Nous apprenions il y a quelques jours la date de sortie de God of War: Ragnarök, que l’on attend avec grande impatience pour le 9 Novembre prochain. Pour autant, le comportement de certains joueurs avant cette annonce n’aura pas été très glorieux : le harcèlement sur les réseaux sociaux tend ainsi à devenir régulier pour ceux désirant des réponses coûte que coûte.
C’est bien dans l’optique d’avoir des informations exclusives que des joueurs ont envoyé des « dick pics » (entendez par là des photos de leurs phallus) à Estelle Tigani, une des productrices du jeu. Car, c’est bien connu, cette démarche tenant purement de la simple volonté transactionnelle, et non pas d’un égocentrisme effarant doublé d’une absence totale d’empathie, est souvent efficace lorsque vous voulez obtenir une contrepartie. Alors, pensez-y si vous n’avez pas de quoi faire l’appoint la prochaine fois que vous faites vos courses !
Pro tip: sending me dick pics asking for the God of War Ragnarok release date will not, in fact, get me to reveal the release date.
To the people who are doing so, when did that ever work for you?! pic.twitter.com/U6Ea1Emi3X
— Estelle Tigani (@estelletigani) June 30, 2022
Ces messages ont, bien entendu, été envoyés en privé, ce qui est dommage, car cela les déleste de facto de leur poids dans la demande du public. Force est en effet de constater que la majorité des messages d’impatience ne tenaient (heureusement) pas de la photographie sexuelle, mais bien du message véhément partagé sur les réseaux sociaux.
Alors, on peut comprendre l’engouement de certains, mais il y a des façons autrement plus intelligentes et agréables d’exprimer ses attentes qu’au travers du harcèlement des équipes de créateurs. Une personne a, par exemple, prétexté que c’était son anniversaire auprès de Cory Barlog, le réalisateur et scénariste de l’opus de 2018, pour obtenir la date de sortie. Sans le résultat escompté, certes, mais les réponses de ce dernier ne manquaient pas d’humour.
Randy, we are not MacReady.
— cory barlog (@corybarlog) June 29, 2022
Malheureusement, tout le monde n’a pas l’aisance d’un Cory Barlog pour désamorcer des situations de harcèlement similaires, et nous en avons fait les frais sur une autre pépite attendue : Return to Monkey Island. Ron Gilbert, le papa de la série dont le futur épisode a été annoncé durant le récent Nintendo Direct Mini, a fort probablement eu du mal à encaisser le flot de commentaires toxiques sur son site personnel quant à cette suite. Une situation d’autant plus triste pour les fans qu’ils rêvaient d’une telle annonce depuis trente ans, une absence prolongée qui aura fait s’en languir plus d’un.
Bang up job, everybody.
(I've seen a lot of passionate but polite/polite-adjacent discussion going on, but the comments on Ron's blog were a total shitshow.) pic.twitter.com/BUBoPdU1fS
— Dominic Armato (@SkilletDoux) June 30, 2022
Et tous ces commentaires pour quoi ? Un style graphique qui ne plaît pas ? Allons bon ! Le pixel art n’a jamais été aussi apprécié qu’en ce moment, le cel-shading est toujours à la mode, et Steeve de Minecraft s’est désormais imposé dans les compétitions de Super Smash. Qu’il est ingrat pour ses créateurs de juger une œuvre seulement sur son aspect visuel…
Par-delà l’éducation des joueurs, dans laquelle les streamers ont probablement une carte à jouer aujourd’hui, il y a une nécessité de réflexion sur la communication entre les créateurs et leur public. Pour Santa Monica (God of War: Ragnarök), la situation est devenue délétère après que des rumeurs ont surgi quant à un éventuel report de la sortie du jeu, et que l’information attendue à ce sujet est arrivée en retard. C’est finalement l’annonce de la semaine dernière qui aura ramené un certain calme sur les réseaux de leur côté. À l’inverse, c’est dans le silence que le studio Lucasfilm Games (Return to Monley Island) aura trouvé une issue au harcèlement subi par ses créateurs.
Quand on voit l’effervescence autour de Hollow Knight: Silksong, malgré le silence absolu des équipes durant ses années de développement, on ne peut s’empêcher de croire qu’il y a là une place pour le bien-être mental des développeurs. L’absence totale de communication pourrait bien être plus positive pour les créateurs, et parfois plus surprenante pour les joueurs, que des campagnes marketing millimétrées révélant des informations au compte-gouttes.
