Aucun doute à ce propos, les sphères réactionnaires ne tarderont pas à s’emparer du sujet, ainsi, nous jugeons bon de faire contrepoids. Tomb Raider 1-3 Remastered est sorti le 14 février 2024, comme pour marquer l’amour des joueurs envers l’archéologue la moins respectueuse du patrimoine, une figure emblématique du média. Seulement, l’amour n’est pas toujours que bonheur et candeur, parfois, on se rend compte des défauts, on appréhende l’autre dans son entièreté et on remarque les légères imperfections. Loin de gâcher la relation, en avoir conscience permet de mieux avancer avec le partenaire. On vous rassure, vous êtes encore sur un site spécialisé en jeux vidéo, cette métaphore n’a pour objectif que de faire comprendre que la trilogie originale n’est pas parfaite, et que ce n’est pas dramatique.
C’est une évidence, les trois premiers opus de la saga ont vieilli. Que ce soit sur le plan formel, en matière de gameplay, de présentation, ou bien même sur le fond. Tomb Raider est un titre marqué par son époque, qui fait la part belle à certaines représentations que nous qualifierons sans mal de datées. Aspyr et Crystal Dynamics, à l’origine de ce remaster, en ont bien sûr conscience et ont donc pris une décision encore rare aujourd’hui, à savoir ouvrir le jeu sur un texte informatif :
« Les jeux de cette collection contiennent des représentations offensantes de personnes et de cultures enracinées dans des préjugés raciaux et ethniques. Ces stéréotypes sont profondément préjudiciables, inexcusables et ne correspondent pas à nos valeurs chez Crystal Dynamics. Plutôt que de supprimer ce contenu, nous avons choisi de le présenter ici dans sa forme originale, tel quel, dans l’espoir de pouvoir reconnaître son impact néfaste et d’en tirer des leçons ».
Ce message, comme nous pouvions nous y attendre, provoque déjà de nombreuses polémiques. Nous faisons le choix de ne pas nous y intéresser pour tenter de mieux saisir le fond du sujet. Il est indéniable que les jeux Tomb Raider ont vieilli quant à la notion de représentation, notamment raciale et ethnique. Les mauvaises langues auront tôt fait d’affirmer que cet avertissement n’est qu’un bouclier levé face à celles et ceux qui repèreront rapidement les errances de la licence. C’est une possibilité, certes, mais nous serions malhonnêtes d’engager un procès d’intention. Tout ce que nous avons, ce sont donc ces quelques mots de Crystal Dynamics, et nous devons admettre qu’ils ne portent en eux rien de répréhensible, bien au contraire.
Nous tenons à préciser qu’aucun contenu n’a été coupé à l’occasion de ce remaster. Tous les moments problématiques mentionnées dans l’avertissement ont été conservées et nous n’avons donc pas affaire à une censure, mais plutôt à une sensibilisation du public. Les mentalités sont censées progresser, et avec elles notre approche des questions de genre, d’ethnie, et de représentation de ces dernières. Cela ne veut pas pour autant dire que les œuvres que nous avons produites par le passé sans cette sensibilité accrue doivent être cachées.
Crystal Dynamics fait le choix d’informer dans une volonté d’amélioration plutôt que de fermer les yeux ou bien de renoncer au portage de ces jeux. Ce n’est pas une prise de distance, bien au contraire, car les mots sont forts. Les préjudices portés aux communautés ciblées sont admis sans détournement et le désir de conserver afin d’évoluer est affirmée.
En ce sens, nous ne pouvons qu’approuver la décision du studio. De cette manière, à l’aide de ce simple avertissement, Tomb Raider 1-3 Remastered peut regarder vers le passé, n’omettant rien, mais résolu à s’adresser avec honnêteté à un public qui souhaite voir des représentations plus positives.
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