Alors que le huitième opus résonne encore dans notre esprit comme un voyage parfaitement rythmé, YS IX: Monstrum Nox vient quant à lui de passer entre nos mains pour le test du jour, et c’est avec un plaisir non dissimulé que nous avons retrouvé ce cher Adol, encore une fois embourbé dans une histoire aux enjeux bien énigmatiques.
Si le huitième opus nous proposait des décors paradisiaques à la végétation luxuriante, nous arrivons ici dans une ville pénitentiaire beaucoup moins colorée, et dont ce que nous avions vu dans la démo nous avait un peu refroidis de par son caractère assez étriqué. Pour autant, nos doutes étaient-ils justifiés ? Ou la ville de Balduq a-t-elle finalement beaucoup plus à nous offrir que la rapide esquisse dont nous avons été témoin ?
(Test de YS IX: Monstrum Nox sur PS4/PS5 réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
YS IX: Monstrum Nox prend un peu de hauteur
Quelle déception lorsque nous avions appris que YS IX: Monstrum Nox allait se dérouler dans une ville grisonnante. Pourtant, comme le dit si bien l’adage, l’habit ne fait pas toujours le moine. Nous commençons donc notre aventure dans la ville pénitentiaire de Balduq, une immense cité dont le cœur se compose d’une prison réputée pour n’avoir jamais laissé s’évader le moindre détenu. En arrivant, notre réputation d’aventurier de mauvais augure nous précédait forcément, et bien évidemment, on vous le donne en mille, aussitôt arrivé aussitôt enfermé, mais surtout, aussitôt évadé.
Mais si nous étions entré en prison en tant que simple aventurier, nous en sommes ressortis en tant que Monstrum. Il s’agit du petit nom sympa donné à ceux ayant reçu le pouvoir de combattre le mal qui ronge la ville de Balduq. Ce pouvoir nous a été « offert » de force par une certaine Aprilis dont les motivations sont au départ aussi floues que ses origines. Pour le coup, nous avons l’habitude avec la série des YS, on nous balance dans une histoire qui nous semble à dormir debout, on ne comprend pas tout ce qui nous arrive, et c’est petit à petit que les pièces du puzzle commenceront à nous être révélées, afin que l’on puisse faire la lumière sur ce qui se trame dans la cité.
Le scénario débute donc calmement, mais sans être dénué de rythme, et va aller crescendo jusqu’à son dénouement. Après un précédent opus plutôt maîtrisé, mais au rythme chancelant, Falcom semble avoir pris en compte ce fait, afin que l’aventure de YS IX: Monstrum Nox se déroule de manière beaucoup plus fluide. Cela entraîne alors une baisse conséquente de la durée de vie globale (trente heures environ), mais surtout un enchaînement beaucoup plus dynamique des péripéties.
Si cela pourrait en contrarier certains, cela nous a personnellement apporté un bon bol d’air frais, et si l’on va plus loin, cela pourrait bien, tout comme cela l’a été pour nous, décupler les envies des joueurs de se lancer dans le fameux mode new game plus. Avec cinquante heures de jeu, on peut hésiter à relancer l’aventure, mais avec vingt-cinq ou trente heures, on en reprend bien volontiers.
Techniquement, le jeu ne casse pas trois pattes à un canard même si la direction artistique reste efficace. On sait très bien que ce compartiment n’a jamais été le point fort du studio. Les habitués ne seront clairement pas repoussés par cet opus, mais pour les nouveaux joueurs, il faudra être un peu indulgent. D’autant plus qu’avec des graphismes en retard, si on y perd sur la partie esthétique, on y gagne un jeu ultra fluide, ce qui permet au gameplay hyper nerveux d’avoir de « l’air » pour s’exprimer.
Malheureusement, contrairement à l’opus précédent, nous n’avons pas été aussi marqués par la musique. Attention, la bande-son fait parfaitement son boulot, c’est dynamique, ça donne la pêche, on s’éclate, mais au sortir du jeu, il faut bien avouer que nous n’avons pas vraiment eu un morceau qui nous aura marqués plus qu’un autre.
Un contenu solide et bien amené
Contrairement à beaucoup de jeux qui vous submergent d’entrée de quêtes annexes ou de collectibles à récupérer, YS IX: Monstrum Nox nous a agréablement surpris par la façon dont il distille son contenu petit à petit. Tout d’abord, la ville en elle-même se compose de plusieurs quartiers qu’il nous faut débloquer un à un.
Cela nous permet donc de ne pas avoir trop de choses à gérer à la fois, mais aussi de prendre petit à petit la mesure de la taille de cette ville. Au départ, nous étions presque déçus de voir que nous allions devoir rester enfermés dans la cité, et pourtant, on vous assure que vous ne devriez pas vous ennuyer ou vous lasser une seule seconde des environnements.
Côté collectibles, à la manière de beaucoup de titres en monde ouvert, vous allez avoir tout un tas de choses à récupérer, mais chaque élément aura son utilité, et vous permettra par exemple d’en effectuer l’échange contre des objets rares, ou des composants de crafting. Ce dernier point est d’ailleurs un incontournable du jeu puisque tout ce dont vous allez avoir besoin pourra être fabriqué par l’un des personnages qui aura rallié votre cause durant l’aventure. On parle ici de cuisine, d’armes, de bijoux, etc.
