À quelques semaines maintenant de l’arrivée des consoles next-gen, nous revenons sur le catalogue des machines de huitième génération à travers dix titres qui auront durablement marqué l’histoire des jeux vidéo. Le premier numéro de cette série est consacré à NieR: Automata.
Sorti en mars 2017, le succès de NieR: Automata n’était pas acquis d’avance. D’abord parce que le jeu est la suite de NieR, premier du nom, un titre au destin compliqué, lui-même spin-off de la série Drakengard, initiée sur PlayStation 2 en 2003. NieR sera, a minima, un semi-échec.
Dès sa sortie, les critiques lui reprochent une technique dépassée et un gameplay raté : « NieR est moche et peut se montrer vraiment répétitif », écrit IGN ; « Une bonne histoire ne sauvera pas NieR de son gameplay archaïque » pour GameInformer ; quand, de son côté, Gamekult y voit un jeu « handicapé par un héros sans réelle présence et une réalisation qu’on croirait venue tout droit du passé ».
Pourtant, bizarrement, le jeu acquerra doucement, mais sûrement, au fil des mois, une réputation de jeu cassé, mais culte (au point qu’un remaster du jeu est actuellement en préparation), essentiellement à la faveur de son scénario, mais aussi et surtout de la bande-son magique composée par Keichi Okabe.
C’est sur cette base fragile que débarque NieR: Automata, signé des mêmes Yoko Taro à l’écriture et Okabe à la musique. Et dès sa sortie, c’est le choc. Malgré les doutes qui planent sur le jeu et la licence, Nier: Automata est un instant classic.
Reprenant l’atmosphère mélancolique de la série, et quelques éléments de gameplay (le mélange des genres…) qui le rattachent à sa licence, NieR: Automata est une œuvre sans pareil dans le jeu vidéo. Graphiquement plaisant, sans être complètement renversant (le jeu n’a pas bénéficié d’un budget colossal, mais la direction artistique saura faire la différence), profitant du savoir-faire de PlatinumGames pour son gameplay, c’est surtout avec ce qu’il nous dit que Nier: Automata renverse la table.
Véritable œuvre métaphysique, le jeu questionne d’abord son propre média, en remettant en question les notions de genre, de personnages, de début et de fin dans un jeu… Étiqueté action-RPG, c’est pourtant aux commandes d’un shoot’em up qu’on débute l’aventure. Si 2B est l’héroïne que l’on contrôle une grande partie de l’aventure, elle, sera remplacée par A2, qui devient elle-même 2B…?! Quant au début, ou à la fin, outre le fait que le jeu boucle sur lui-même, ses 26 fins possibles (dont certaines qui effacent purement et simplement les sauvegardes !) nous feront nous interroger sur ce que signifie finir un jeu…
Mais au-delà de ces considérations autocentrées, NieR: Automata nous livre aussi une réflexion sur le sens de la vie, sur ce que signifie être humain, sur la religion et la notion de foi, avec les personnages incréés Adam et Eve. On y voit ainsi des machines mimant grossièrement la société humaine, mais aussi des androïdes devenant plus humains que leurs modèles. On y croise des androïdes-philosophes, authentiques penseurs ou véritables escrocs, répondant au nom de Pascal (Blaise ?) ou Jean-Paul (Sartre ?)… Rarement un jeu vidéo nous aura proposé un discours aussi riche, autant de niveaux de lecture.
Le jeu mériterait un essai de quelques centaines de pages si l’on voulait fouiller tous ses aspects et rendre justice à son incroyable profondeur. Mais il mériterait surtout que tous les joueurs qui sont passés à côté de ce monument y consacrent quelques heures de jeu. D’autant que c’est d’abord et avant tout un excellent jeu d’action !
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