qu’une TV connectée et éventuellement une box de streaming, mais pas de console, pourrait diviser par presque deux l’impact environnemental du jeu vidéo ! Une autre forme d’hygiène du gaming serait de jouer à des jeux moins gourmands en ressources : opter pour des jeux AA plutôt que les jeux AAA pourraient ainsi faire chuter la facture écologique de 18%.
Enfin, et en conclusion, l’ADEME indique toutefois que de façon générale, et parmi tous les scénario de jeu possible, c’est le jeu téléchargé sur PC portable qui coûte le moins cher à l’environnement. Malheureusement, c’est aussi celui qui coûte le plus cher au joueur.
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