Mais le cœur de YS IX: Monstrum Nox reste bien évidemment son système de jeu, et le côté grisant que le gameplay a l’habitude de nous apporter. Ce nouvel opus avait de quoi s’asseoir sur les solides bases du précédent épisode, mais il a décidé de tenter d’aller encore un peu plus loin, et si cela nous avait un peu effrayés durant la démo, force est de constater que sur le jeu final, notre avis s’en est vu transfiguré.
On a donc une base de gameplay aux attaques de base très nerveuses, auxquelles vont s’ajouter les fameuses quatre attaques spéciales à placer sur Croix, Rond, Carré et Triangle. De ce côté-là, pas de changement, et c’est tant mieux, car l’ergonomie de cette configuration reste terriblement efficace.
Mais dans cette nouvelle aventure, vous incarnez un Monstrum parmi plusieurs autres, chacun possédant une capacité particulière, qu’il s’agisse de voler ou de marcher sur les murs par exemple. À chaque nouveau Monstrum qui se joindra définitivement à votre équipe, vous ferez l’acquisition d’une nouvelle capacité, ce qui aura de fait une incidence sur le level-design, car plus vous aurez de pouvoirs différents, et plus les environnements seront variés, tortueux, et renfermeront de secrets.
C’est ce point précis qu’il ne faut pas juger au regard de la démo, car dans cette dernière, nous n’avions ni toutes les clés de compréhension des événements ni un grand nombre de pouvoirs. Au final, la synergie des pouvoirs marche vraiment du tonnerre et l’on prend beaucoup de plaisir à exploiter ce nouveau champ des possibles.
En tant que Monstrum, nous avons donc la lourde tâche de purifier la ville en mettant fin à la Nuit de Grimwald. Il s’agit d’une sorte de dimension parallèle, et de cet autre plan de la réalité s’échappent des monstres que nous avons le devoir de tuer pour protéger les humains, et libérer la ville du mal. L’avancée du jeu se fait alors en deux temps. D’abord, il y a le scénario qui nous invite dans les tréfonds de la prison de Balduq, et dans un deuxième temps, lorsque des sortes de failles dimensionnelles surgissent du néant au sein de la cité, nous devons les traverser pour y effectuer une séquence de tower defense à l’instar des invasions de YS VIII.
Sur place, il vous faudra défendre un point clé des vagues de monstres tentant de l’assaillir, et si vous arrivez à survivre, cela constituera pour vous un pas de plus vers la libération de la cité. À la fin des combats, vous obtenez une note à la façon d’un scoring d’arcade, et plus votre note sera élevée, plus vous obtiendrez des objets rares en récompense. Le point intéressant de ces événements, c’est qu’il vous est possible au fur et à mesure, de mettre en place des défenses, des leurres, d’obtenir des bonus etc., ce qui rend chaque nouvelle session encore plus prenante que la précédente.
Par contre, surtout, ne commencez pas le jeu dans un mode trop facile, car vous risqueriez de trouver ces phases vraiment très fades, de par leur manque de challenge. Difficile semble être le mode le plus approprié pour débuter, quel que soit votre passif avec la série, et constitue un bon point de départ. De toute façon, il vous sera possible de modifier ce paramètre par la suite en cas de besoin.
Enfin, nous terminerons en abordant les personnages qui, encore une fois, nous ont laissé penser qu’ils allaient être des stéréotypes sur pattes pendant quelques heures, mais c’est justement après que le jeu a posé ses bases qu’il se décide à nous dévoiler le background de chacun. Cela ne veut pas dire que l’on ne voit pas les ficelles s’agiter au loin, nous restons tout de même dans un A-RPG plutôt classique, mais les personnalités de chaque personnage, même secondaire, donnent vraiment du corps à l’univers, notamment quand il s’agit de nous faire découvrir la ville au travers du vécu des personnages.
YS VIII avait été une véritable démonstration d’efficacité à tous les niveaux, et nous attendions forcément YS IX: Monstrum Nox au tournant. Verdict ? Ce nouvel opus arrive à condenser tous les acquis du précédent, et même à en corriger quelques défauts, notamment en ce qui concerne la maîtrise de son rythme.
Pour autant, même si le gameplay est encore une fois impeccable, et la progression toujours aussi riche et grisante, ce nouvel opus n’a malheureusement pas hérité du charme exotique de son aîné. La ville de Balduq, aussi travaillée soit-elle, n’a pas réussi à nous apporter la diversité que nous avions tant aimée dans l’épisode précédent.
YS IX: Monstrum Nox n’est donc pas mauvais, il est même très bon, mais alors qu’on espérait qu’il dépasse son aîné, cela n’a au final pas été le cas. Reste tout de même un titre qui saura contenter absolument tous les joueurs d’A-RPG, aussi bien les fans de la série que les néophytes, surtout qu’on le rappelle, cet épisode bénéficie d’une traduction française de très bonne qualité.