Les jeux de FromSoftware font partie de cette catégorie où la musique occupe une place éminemment importante. Le studio a pris la décision de ne proposer que très peu de fonds sonores instrumentaux dans les phases d’exploration pour rendre d’autant plus épiques les combats de boss qui disposent tous d’un titre unique pour accompagner vos morts à répétition.
À quelques jours de la sortie d’Elden Ring, prenons un instant pour apprécier le savoir-faire exceptionnel du studio quant à la sélection des musiques de ses jeux. Dans ce top (comme d’habitude totalement subjectif), nous allons délibérément nous attarder sur les musiques à travers lesquelles le lore transparaît jusqu’à devenir une manifestation sonore de l’histoire des personnages qu’elles illustrent.
Avertissement : l’écoute des titres qui vont suivre peut causer une recrudescence des symptômes induits par un stress post-traumatique. Vous voilà prévenus.
N.B : les noms des compositeurs seront précisés entre parenthèses à côté des titres sélectionnés.
#5 : Sekiro, The One-armed Wolf (Yuka Kitamura)
A contrario des titres précédents du studio FromSoftware, Sekiro: Shadows Die Twice est ancré dans un univers aux références profondément japonaises et la bande originale n’y fait pas exception. Vous y incarnez un shinobi dont la mission est de retrouver son maître, l’héritier divin, devenu otage du clan Ashina.
Tranchant singulièrement avec les musiques épiques de FromSoftware, le titre démarre sur quelques notes de shakuhachi (flûte japonaise) accompagnées d’une orchestration en retrait. À mi-chemin dans la piste, des percussions viennent marteler un rythme lent et régulier comme pour annoncer que quelque chose, ou quelqu’un, est en marche. Cette musique transpire la gravité qui caractérise le personnage du Loup à un bras, proposant une métaphore de sa vie et du parcours semé d’embuches qui l’attend. Le morceau se termine dans un soupir qui précède le silence caractéristique du personnage de Sekiro.
#4 : Lady Maria Of The Astral Clocktower (Yuka Kitamura)
Présent sur le DLC « The Old Hunters » de Bloodborne, ce titre illustre le combat contre Lady Maria. Personnage ambivalent par excellence, cette dernière a commis des horreurs impardonnables au nom de la Chasse avant de plier sous le poids de la culpabilité et de disparaître sans laisser de traces. La poupée du Rêve du Chasseur a été créée à son image.
Comme expliqué précédemment, chaque boss dispose de son propre thème musical et, dans certains cas, un instrument précis vient prendre le rôle de la « voix » de votre adversaire. Dans le cas précis de Lady Maria, deux instruments viennent tenir ce rôle : le violon et le violoncelle. Ce duo symbolise la dualité qui s’exprime en elle. L’entrée fracassante et inattendue du chœur peut être vue comme l’événement qui marquera le point de non-retour pour Maria : la profanation de Kos, cet être mystérieux qui sera à l’origine du Cauchemar du Chasseur et qui scellera son tragique destin.
#3 : Pontiff Sulyvahn (Yuka Kitamura)
Dirigeant autoproclamé de la ville d’Irithyll, Sulyvahn est surtout connu pour sa quête insatiable de pouvoir. Partisan d’Aldrich, le Dévoreur de Dieux, Sulyvahn nourrissait le seigneur cannibale avec des enfants provenant de la ville placée sous son joug.
Ce titre est quelque peu particulier, car il soulève une autre vague d’émotions en nous en comparaison avec les autres musiques auxquelles Dark Souls 3 nous a habitués. En effet, dès les premières secondes, c’est un chœur d’enfants qui vient ouvrir cette ascension dans l’horreur par nappes successives d’agrégats (ensemble de notes volontairement dissonantes entre elles) où les voix fragiles semblent absorbées par l’orchestre. La métaphore parle d’elle-même…
#2 : Gwyn, Lord of Cinder (Motoi Sakuraba)
Pour les personnes qui ont découvert FromSoftware avec Dark Souls pour la première fois, le combat contre Gwyn, l’homme responsable du premier péché (avoir perpétué l’Âge du feu dans un acte de pur égoïsme allant à l’encontre de l’ordre naturel des choses), est attendu comme le point culminant de cette longue et douloureuse aventure. En arrivant au Foyer de la première Flamme, le joueur découvre un Dieu qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Une Carcasse obstinée à entretenir éternellement un brasier qui se meurt.
La musique du boss final de Dark Souls nous prend à contrepied. Un piano. Un simple piano vient mettre en musique l’apogée de votre quête épique. La mélodie en elle-même est d’une simplicité aberrante et restera gravée dans la mémoire de tous les Chosen Undead qui auront foulé les terres de Dark Souls. On observant cette mélodie, il est intéressant de voir qu’elle n’est composée que de notes descendantes à l’exception d’une qui semble vouloir remonter la gamme, tant bien que mal, mais qui n’y parviendra jamais. De la même manière, Gwyn, personnage tragique par excellence, devra faire face à son inéluctable fin.
#1 : Soul of Cinder (Yuka Kitamura)
Entretenues depuis bien trop longtemps, les braises du Foyer de la première Flamme sont devenues un cimetière d’âmes qui se sont succédé, de gré ou de force, depuis des générations pour entretenir le rêve de Gwyn. Dans Dark Souls 3, dernier opus de la saga de FromSoftware, le joueur « venu des cendres » a pour mission de remettre tous les Seigneurs de Cendres sur leurs trônes pour raviver le feu mourant. Le combat final de ce jeu vous opposera à l’Âme des Cendres, personnage qui incarne tous ses prédécesseurs qui ont tenté d’entretenir la Flamme.
De la même manière que le personnage qu’elle illustre incarne tout le passé de l’histoire de Dark Souls, la musique de ce boss reprend tous les éléments qui forgent l’identité sonore de la saga. Les cuivres qui débutent le titre nous rappellent au tragique de cette mythologie. Les envolées harmoniques de l’orchestre soulignent l’aspect épique de ce combat sans merci. Les plus attentifs auront remarqué la mélodie jouée au piano lors du combat contre Gwyn qui vient s’intégrer à l’arrangement alors que l’Âme des Cendres commence à utiliser le set move de ce personnage emblématique. Ce titre magnifique incarne Dark Souls dans toute sa complexité.
Difficile de revenir à la réalité après des voyages musicaux aussi intenses que ceux proposés par FromSoftware. Alternant les registres avec brio, la direction artistique des OST du studio a su faire battre à tout rompre le cœur des fans du sadomasochisme vidéoludique. Nous n’avons aucun doute sur le fait qu’Elden Ring fera perdurer cet héritage en nous proposant une bande originale toujours aussi percutante et efficace.
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