Comment encore croire en Xbox ? Comment imaginer pouvoir faire confiance à Phil Spencer, (encore) dirigeant d’Xbox et à la direction du constructeur quand on constate comment l’entreprise est en train de se débarrasser de toutes ses forces vives, de sa substantifique moëlle pour une sacro-sainte rentabilité, alors même que Microsoft engrange chaque trimestre des dizaines de milliards de dollars de bénéfices ? C’est un refrain qui ne nous manquait pas, mais de nouveau, l’industrie du jeu vidéo, par l’intermédiaire de la firme de Redmond donc, licencie (à nouveau) des dizaines de milliers de personnes, 9000 cette fois-ci. Une horreur devenue hélas ordinaire et qui nous interroge sur les réelles ambitions de l’acteur, pourtant le plus riche du marché, pour l’avenir.
C’est un raz-de-marée qui se déroule actuellement du côté du géant américain donc puisque, en plus de ces milliers d’emplois détruits, nous avons aussi appris que des titres particulièrement attendus tels qu’Everwild, du côté de Rare, ou Perfect Dark chez The Initiative (studio créé spécifiquement pour le développement du jeu, on le rappelle) ont été purement et simplement annulés, et ce dernier studio a été fermé. On s’étonnait durant le dernier Xbox Showcase de n’avoir aucune nouvelle des jeux first party du constructeur, on vient peut-être de trouver un élément de réponse.
Nul n’est épargné. On pourrait croire que les personnes derrière le « Big 3 » des licences Xbox (Halo, Forza et Gears of War) ou du côté de la poule aux œufs d’or Call of Duty seraient moins impactées, mais on apprend aussi, par l’intermédiaire de Jason Schreier, journaliste bien connu de chez Bloomberg, que les studios Raven et Sledgehammer, derrière le célèbre FPS, seraient concernés tout comme Turn 10 qui perdrait près de la moitié (!!!) de ses effectifs. Après avoir dépensé plus de 100 milliards de dollars dans des studios et éditeurs, les avoir accueillis à bras ouvert, aujourd’hui l’ambiance au sein de cette grande « famille » doit être particulièrement délétère, à se demander chaque matin si le fameux mail de papa Phil invitant à voler de ses propres ailes ne sera pas dans notre boîte de réception.
Windows Central, média proche de Microsoft, a eu accès à cette communication interne diffusée dans la journée, et c’est terrifiant d’inhumanité :
Pour positionner le secteur des jeux vidéo sur la voie d’un succès durable et nous permettre de nous concentrer sur des domaines de croissance stratégiques, nous allons mettre fin à certains secteurs de l’entreprise et les réduire, et suivre l’exemple de Microsoft en supprimant les couches de gestion pour accroître l’agilité et l’efficacité. […] Il est essentiel de prioriser nos opportunités, mais cela n’atténue en rien l’importance de ce moment. En d’autres termes, nous ne serions pas là où nous en sommes aujourd’hui sans le temps, l’énergie et la créativité de ceux dont les fonctions sont impactées. Ces décisions ne reflètent pas le talent, la créativité et le dévouement des personnes impliquées. Notre élan n’est pas le fruit du hasard : il est le fruit d’années d’efforts soutenus de nos équipes.
Mais quel avenir pour Xbox ? On s’imaginait, presque naïvement avec le recul, que le constructeur, réalisant son impuissance sur le marché des consoles, était en train de pivoter sa stratégie pour se positionner en tant qu’éditeur tiers, et allait alimenter tous azimuts avec des jeux ambitieux toutes les plateformes du marché, mais à force de fermer ses studios, de virer à tour de bras ses employés et d’annuler ses projets les plus enthousiasmant, que lui reste-t-il ? Des jeux services, à la Sea of Thieves (tout aussi bon soit-il) ? Est-ce vraiment là la seule corde sur laquelle il souhaiterait se reposer ? N’y aurait-il pas aussi un œil (ou deux) tourné vers l’I.A. générative, bien moins onéreuse qu’un créatif ou qu’un employé compétent ?
Y-a-t-il d’ailleurs réellement une stratégie derrière ces énièmes licenciements ? Depuis des années, on ne comprend pas dans quelle direction souhaite partir Xbox. Les dirigeants de l’entreprise, Phil Spencer et Sarah Bond en tête, disent tout et son contraire continuellement, comme avec leur attachement envers les projets de taille modeste, mais fermant dans l’intervalle Tango Gameworks (Hi-Fi Rush), ou quand ils comptaient tester « juste avec quatre jeux » la fin de leurs exclusivités, avant de finalement supprimer toute ligne rouge, provoquant l’ire des fans de la marque. Qui dirige vraiment la branche gaming de Microsoft aujourd’hui ? Satya Nadella, président de Microsoft, et ses comptables ?
Aujourd’hui, le départ de Phil Spencer semble inévitable, indispensable presque. D’abord « good guy » du jeu vidéo, il est aujourd’hui le symbole d’un constructeur en perdition, qui n’a pas su gérer ses dizaines de studios, pourtant rachetés à coup de milliards, et qui l’ont conduit à une impressionnante débâcle. mais son départ changerait-il vraiment quelque chose dans le fond ? Les têtes peuvent bien changer, les marionnettes se succéder, tant qu’il n’y a plus de rêve, on ne voit pas comment on peut avancer dans le jeu vidéo, et Xbox ne nous fait plus rêver depuis bien trop longtemps, malheureusement.
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