Licence ressuscitée en 2014, Wolfenstein continue son massacre de nazis dans la joie et la bonne humeur avec un nouvel opus qui se veut sur le papier un poil différent de ses prédécesseurs. Revenons quelques instants en arrière pour mieux comprendre où se situe cet épisode. Depuis le retour de la saga, nous avons eu Wolfenstein New Order, Wolfenstein: The Old Blood (préquel du premier titre) et Wolfenstein II: The New Colossus sorti en 2017. Il va sans dire que les corps se sont empilés et que le sang a coulé.
Véritables marques de fabrique de la série, l’exagération et la démesure ont toujours guidé les aventures de William Joseph Blazkowicz. Mais il semble que les aventures de Blazko le barjot arrivent à leur fin et que la relève soit déjà sur le terrain. Dans Wolfenstein: Youngblood, ses deux filles jumelles prennent les armes et partent en guerre contre les rebuts du troisième Reich.
Faisons connaissance avec Jess et Soph Blazkowicz. Ces dernières ont grandi pour annihiler du nazi. Entraînées sans relâche par leurs parents, elles ne vivent que pour voir le système nazi sombrer. Les années passent et une mission tourne mal pour leur père qui se retrouve prisonnier en plein Paris. Il n’en faut pas plus pour que notre duo de choc s’envole en direction de la capitale française occupée, afin de rejoindre les rangs de la résistance.
Avec ces nouveaux protagonistes et contexte, la licence en perte de vitesse semble vouloir apporter un vent de fraîcheur. De plus, les développeurs MachineGames ont fait appel à Arkane Studios pour éviter les pièges classiques des suites.
(Test de Wolfenstein: Youngblood réalisé sur PlayStation 4 via un code fourni par l’éditeur)
Paris risqué
Outre ses protagonistes, Wolfenstein: Youngblood joue dès le départ la carte de l’innovation avec un mode coopératif en ligne. Ainsi, il sera possible de rejoindre n’importe quelle partie ou de laisser n’importe quel joueur rejoindre la vôtre (en fonction de vos options de connexion). On déplore au passage l’absence d’un mode coopération local, on s’imaginait déjà massacrer du nazi avec un pote sur le canapé, il n’en sera rien. Mais revenons au mode en ligne, celui-ci est en réalité un ajout habile pour minimiser la redondance du titre.
On ira même jusqu’à le qualifier de cache-misère tant le titre est pauvre (vous le comprendrez un peu plus tard dans l’article). Même si jouer avec un inconnu peut poser problème (certains joueurs foncent dans le tas ou sont d’une nullité déconcertante), il est toujours plaisant de se la jouer en coopération, surtout si c’est pour massacrer du méchant nazi.
Autre souci du mode en ligne, les niveaux. Et pour bien comprendre ce point, il nous faut vous détailler l’expérience. Wolfenstein: Youngblood apporte également la notion d’expérience à la série, et tuer des ennemis, accomplir des missions, vous apporteront des points d’expérience et des niveaux. À chaque niveau passé, votre personnage gagnera des points de compétence nécessaires pour apprendre capacités et talents. Plus vous êtes de haut niveau, plus les ennemis le sont également. C’est à se demander à quoi sert de gagner de l’expérience finalement.
Mais le réel problème est que tout ce système de niveaux rend complexe le mode en ligne. Certains joueurs sont plus avancés que d’autres, ce qui donne des ennemis soit trop corsés pour l’un ou bien trop faibles pour l’autre. Il conviendra donc de trouver un partenaire dès le début de l’aventure pour progresser en même temps et sans discordance. En plus des points d’expérience, il sera possible d’améliorer les armes avec de l’or.
Paris occupé
Comme dans le second épisode canonique, Wolfenstein: Youngblood se configure à partir d’un hub central, les catacombes de Paris en l’occurrence. C’est à partir de cette base secrète de la résistance que vous pourrez accéder aux différents niveaux via le métropolitain. Vous retrouverez également les missions secondaires et les défis en ces lieux. Nous reviendrons sur ce point un peu plus tard.
