Le dramatique feuilleton de Fntastic ne prendra donc jamais fin ? Nous pensions pourtant qu’il serait difficile de tomber plus bas qu’avec la fermeture du studio… Après l’annulation de The Day Before, entraînant l’entreprise dans sa chute et le retour de la direction accusant l’opinion publique de se lancer dans une « campagne de haine», une nouvelle enquête révèle des conditions de travail désastreuses durant le développement du jeu. Au vu de sa sortie catastrophique, ce n’est pas très étonnant. Ce qui l’est en revanche, c’est l’intensité et la forme que prennent ces divers harcèlements.
Comme si le crunch (période de travail extrêmement intense et épuisante) ne suffisait pas, l’enquête du journal allemand GameStar révèle que des employés étaient surveillés. Pour ce faire, l’entreprise usait de logiciels de contrôle à distance qui permettent de voir ce qui se passe sur le moniteur d’un employé, une pratique malheureusement de plus en plus fréquente dans de nombreuses compagnies. Une fenêtre ouverte aux coups de pression et harcèlements en tous genres qui visaient des employés déjà bien trop anxieux à l’idée de savoir si le manager était en train de les observer ou non. Une prison panoptique moderne dans un secteur du monde du travail censé apporter culture et divertissement au plus grand nombre.
Plus surprenant encore, des doubleurs ont reçu une amende. Oui, vous avez bien lu. Cette amende visait à sanctionner des performances jugées décevantes. Comme si ce n’était pas suffisamment décevant, justement, de travailler sur un jeu comme The Day Before. Les employés en faisaient donc directement et littéralement les frais. Tout cela pour au final en arriver au lancement de jeu sans doute le plus désastreux de 2023 et une annulation à la dernière minute. C’est à se demander qui a été victime de « campagne de haine», peut-être un lapsus révélateur de la part de la direction qui n’a pas supporté de se retrouver prise à son propre piège. Tout le monde doit pourtant pouvoir rendre des comptes.
Tout cela est encore une fois révélateur d’une situation pour le moins problématique dans l’industrie du jeu vidéo. Bien que ce type de débordement concerne de trop nombreuses entreprises trop soucieuses de leur chiffre d’affaires, il faut bien admettre que notre média, figure de proue du divertissement d’une société en plein essor technologique, est bien souvent mis au centre de ces coups de projecteurs peu reluisants. Harcèlement, crunch et surveillance immodérée sont l’apanage de sorties au mieux en demi-teinte, au pire complètement ratées.
Que serait The Day Before si la direction de Fntastic avait laissé ses artistes travailler sereinement ? Si jamais elle avait décidé de les laisser faire preuve d’inventivité plutôt que de les étouffer dans un milieu toxique dont le seul horizon est la rentabilité et, de fait, des études de marché qui prévalent sur la créativité ? Nous serions peut-être face à un excellent jeu que nous aurions pris grand plaisir à critiquer et à vous présenter.
Au lieu de cela, les studios préfèrent se complaire dans des vieux schémas mortifères dont ils sont, nous tenons à le mettre en évidence, pas les seuls responsables. La nécessité d’obtenir un profit à même de satisfaire les actionnaires existe bel et bien. Elle mène les studios à travailler vite et à cultiver une mentalité performative qui nuit aux équipes. Une culture ici représentée par cette fameuse amende. Vous ne travaillez pas assez bien ? Le temps, c’est de l’argent, alors rendez-nous ce temps de travail infructueux. Une logique toute simple, non ?
Harcèlement des équipes de développeurs – Comment y répondre ?
M⅃K
Cyberpunk 2077 – Du crunch, mais respectueux !
Team NG+
The Day Before – Fntastic n’a pas dit son dernier mot
Al