[Mise à jour] L’appel de Women in Games a finalement été entendu, mais ce n’est pas Steam qui a pris les devants. C’est l’éditeur du jeu qui, face à la montée de la polémique, a choisi de le retirer de la plateforme. Le titre pourrait cependant revenir prochainement, expurgé de certains éléments. Une décision qui montre que la pression publique peut porter ses fruits… même si Steam, de son côté, n’a pas réagi, et que le jeu risque malgré tout de faire son retour. Une victoire en demi-teinte, donc.
L’organisation Women in Games, dédiée à la promotion et protection des femmes dans l’industrie vidéoludique, a vivement appelé Valve, la société mère de Steam, à retirer un jeu de sa plateforme : un visual novel adulte promouvant l’inceste et le viol. Ajouté sur la plateforme le mois dernier, il a déjà suscité une immense vague de condamnations en raison de son contenu jugé choquant et dangereux.
Il ne s’agit pas ici de panique morale, ni d’un réflexe de censure face à une œuvre provocante, mais de la nécessité de condamner un jeu misogyne et dont le contenu semble être conçu pour satisfaire les fantasmes de personnes profondément dérangées. Une situation alarmante, qui a poussé l’organisation Women in Games à prendre la parole.
Un contenu inacceptable
Le jeu en question, No Mercy, a pour thème central l’inceste et la domination masculine, et oblige les joueurs à réagir à l’infidélité de leur mère en « la revendiquant pour soi-même ». La description du jeu sur Steam est explicite, invitant les joueurs à « la posséder » et à « devenir le pire cauchemar de chaque femme », tout en incitant à « ne laisser aucune chatte non baisée, car c’est la seule chose qu’elles veulent – ne jamais accepter un ‘non’ pour une réponse ». Le jeu inclut donc des éléments graphiques choquants, des propos violents et dégradants, ainsi que des scènes de sexe non consenti et d’inceste.
Ce n’est ni une satire, ni une fiction qui interroge des tabous. Ici, tout semble baigner dans une glorification brutale d’un imaginaire masculiniste et l’idéologie « incel ». Une vision du monde toxique, déshumanisante, qui ne relève plus de la liberté d’expression artistique mais d’une violence culturelle profonde.
Marie-Claire Isaaman, PDG de Women in Games, a exprimé son indignation et sa profonde inquiétude :
« Le fait qu’un jeu comme celui-ci soit disponible sur Steam, l’une des plus grandes plateformes de jeux au monde, est totalement inacceptable. Cela envoie un message clair et inquiétant : que la violence contre les femmes n’est pas seulement tolérée, mais jouable. Ce message n’a pas sa place dans notre industrie, nos communautés, ni dans notre société. »
Isaaman exhorte donc Valve à prendre des mesures immédiates pour retirer ce jeu de la plateforme, soulignant la nécessité d’adopter des politiques de modération de contenu plus rigoureuses. Elle insiste également sur le fait que l’industrie vidéoludique se doit d’adopter une politique de tolérance zéro à l’égard de la misogynie et de la haine.
« Nous appelons Valve à adopter une politique plus rigoureuse pour interdire ce genre de contenus. Les femmes et les filles méritent mieux de cette industrie. Nous invitons tous nos alliés à se joindre à nous, à parler, à agir et à soutenir un avenir de jeu sûr et inclusif. »
L’absence de politique éditoriale sur Steam
Le jeu a suscité des interrogations sur le processus de modération de contenu sur Steam, et sur la facilité avec laquelle un titre aussi problématique a pu être mis en ligne. Bien que Steam autorise la publication de jeux pour adultes, la présence de contenus explicitement violents et dégradants, servant de simulateurs d’actes illégaux tels que le viol, soulève des questions importantes sur la responsabilité de la plateforme.
La simplicité avec laquelle un utilisateur peut créer un compte Steam et contourner les vérifications d’âge a également attiré l’attention de nombreux experts en santé mentale infantile, soulignant que la plateforme ne met pas en place des mesures suffisantes pour empêcher l’accès des mineurs à ce type de contenu. Le problème n’est malheureusement pas isolé, et des critiques similaires sont régulièrement adressées à des géants comme Roblox, où les prédateurs et les comportements abusifs sont également monnaie courante.
La réponse de Valve et du gouvernement
L’appel de Marie Claire Isaaman a donc été entendu au Royaume-Uni, qui s’est récemment doté d’une loi sur la sécurité en ligne, intensifiant la pression sur des plateformes telles que Steam afin qu’elles encadrent davantage les contenus problématiques. Peter Kyle, Secrétaire d’État à la Science, à l’Innovation et à la Technologie, a qualifié le jeu de « problème profondément inquiétant » et a exigé son retrait immédiat par Valve. Il a ajouté :
« Nous nous attendons à ce que toutes ces entreprises retirent immédiatement le contenu dès qu’elles en sont informées. C’est ce que la loi exige, et c’est ce que je demande en tant que secrétaire d’État. »
La campagne de Women in Games contre ce jeu est donc plus qu’une simple demande isolée de retrait de contenu problématique. Elle soulève des questions cruciales sur les responsabilités des plateformes de distribution de jeux vidéo face à des contenus violents et haineux. En dépit de son contenu choquant, le fait que le titre reçoive des critiques très positives sur Steam est aussi inquiétant, rappelant que la « communauté » des gamers reste problématique.
Malgré les appels fermes de Women in Games et du secrétaire d’État britannique Peter Kyle, Valve n’a toujours pas réagi publiquement à la controverse ni retiré le jeu. Un silence lourd de sens…
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