On le mentionnait en introduction, l’une des particularités du titre réside dans son partenariat avec Arkane Studios à qui l’ont doit l’excellente série Dishonored ou le trop sous-estimé Prey. Le fer de lance du savoir faire du studio français réside dans sa conception complexe des niveaux. Et ils peuvent ajouter Wolfenstein: Youngblood à leur palmarès. L’exploration des quartiers de Paris est un réel succès, il existe une multitude de possibilités pour atteindre une zone, par les toits, les ruelles, l’avenue principale. L’opus se vit en horizontal et à la verticale, notamment avec le mouvement du double saut qui permet d’atteindre des zones hautes comme des fenêtres. Le level-design masque un temps toute linéarité sur un jeu qui ne l’est que trop.
Autre point fort du jeu (et non des moindres) : son gameplay. Il se veut nerveux et facile d’accès. Oubliez toute discrétion, ici, la principale stratégie est de foncer dans le tas à coups de chevrotine bien placés. C’est bourrin, c’est gore et on en redemande ! Sur cet aspect, Wolfenstein: Youngblood remplit généreusement sa part du contrat, tuer du nazi n’a jamais été aussi jouissif ! On regrettera seulement un petit manque de variété quant au bestiaire.
La coopération apporte du fun en plus et abaisse indirectement la difficulté. Si l’une des sœurs tombe au combat, l’autre pourra la ressusciter en se plaçant juste à côté. De plus, un système de signes a été ajouté. Il s’agit d’encouragements qui redonnent des points de vie, des points d’armure ou alors des capacités supplémentaires en fonction de la situation. Ces deux mécanismes de gameplay inédits facilitent grandement le jeu et ce, qu’importe le mode de difficulté sélectionné.
Les nazis sont des fainéants
On atteint le chapitre qui fâche, le paragraphe qui enfonce le jeu. Wolfenstein: Youngblood s’avère bien trop court et bien trop vide pour mériter nos éloges. Pourtant, les premières heures de jeu promettaient une belle note à l’arrivée. Mais dès que nous avons eu une vision globale du tableau, nous avons déchanté. Le jeu pue la flemme à bien des égards, à la limite du foutage de gueule. Par où commencer ?
Tout d’abord, on le disait, les niveaux sont bien construits mais il n’y en a pas assez pour réellement les apprécier ! De même, ils ne sont pas assez grands pour garder ce sentiment d’exploration bien longtemps. On fait vite le tour si bien que nos premières impressions s’envolent pour ne garder que ce défaut majeur. Le pire, c’est que les missions secondaires (notre prochaine cible) nous demandent de passer et de repasser dans ces zones déjà bien trop connues. Une redondance s’installe, la linéarité se fait sentir. Et ce n’est pas le scénario principal, digne d’un film de série B (mais assumé !), qui apportera cette profondeur manquante.
Les missions secondaires, parlons-en, ces dernières sont d’une nullité abyssale. Aucun effort n’a été fourni dans leur conception. Il faudra se contenter de dialogues médiocres et d’une ligne de mission, genre « retrouver le soldat disparu », « aller chercher le document secret », « tuez l’ingénieur nazi », c’est une aberration sans nom. Pourtant, on note des efforts de la part des développeurs pour masquer ce problème, quelques événements apparaissent sur la carte de manière aléatoire, des collectibles en veux-tu en voilà, ou alors des passages secrets intelligemment dissimulés. Mais ce n’est pas assez.
Pire, certaines décisions bonnes sur le papier viennent en réalité entacher l’oeuvre. On peut ainsi citer les égouts, niveaux souterrains qui sur le papier varient les stages mais en réalité, ces derniers sont une plaie, juste un dédale dans la pénombre sans aucun intérêt.
Wolfenstein: Youngblood prend un virage risqué avec son mode en ligne. Force est de constater que le résultat n’est malheureusement pas au rendez-vous. La faute à un contenu jugé trop faible et une redondance plus qu’accablante. Même si cet opus n’est pas un épisode canonique, il méritait un meilleur traitement de la part des développeurs. Et ce n’est pas la collaboration avec Arkane Studios (donnant une plus-value indéniable sur son level-design) qui arrange les choses.
Le titre pue la flemme à bien des égards et évite l’échec total grâce à son gameplay nerveux et son humour décapant. La perte de vitesse sur cette saga explosive, engendrée par The New Colossus, se confirme. En espérant que Bethesda réagisse et soigne le prochain. La guerre contre les nazis est apparemment loin d’être terminée.
En plus de Wolfenstein: Youngblood, Bethesda sort en parallèle Wolfenstein: Cyberpilot, une expérience VR plutôt réussie comme le précise notre test.